Expérience et Réalité : Sur les traces de Gilles Deleuze
Auteur / Autrice : | Paul Dablemont |
Direction : | Saverio Ansaldi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/03/2023 |
Etablissement(s) : | Reims |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales (Reims ; 2012-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre interdisciplinaire de recherche sur les langues et la pensée (Reims, Marne) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Pour les modernes, la question de l'expérience commence par la question du sujet ; l'expérience débute par un retour sur soi, une exclusion de ce qui nous entoure avant une élévation de la subjectivité au transcendantal impliquant une relation de dépendance de l'objet au sujet. En élargissant cette idée, le monde entendu comme un tout contenant l'ensemble des existants se trouve dans une forme de subordination vis-à-vis du sujet. Si des versions privilégiant une relation plus équilibrée entre sujet et objet (n'impliquant donc pas de dépendance) ont été pensées, il subsiste malgré tout cette difficulté de ce qui unit le sujet au monde le sujet à la réalité donc lien qui ne semble s'effectuer que par l'intermédiaire de l'expérience. Ma question de recherche semble donc tout à fait naturelle et légitime : la réalité peut-elle être envisagée hors d'une relation de causalité avec l'expérience que nous faisons du monde ? Cela revient à demander s'il existe une possibilité de penser la réalité hors de cette expérience mondaine du sujet. Cette problématique, si elle force à positionner réalité et expérience, exige de reconsidérer comme Deleuze nous le demande l'idée de sujet comme condition de possibilité de l'expérience. Deleuze ne voit-il pas justement dans l'expérience un nouveau transcendantal condition de possibilité d'une subjectivité rhizomatique ? Pourrait-on alors considérer l'existence d'une expérience pré-subjective ? Alors le rapport expérience et réalité s'en trouverait complètement renversé. Parallèlement à cette recherche conceptuelle, une question d'histoire de la philosophie se profile : en effet, on s'attend dans ce cas de figure à devoir renouveler l'étude du lien Deleuze-Kant sur la base de l'exemple de celle conduite par Anne Sauvagnargues dans *Deleuze. L'empirisme transcendantal*. Il semble pourtant que la conception deleuzienne de l'expérience révèle des lignes plus profondes et moins apparentes : un certain rapport à la phénoménologie que Deleuze cite très peu dans son uvre (particulièrement Husserl, Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty) mais aussi au pragmatisme (James, Dewey) et l'importance critique de Whitehead, même si l'approche de celui-ci reste de seconde main (par Jean Wahl notamment). Deleuze réaliserait alors une magnifique « synthèse de l'hétérogène » conceptuelle en réunissant dans sa philosophie des courants aussi disparates. La question à poser est donc celle-ci : Kant ne servirait-il pas d'écran conceptuel afin de masquer ces influences plus essentielles ?