Le chevalier de Mouhy ou le roman comme survie : étude sociopoétique d’un « regrattier » du dix-huitième siècle

The chevalier de Mouhy or the novel as a means to survive : a sociopoetic study of a French “regrattier” in the Eighteenth-Century

• Auteur / Autrice : Marion Bally
• Direction : Florence Magnot-Ogilvy
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Langues, littératures françaises et francophones
• Date : Soutenance le 15/11/2024
• Etablissement(s) : Rennes 2
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'études des langues et littératures anciennes et modernes (Rennes)
• Jury : Président / Présidente : Christophe Martin
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Emmanuelle Sempère, Ugo Dionne
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Antoine Lilti, Aurélia Gaillard

Mots clés

Mots clés contrôlés

Critique et interprétation

Mouhy, Charles de Fieux (1701-1784 ; chevalier de)

Dans la littérature

Valeurs (philosophie)

Opinion publique

Analyse du discours narratif

Champ littéraire

Histoire

Poétique

Mots clés libres

Poétique historique

Champ littéraire

Narratologie

Opinion publique

Valeur littéraire

History and poetics

Literary field

Narratology

Public opinion

Artistic value

Résumé

Le chevalier de Mouhy (1701-1784), qu’on qualifiait au XIXe siècle de « romancier bourbeux », est resté dans l’histoire littéraire comme l’exemple même du « pauvre diable », envers de la figure valorisée de l’homme de lettres, et comme un romancier « moyen » ou un copiste servile. Pour les historiens, il est avant tout la mouche, journaliste-policier sillonnant les rues de Paris, à l’écoute d’une opinion publique populaire en formation. L’œuvre polymorphe de ce journaliste-romancier prolifique, qui vit de sa plume et cherche par une écriture rapide à satisfaire l’avidité croissante de lecteurs à la recherche du scandale et de sensations fortes, n’avait jamais fait l’objet d’une saisie d’ensemble. Aussi était-elle décrite en des termes contradictoires, les critiques relevant à la fois son caractère convenu et sa bizarrerie, tantôt interprétée comme une maladresse, tantôt comme la preuve d’une étonnante modernité. Cette étude propose une lecture sociopoétique du vaste corpus romanesque de Mouhy, produit d’une écriture en situation de survie, qui diffracte à la manière d’un prisme les logiques contradictoires d’un champ littéraire en cours d’autonomisation, et les enjeux d’une poétique romanesque en voie de constitution. Entre l’homme de plume au service des Grands, l’auteur médiatique et le romancier à succès, entre le grand roman baroque et le roman-feuilleton, le chevalier peut être considéré comme un chaînon manquant qui aurait été méthodiquement refoulé pour avoir préféré la publicité à la postérité.

The Chevalier de Mouhy (1701-1784), described in the 19th century as a “muddy novelist”, has remained in literary history as the very example of the “poor devil”, the opposite of the eminent figure of the man of letters, and as an “average” novelist or slavish copyist. For historians, he is above all a mouche, a journalist working for the police, strolling the streets of Paris, capturing the popular public opinion in the making. The miscellaneous work of this prolific journalist-novelist, who lived by his pen and wrote frenetically to satisfy the growing avidity of readers in search of scandal and thrills, had never been the subject of an overall appraisal. As a result, it was described in contradictory terms: the critics pointed out both its conventionality and its oddity, interpreted alternatively as some form of clumsiness or as the evidence of an astonishing modernity. This study offers a sociopoetic interpretation of Mouhy’s novels, written in a situation of survival and diffracting, like a prism, the contradictory logics of a literary field slowly becoming autonomous, and the issues at stake in the constitution of a poetics for the novel. Between the penman bribed by prominent and aristocratic figures, the media-savvy author and the successful novelist, between the great baroque novel and the serial novel by installments, the Chevalier can be considered as a missing link methodically repressed for preferring publicity to posterity.