Sociopoétique de la vieille fille dans le roman du XIXème siècle
Auteur / Autrice : | Claire Lepinay |
Direction : | Pascale Jonchiere |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 23/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse vise à étudier les représentations littéraires du type social de la vieille fille. L'expression « vieille fille » est employée dès le XVIIIe siècle. Le Grand Dictionnaire Universel Larousse du XIXe siècle propose la définition suivante : « Vieux garçon, vieille fille, Homme, Femme qui sont arrivés à un âge avancé sans se marier : Beaucoup de VIEILLES FILLES se jettent dans l'affection des animaux, faute d'autre issue. (H. Taine) ». L'entrée en littérature de la vieille fille semble être l'expression littéraire des tensions et des craintes qui animent la société du XIXe siècle. La marginalité de ce type social donne lieu à un stéréotype que l'on retrouve dans l'iconographie et les Physiologies littéraires qui caricaturent le type de la vieille fille. Ces modalités de représentation sont reprises dans les romans qui typifient et individualisent à la fois les vieilles filles. Cette étude se concentre sur des uvres romanesques françaises publiées entre 1832 et 1883 et qui placent la figure de la vieille fille au cur de l'intrigue. Notre corpus se veut représentatif et comprend une dizaine de romans de plusieurs auteurs majeurs du XIXe siècle tels que H. de Balzac, J. Barbey d'Aurevilly, J. et E. de Goncourt, G. Flaubert, É. Zola et G. de Maupassant. Quelques constantes telles que l'omniprésence du topos de la vieille fille ignorante et névrotique ou la diabolisation du personnage forment un modèle repoussoir proche du bouc émissaire. Les variantes de milieu, géographique ou social conditionnent les représentations. Les critères de l'âge et du capital conditionnent fortement l'intrigue car ils définissent l'inscription ou non de la vieille fille dans le marché matrimonial. L'étude littéraire de ce type social sera menée dans la perspective sociopoétique (A. Montandon), «un champ d'analyse qui, nourri d'une culture des représentations sociales comme avant-texte, permet de saisir combien celui-ci participe de la création littéraire et d'une poétique». Ainsi, l'étude des uvres romanesques sera enrichie par l'analyse du champ des représentations sociales. L'Histoire sociale et les études de genre complèteront l'étude du contexte. L'ethnocritique (J-M. Privat et M. Scarpa), méthode d'analyse littéraire qui « travaille à articuler poétique du texte et ethnologie du symbolique» sera convoquée dans un second temps car la notion de personnage liminaire permet d'appréhender les fonctions symboliques de la figure de la vieille fille au sein des romans. Cette thèse vise à montrer que l'importance du personnage marginal qu'est la vieille fille dans le roman du XIXe siècle est liée à un moment de transition, qui précède la première vague féministe initiée dans les années 1880. On peut interroger dans cette optique la fréquente diabolisation du personnage de la vieille fille. Je pose l'hypothèse que dans une période de transformation profonde de la société, la désignation de la vieille fille comme bouc émissaire peut être un moyen d'évacuer les peurs relatives aux mutations sociales qui s'annoncent, et qui sont le signe d'un proche accès à l'indépendance des femmes, à qui s'offriront de nouveaux métiers. Le type de la vieille fille fait l'objet de peu d'analyses néanmoins nous recensons quelques articles de critique littéraire publiés au cours des vingt dernières années ainsi qu'un intérêt des chercheurs en Histoire sociale avec l'ouvrage fondateur Madame ou Mademoiselle, itinéraires de la solitude féminine, XVIIIIe-XXe(1984) qui étudie la place particulière des femmes seules, à la fois invisibilisées et surveillées durant les siècles passés mais ne se limite pas aux vieilles filles. Les différentes publications existantes ouvrent la voie vers une étude littéraire qui puisse permettre de mieux comprendre les représentations de ces femmes exclues du système de dépendance sexuelle.