Thèse en cours

Ressources naturelles, gouvernance et qualité des institutions, et financement du développement dans les pays en développement

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Auteur / Autrice : Neerbewendé Pafadnam
Direction : Samuel Guerineau
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences Economiques
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Economiques, Juridiques, Politiques et de Gestion
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes et de Recherches sur le Développement International

Résumé

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Le secteur extractif est de première importance pour de nombreux pays en développement. Rien que l'annonce d'une découverte importante de gisement de pétrole se répercute sur toute l'économie, avec un effet d'anticipation significatif sur le compte courant, à travers les canaux de l'investissement et de l'épargne (Arezki et al., 2017). Toutefois, l'abondance en ressources ne représente pas toujours une bénédiction pour ces pays (Van der Ploeg, 2011). Sachs et Warner (1995) ont mis en évidence l'existence d'une relation négative et significative entre l'abondance en ressources naturelles et la croissance économique, qualifiée de phénomène de 'malédiction des ressources'. Ce phénomène peut se manifester par le syndrome hollandais (Corden et al., 1982) ou à travers les conflits autour des rentes (Collier et Hoeffler, 2004). Mais les déterminants majeurs de la malédiction des ressources sont les problèmes institutionnels et de gouvernance tels que la faible qualité des institutions (Sala-i-Martin et Subramanian, 2008) ou encore la corruption (Bhattacharyya et Hodler, 2010; Arezki et Brückner, 2011), répandus dans ces pays où les dirigeants, du fait de la faiblesse des institutions, s'approprient les rentes tirées des ressources naturelles et les utilisent pour acheter les opposants, en appliquant la stratégie du 'diviser pour régner' (Acemoglu et al., 2004). La qualité des institutions est un déterminant majeur du développement économique (Acemoglu et al., 2001). L'amélioration de la qualité des institutions conditionne l'efficacité des booms de recettes extractives (Robinson et al., 2006). Les États qui profiteront des rentes extractives pour le financement de leur développement sont ceux disposant d'institutions de qualité (Mehlum et al., 2006). Les politiques de promotion de la transparence et de lutte contre la corruption accroissent la redevabilité des dirigeants envers la population (Acosta, 2013), augmentent les coûts liés aux épisodes de corruption, et constituent donc un instrument de lutte contre la mauvaise gouvernance (Kolstad et al., 2009). Les travaux sur la malédiction des ressources ont favorisé l'émergence d'institutions budgétaires et d'organisations internationales. Comme cadre budgétaire, nous pouvons retenir les fonds souverains, qui sont des fonds d'investissement appartenant à des pays, constitués des recettes excédentaires (provenant surtout des recettes tirées des ressources naturelles), investis dans des actifs divers dans d'autres pays (Mohaddes et al., 2017), et agissent comme des contraintes pesant sur le budget disponible. Parmi les organisations internationales de promotion de la transparence et de lutte contre la corruption, l'Initiative pour la transparence dans les Industries Extractives (ITIE), créée en 2003, est la plus connue et la plus influente dans le secteur extractif, mise en oeuvre à l'échelle des États (Lujala, 2018). Le Kimberley Process, créé en 2003, est une autre initiative majeure pour une meilleure gouvernance mondiale dans le secteur du diamant (Le Billion, 2011). Ces institutions ont pour objectif d'améliorer la gouvernance, la qualité des institutions et la responsabilité des États, dans le but de favoriser une croissance économique durable et la réduction de la pauvreté et des inégalités de revenus dans les pays riches en ressources naturelles. La thématique des ressources naturelles est d'actualité avec le conflit russo-ukrainien. Avec les sanctions économiques occidentales imposées à la Russie, pourtant principal fournisseur de pétrole et de gaz à l'Europe (Harsem et al., 2013), les pays européens devront trouver d'autres sources d'approvisionnement. Les pays en développement riches en ressources naturelles devraient bénéficier d'investissements importants de la part des occidentaux non seulement dans les ressources standard comme le pétrole et le gaz, mais aussi dans les ressources rares pour la transition écologique. Les notions de gouvernance et de qualité des institutions dans ces pays joueront un rôle important dans l'attractivité de ces investissements étrangers. Compte tenu de l'importance des ressources naturelles et de la gouvernance dans le secteur extractif, cette thèse s'intéresse aux pays en développement riches en ressources naturelles et analyse des questions qui n'ont pas encore été traitées dans la littérature sur les ressources naturelles, tout en évaluant l'efficacité des instruments institutionnels et budgétaires à favoriser une meilleure gestion des rentes extractives et leur contribution effective au financement du développement. Cette thèse s'appuie également sur l'utilisation de méthodes économétriques sophistiquées. Le premier chapitre étudie les effets de la mise en œuvre de l'ITIE sur la croissance économique et identifie les principaux canaux de transmission. Le deuxième chapitre s'intéresse aux effets des politiques de promotion de la transparence sur la lutte contre les flux financiers illicites. Le troisième chapitre analyse les effets de la mise en place des fonds souverains sur la composition des dépenses publiques. Enfin, le quatrième chapitre traite de l'impact des rentes extractives sur la qualité de la dépense publique et du rôle de la gouvernance.