Rôle des canaux TREK1 centraux et périphériques dans la nociception et le prurit
Auteur / Autrice : | Romane Boyer |
Direction : | Stephane Lolignier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie santé |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences de la Vie, Santé, Agronomie, Environnement |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : NEURO-DOL |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La morphine est un opioïde antalgique puissant, mais dont l'effet anti-douleur est largement contrebalancé par des effets indésirables délétères. Ces derniers peuvent être un obstacle à une prise en charge correcte de la douleur (dépression respiratoire dose-limitante, tolérance) et impacter négativement la qualité de vie des patients (constipation, nausées, sédation). La dépendance induite par les médicaments opioïdes est de plus à l'origine d'une crise sanitaire touchant plusieurs pays industrialisés dont la France. Il est donc urgent de proposer des alternatives pharmacologiques aux opioïdes avec un ratio bénéfice/risque amélioré. Notre équipe a précédemment démontré le rôle du canal potassique TREK-1 dans la douleur polymodale [1]. De plus, son activation en aval du récepteur µ opioïdergique est responsable de l'antalgie induite par la morphine sans participer à ses effets indésirables [2]. De même, la spadine, un inibiteur de TREK-1 bloque l'effet antalgique de la morphine chez des souris wild-type [3]. Le riluzole, un activateur non spécifique de TREK-1 montre aussi de bonnes propriétés antalgiques qui sont perdues chez les souris TREK-1 KO [4]. Enfin la preuve de concept la plus importante est apportée par le RNE28, une molécule designée et caractérisée à travers une colaboration avec l'Institut de Chimie de Clermont-Ferrand. Le RNE28 montre de bonnes propriétés antalgiques chez des souris naives et des moodèles iflammatoire et neuropathique [3]. Cet effet est médié par TREK-1, comme montré par l'utilisation de souris TREK-1 KO et de la spadine. Le RNE28 n'induit pas de dépression respiratoire, de constipation, de sédation ou de dépedance. Même si ce composé ne pourra pas aboutir à la synthèse d'un médicament (EC 50 élevé, accepteur de Michael), ce travail constitue une preuve de la possibilité d'isoler les effets bénéfiques de la morphine de ses effets indésirables grâce à l'activation directe de TREK-1. Récemment, d'autres équipes ont aussi reporté un effet atalgique induit par des activateurs de TREK-1 sur des modèles inflammatoire et neuropathique [5] et de migraine [6], renforcant ainsi la validité de la cible. Aujourd'hui, malgré l'accumulation de preuves concernant l'effet antalgique médié par TREK-1, on ne sait pas si ce sont les canaux TREK-1 exprimés dans le système enrveux central (SNC) ou périphérique (SNP) ou les deux qui sont impliqués dans cet effet antalgique. Or, c'est un élément fondalementalement important pour la compréhesion de la douleur et crucial pour le design et l'évaluation de futurs médicaments antalgiques. Il est donc prévu d'étudier l'expression de TREK-1 dans le SNC et SNP, d'évaluer l'effet de l'activation de TREK-1 dans les neurones centraux et périphériques, et d'étudier l'activité antalgique d'activateurs de TREK-1 chez des souris où TREK-1 est totalement délété ou uniquement au niveau des DRG (ganglion de la racine dorsale de la moelle épinière : SNP). Certains aspects de ce travail s'appuient sur un outil génétique : une souris knock-in (KI) TREK-1V5-P2A-CreERT2. 1. Expression de TREK-1 dans les neurones périphériques sensoriels et centraux Nous aimerions clarifier le pattern d'expression de TREK-1 dans le système nerveux (DRG, moelle épinière et différentes régions du cerveau). 2. Effet de l'activation de TREK-1 sur le SNC et SNP Premièrement, nous aimerions explorer la contribution de TREK-1 et l'effet de son activation sur la réponse des neurones sensoriels périphériques à différents stimuli physicochimiques connus pour activer différentes populations neuronales. - De l'imagerie calcique sur des cultures de neurones de DRG sera utilisée pour étudier l'effet de l'activation de TREK-1 sur les réponses neuronales à des stimuli mécanique (osmotique), thermique (chaud, froid), chimique (capsaïcine, menthol et soupe inflammatoire). Nous regarderons comment la délétion de TREK-1 affecte la réponse neuronale et l'effet de l'activation de TREK-1 sur ces réponses. - Pour confirmer les données d'imagerie calcique avec des enregistrements électrophysiologiques dans un contexte plus physiologique, les enregistrements ex vivo nerf peau seront effectués sur des souris WT et TREK-1 KO. La peau de la patte arrière sera exposée au même activateur de TREK-1 (ou véhicule) avant et après application de stimuli mécanique (Von Frey), thermique (chaleur ou froid) et chimique (soupe inflammatoire) pendant que les potentiels d'actions des fibres provenant du nerf saphène seront enregistrés. Ensuite, nous explorerons les conséquences de l'activation de TREK-1 dans le système nerveux central : - De l'imagerie calcique pourra aussi être effectuée sur des tranches de moelle épinière de souris TREK-1 KO vs WT, après stimulation électrique des racines dorales, avant et après perfusion d'un activateur de TREK-1 (même design que pour l'imagerie calcique sur neurones de DRG). 3. Contribution des neurones TREK-1 périphériques et centraux à l'antalgie induite par des activateurs de TREK-1 in vivo L'implication des canaux TREK-1 périphériques et centraux sera étudiée par l'évaluation de la nociception et de la douleur respectivement chez des souris naives et un modèle de douleur inflammatoire, par des tests mécanique et thermique (respectivement Von Frey et Hargreaves). Deux stratégies seront employées: pharmacologie et génétique. - Plusieurs activateurs de TREK-1 seront utilisés et injectés par voie systémique et centrale chez des souris WT. - Pour s'affranchir des biais pharmacologiques potentiels, des souris WT, TREK-1 KO et TREK-1 KO conditionnel (KO resteint aux neurones sensitifs donc au SNP) seront utilisées.