Thèse en cours

Modélisation des interactions horizontales dans le cortex visuel primaire.

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Auteur / Autrice : Faycal Rezaig
Direction : Alain Destexhe
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Inscription en doctorat le 06/03/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Signalisations et réseaux intégratifs en biologie
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Neurosciences Paris-Saclay
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)

Mots clés

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Résumé

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Les connexions horizontales sont extrêmement abondantes dans le cortex cérébral, et avec les connexions locales, elles constituent la majorité des synapses excitatrices reçues par un neurone cortical donné, tandis que les entrées externes (provenant du thalamus) ne représentent que quelques pourcents des synapses. Malgré cette dominance des connexions horizontales et locales, leur rôle est mal compris. Le but de ce projet de thèse est de comprendre, à l'aide de modèles informatiques, le rôle des connexions horizontales dans le traitement de l'information visuelle dans le cortex visuel primaire (V1). Nous construirons des modèles informatiques basés sur des expériences réalisées dans le laboratoire de Diego Contreras (DCL) à l'université de Pennsylvanie (U de Penn), où le paradigme consiste à enregistrer dans plusieurs colonnes de V1, tout en présentant différents types d'entrées visuelles à l'animal. Les expériences peuvent contrôler l'"état cérébral" de l'animal, allant des états asynchrones aux états oscillatoires (oscillations gamma). En modulant de manière indépendante le stimulus et l'état du réseau, les expériences vont cartographier la relation entre l'état du réseau et la propagation de l'information visuelle à travers les colonnes du cortex visuel, via les connexions horizontales. Des modèles informatiques seront construits à partir de ces données expérimentales, ainsi que des informations anatomiques détaillées disponibles pour V1 chez les chats et les furets. Nous utiliserons des modèles de réseaux de colonnes corticales, ou de multiples colonnes organisées en 2D, et connectées via des connexions horizontales. Comme les données permettent un contrôle indépendant de l'état du réseau et de l'entrée horizontale, elles fourniront des informations sans précédent pour construire des modèles informatiques précis. Les modèles seront contraints en fonction de mesures de potentiels post-synaptiques, de propriétés de décharge neuronale, de corrélations neuronales et de la distribution d'entrée synaptique dans le cortex sous deux états de réseau. Les modèles permettront de comprendre de manière paramétrique le rôle des propriétés cellulaires et de réseau, et de générer des prédictions expérimentalement testables. La modélisation sera effectuée progressivement en quelques étapes. Dans un premier temps, nous utiliserons des modèles de réseaux existants pour les états d'asynchronisme et d'oscillation gamma, et nous ajusterons ces modèles aux expériences. L'objectif ici est de reproduire l'état du réseau aussi précisément que possible, de sorte qu'il puisse être utilisé comme une colonne corticale de référence plus tard. Dans un second temps, le modèle sera ajusté aux réponses évoquées, également basées sur des expériences. Reproduire la réponse évoquée par la même entrée dans différents états du réseau est une indication très forte que le modèle fournit des prévisions correctes. Dans un troisième temps, nous étendrons le modèle à plusieurs colonnes corticales. Ici, nous utiliserons des expériences où une colonne est enregistrée pendant qu'une autre colonne reçoit l'entrée visuelle, de sorte que la réponse de la colonne enregistrée est uniquement due aux connexions horizontales. Ici encore, le modèle sera soigneusement comparé aux expériences pour reproduire les différentes réponses observées pour différents états du réseau et entrées visuelles. Un modèle de champ moyen sera conçu à partir du modèle à spikes, afin de nous permettre de nous étendre à de grandes échelles. À la fin, nous visons à obtenir un modèle à plusieurs colonnes de V1 avec des interactions horizontales correctes et une dépendance de l'état du réseau. Nous tenterons également de généraliser ces résultats pour les extrapoler vers d'autres zones corticales, et obtenir une théorie générale du traitement de l'information dans le cortex cérébral via les connexions horizontales. Dans ce projet, il y aura un échange continu entre les expériences (au DCL) et la modélisation, le modèle formulera des prévisions qui seront directement testées au DCL, ce qui aboutira au raffinement du modèle. Cette boucle expérience-modèle sera utilisée pour obtenir un modèle qui correspond finement aux expériences. Cet échange entre les deux laboratoires sera soutenu par des visites entre les expérimentateurs et les modélisateurs computationnels. Enfin, si le temps le permet, nous identifierons également les paramètres critiques qui peuvent faire dérailler le système. Par exemple, un choix évident est d'altérer l'inhibition, ce qui peut entraîner un comportement aberrant qui sera testé expérimentalement (en activant ou en faisant taire (silencing) par optogénétique des neurones inhibiteurs, par exemple). Diverses drogues tels que l'alcool, le propofol ou les barbituriques altèrent également l'inhibition et ont également des effets importants sur la vision. La prédiction de ces effets peut être faite avec le modèle computationnel, et plus tard testée expérimentalement en utilisant les mêmes drogues.