Thèse en cours

« Fais-moi mal mais fais le bien ! » : santé sexuelle et pratique du BDSM en France.

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Auteur / Autrice : Mathilde Huot
Direction : Elise Penalva
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sociologie
Date : Inscription en doctorat le 13/02/2023
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : SDOSE Sciences de la Décision, des Organisations, de la Société et de l'Echange
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IRISSO - Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales
établissement opérateur d'inscription : UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL

Résumé

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BDSM est un terme parapluie formé à partir de trois autres acronymes : « B/D » pour « Bondage et Discipline » (pratiques impliquant des châtiments corporels et des restrictions physiques et sensorielles), « D/s » pour « Domination et soumission » (dynamique relationnelle où une personne Dominante prend le contrôle d'une personne soumise) et « S/M » pour « Sado-Masochisme » (transmutation de la douleur corporelle en plaisir). À l'instar d'autres pratiques sexuelles minorisées, le BDSM a historiquement été catégorisé comme pathologique voire criminel, si bien que les personnes qui s'y adonnent sont, aujourd'hui encore, largement perçues comme déviantes ou perverses. Face à cette stigmatisation, mais aussi en écho avec les divers scandales sexuels qui ont marqué la scène médiatique dont un des plus récents est le #MeToo, les communautés BDSM ont développé une culture très axée sur le consentement et la sécurité. Pour cela, elles ont fait de la gestion des risques inhérents à ces pratiques leur fer de lance, ce qui passe notamment par la promotion de slogans tels que Safe, Sane, and Consensual (SSC) ou, plus récemment, Risk-Aware, Consensual Kink (RACK). Les pratiques et relations BDSM impliquent en effet plusieurs risques que l'on peut ranger dans quatre grandes catégories : les risques infectieux (maladies transmises via les fluides corporels), les risques physiques (blessures, voire décès), les risques psychologiques (non-respect du consentement, emprise) et les risques sociaux (stigmatisation et discriminations). Afin de les prévenir, une multitude de ressources sont produites et mises à disposition des adeptes de BDSM. J'explore, dans le cadre de ma thèse, la manière dont ces connaissances et outils de prévention circulent afin de déterminer qui y a accès et qui, au contraire, en est éloigné·e. L'objectif étant de mettre en lumière les inégalités et les besoins à combler en matière de santé chez les pratiquant·e·s de BDSM en France. Cette recherche s'appuie sur une méthode d'enquête mixte. Les dispositifs classiques de l'enquête ethnographique (observations et entretiens) sont mobilisés afin de nourrir le volet quantitatif qui consiste en une analyse de réseaux (social network analysis). En effet, en ce qu'elle permet d'expliquer les faits sociaux non pas sous l'angle des actions individuelles ou collectives comme le fait traditionnellement la sociologie mais à partir des relations qui existent entre diverses entités, l'analyse de réseaux place au centre de ses réflexions les interactions et les éléments qui sont véhiculés par ce biais, ce qui en fait un outil méthodologique très propice à l'étude des phénomènes de diffusion.