La chose et le possible. Science et métaphysique d'Henri de Gand et Godefroid de Fontaines à Duns Scot
Auteur / Autrice : | Alessandro Passera |
Direction : | Kristell Trego |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2021 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Lettres, Langues, Sciences humaines et Sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Philosophies et Rationnalités |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La chose et le possible. Science et métaphysique d'Henri de Gand et Godfrey de Fontaines à Duns Scot Mon projet de recherche « La chose et le possible. Science et métaphysique d'Henri de Gand à Duns Scot et Godfrey de Fontaines » s'interroge sur le croisement entre l'héritage aristotélicien et celui avicennien au sein des trois grandes métaphysiques de la période scholastique. Pour cela faire, je voudrais me servir d'une méthodologie d'analyse nouvelle, fondée sur l'étude des autorités. L'idée est d'analyser l'usage du lexique du possible à partir d'une étude sur les auctoritates en question. Tout au long des uvres majeurs des auteurs en question il faudra d'un côté repérer et étudier les passages qui interpellent le dynaton aristotélicien dans ses possibles traductions latines et de l'autre côté il faudra retrouver les lieux où apparait le lexique de la res avicennienne. L'approche méthodologique de ce projet se constitue un prolongement et un perfectionnement de l'outil développé dans mes mémoires, dans lesquelles il a été montré, par exemple, que Duns Scot cite directement l'Avicenna Latinus 1,5 31-32 quinze fois (sur un total d'environ 250 citations qui font recours au nom Avicenna,ae). La comparaison des données a mis en évidence que chaque citation est formellement distincte des autres. Cela nous a permis de montrer que la théorie qui structure la pensée avicennienne se plie à l'intellect et à la volonté du philosophe : dans le cas en question il semblerait que Duns Scot, à travers le lexique avicennien arrive à se défaire d'une certaine tradition ontologique aristotélicienne et à fonder ainsi une métaphysique nouvelle, ou du moins un nouveau sens de la res apparaît chez lui. Soit Duns Scot, que Godefroi de Fontaines bâtissent leurs métaphysiques à partir d'une critique de la distinction henricienne de la res entre res a reor reris et res rata. Cette distinction est construite sur les deux sens de possibles contenus dans le mot « res ». D'un côté, proche de la théorie avicennienne de l'essence, la res a reor reris est le pur concevable, c'est-à-dire une définition qui est purement possible indépendamment de l'être et répose donc sur ce qu'on peut appeler le possible logique. De l'autre côté, plus proche à la tradition aristotélicienne, la res rata est la chose qui, certifiée par l'intellect divin peut concrètement exister. La res rata est donc liée à ce qu'on peut appeler le possible ontologique, car elle est toujours en relation avec l'être de Dieux. Nous avons donc deux significations de la chose, les deux liées aux significations du possible. Le problème majeur de la théorie henricienne est la présence de deux types de res, que, comme l'a montré O. Boulnois dans ses études, sont concurrentielles dans la fondation de sa Métaphysique. Il est en fait impossible établir quelle, entre rer a reor reris et res rata, soit la vraie essence au fondement de la métaphysique. Ce que je voudrais montrer est que soit Duns Scot, que Godefroi de Fontaines créent leurs théories en choisissant l'une de deux possibilités, en éliminant de facto l'autre Duns Scot choisit et semble extrémiser la théorie avicennienne de la chose : la res est le pur définissable, sans aucun rapport avec l'être. Les essences ne répondent qu'à un principe logique et leur possibilité est uniquement logique. Godefroi de Fontaine, semble choisir une théorie de l'essence proche au possible aristotelicien. Pour Godefroi la res est toujours en relation avec l'être divin, dont elle dépende pour pouvoir être. En ce cas à la res correspond un possible ontologique. Ce qui est intéressant est que Godefroi semble construire sa théorie à partir du lexique avicennien de la chose, qui semble désormais s'imposer comme un des langage clef de la métaphysique. En conclusion, l'objectif de mon projet est d'étudier l'évolution de l'héritage avicennien dans son croisement avec la tradition aristotélicienne dans trois auteurs majeurs de la scholastique, en m'appuyant sur l'instrument de l'analyse des auctoritates ; et en même temps montrer comme chacune de ces théories constitue un unicum originel da sa propre constitution théorethique, c'est-à-dire comme une pensée indépendante des sources dont elle puise pour se manifester. BIBLIOGRAPHIE Avicenne, Liber de philosophia sive Scientia divina, a cura di S. Van Riet, Louvain, Leyde, 1977 Bianchi L. (a cura di), Les Auctoritates Aristotelis, leur utlisation et leur influence chez les auteurs médiéveaux. État de la question 40 ans après la publication, Fédération Internationale des Instituts d'Études Médiévales, 2015 Boulnois O., Être et representatio, PUF, coll. 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