Thèse en cours

De l'archive à la collection, les ''Portefeuilles Vallant'' : enquête sur un lieu de mémoire littéraire et intellectuel

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Auteur / Autrice : Shangxiu Wu
Direction : Laurence Plazenet
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Inscription en doctorat le 12/09/2021
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....)

Résumé

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L'ensemble qu'on désigne comme les « Portefeuilles Vallant » constitue une exceptionnelle collection manuscrite du XVIIe siècle. Il s'agit d'un ensemble de quinze volumes in-folio reliés et conservés à la Bibliothèque nationale de France sous les cotes FR 17044-17058, dont le contenu a été rassemblé par Noël Vallant (1632-1685), le médecin de la marquise de Sablé, qui lui servit aussi, pendant de nombreuses années, de secrétaire (1658-1678). Un « portefeuille », au XVIIe siècle, est un étui en cuir, souvent de grandes dimensions, formé de deux parties se repliant l'une sur l'autre, qui permet d'archiver des pièces administratives, des documents divers ou des dessins, des gravures, des brouillons d'auteur. Noël Vallant utilisa de tels « portefeuilles » pour garder une extraordinaire variété d'écrits, essentiellement manuscrits, qui transitèrent par le salon de Mme de Sablé. On y trouve ainsi par milliers des billets, des lettres, des notes, des scripts de conversations, des fiches de lecture, des fragments de journal, des livres de comptes, des recettes de cuisine, des ordonnances médicales, des essais, des brouillons. Ils traitent de littérature, de morale, de théologie, de sciences, de gastronomie, d'horticulture, de médecine, etc. Noël Vallant légua à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés ces recueils qui sont un fabuleux miroir de la vie intellectuelle d'un des principaux salons du XVIIe siècle, d'où ils furent transportés à la Bibliothèque nationale après 1789 : à cet égard, leur parcours est identique à celui du Recueil original des Pensées de Pascal. Les Portefeuilles Vallant ont été une mine pour les historiens et les chercheurs depuis le début du XIXe siècle. Ils ont permis, par exemple, à Jacques Truchet et Laurence Plazenet d'éclairer la genèse des Maximes de La Rochefoucauld, dont la complexité était inconnue avant l'usage de nombreuses lettres qui y figurent. Maintes fois utilisés, les Portefeuilles Vallant n'ont cependant jamais fait l'objet en eux-mêmes d'aucune étude. C'est ce à quoi ma thèse de doctorat entend remédier en proposant la première enquête scientifique sur ce continent du savoir classique. Cette exploration doit avoir une triple dimension : archéologique (répertorier et analyser le contenu des Portefeuilles d'une façon exhaustive), littéraire (entrer d'une façon nouvelle dans le milieu intellectuel de Mme de Sablé à l'origine des Maximes de La Rochefoucauld, mais où furent également conçues les Provinciales et les Pensées de Pascal, le traité La Fausseté des vertus humaines de Jacques Esprit, voire La Princesse de Clèves), historique (que signifie exactement la manie collectionneuse de Vallant ? d'où procède-t-elle ? à l'âge des cabinets, d'une première pensée du musée et du lieu de mémoire, comment se situe-t-elle entre ces projets ? que dit-elle de la pensée médicinale dans son rapport avec le reste du savoir contemporain ?). Un tel projet ne saurait manquer d'apporter une contribution essentielle à l'histoire littéraire et à l'histoire des idées à l'âge classique. Par sa relation avec les Jésuites, par son goût de l'encyclopédisme et par sa volonté de comprendre son monde, Vallant contribuera également à une réflexion et à une meilleure connaissance de la culture occidentale et de la culture orientale, telles qu'elles ont pu s'entre-informer sous le règne de Louis XIV.