De l'ascension du magma à l'emplacement des coulées de laves sur le plancher océanique : étude de l'éruption sous-marine de 2018 - 2020 de Fani Maoré (Mayotte, Canal du Mozambique)
Auteur / Autrice : | Pauline Verdurme |
Direction : | Lucia Gurioli, Etienne Médard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Structure et évolution de la terre et des autres planètes |
Date : | Soutenance le 08/11/2024 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences fondamentales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Magmas et Volcans |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Christophe Komorowski |
Examinateurs / Examinatrices : Oryaëlle Chevrel, Carole Berthod | |
Rapporteur / Rapporteuse : Michael Manga, Tracy K.P. Gregg |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le volcanisme sous-marin représente environ 75 % de l'activité volcanique sur Terre. Cependant, en raison de la difficulté d'accès aux éruptions sous-marines, celles-ci restent peu détectées, et rarement observées. Suite à la crise sismique qui a impacté Mayotte (canal du Mozambique) en mai 2018, un événement magmatique prenant racine dans la lithosphère a donné naissance à un volcan sous-marin, Fani Maoré, à 50 km de l'île. Cette éruption sous-marine effusive, qui dura environ deux ans, est la plus importante depuis le Laki (1783), avec plus de 6 km3 de lave basanitique émise à 3300 m de profondeur.Plusieurs campagnes océanographiques ont fourni un grand nombre d'échantillons couvrant l'ensemble des coulées de lave émises entre 2018 et 2020 à des résolutions spatiales et temporelles élevées. Ce jeu d'échantillons provient aussi bien du sommet du volcan que de ses coulées distales, offrant une occasion unique de comprendre les processus à l'origine de cette éruption et de la mise en place d'un volume conséquent de magmas alcalins riches en éléments volatils dans un environnement sous-marin. Pour cela, cette étude combine des observations in situ, des quantifications physiques et texturales des roches, ainsi que des mesures et calculs de viscosité.Cette thèse repose sur une analyse texturale détaillée des vésicules qui met en évidence une variation de texture allant de lave très poreuse (moyenne de 35 %) à de la lave dense (14 %). Ceci résulte d'un dégazage de plus en plus efficace au cours du temps suite à une variation des vitesses d'ascension du magma et du taux d'effusion. En parallèle, l'étude réalisée sur les cristaux (taille, forme et pourcentage) confirme l'absence de phénocristaux dans les laves de Fani Maoré. Cependant, deux populations de cristaux sont mises en évidence : les micro-phénocristaux (>100 µm) et microlites (< 100 µm). D'après les formes squelettiques des micro-phénocristaux, ces derniers se seraient formés lors de l'ascension du magma. En revanche, les microlites observés dans la matrice auraient cristallisés après la mise en place des coulées de lave. Les données texturales, les analyses géochimiques, et les mesures de viscosité ont ensuite été intégrées à des modèles de viscosité à trois phases pour (i) quantifier l'effet des cristaux et des bulles sur la viscosité, et (ii) explorer les variations rhéologiques spatio-temporelles au cours de cette éruption sous-marine. Les résultats démontrent qu'un changement rhéologique s'est produit, conduisant à une évolution de la dynamique de mise en place des coulées de lave.Cette thèse fournie donc des contraintes critiques sur (i) les processus de dégazage et de cristallisation dans le temps et l'espace, et (ii) l'évolution temporelle de la rhéologie de la lave qui a eu un impact sur l'emplacement des coulées au cours de cette éruption sous-marine majeure. Enfin, l'intérêt scientifique de cette étude met en avant la nécessité de caractériser un tel site éruptif car, dans le futur, des éruptions pourraient à nouveau se produire le long de la chaîne volcanique sous-marine de Mayotte.