Thèse en cours

Conception et évaluation des effets d'un programme d'intervention visant à favoriser la motivation autodéterminée des personnes concernées par un accompagnement de professionnels en travail social

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Auteur / Autrice : Samuel Garnier
Direction : Damien TessierRebecca Shankland
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : MCA - Mouvement et Comportement pour la santé et l'Autonomie
Date : Inscription en doctorat le 10/02/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sport et Environnement Social
Equipe de recherche : MAP : Motivation pour les Activités Physiques et Sportives : un enjeu de santé publique

Résumé

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TITRE : Conception et évaluation des effets d'un programme d'intervention visant à favoriser la motivation autodéterminée des personnes concernées par un accompagnement de professionnels en travail social RESUME : Les droits des personnes accompagnées pour des raisons sociales, médico-sociales ou de santé ont considérablement évolué lors des deux dernières décennies sous l'effet des nouvelles connaissances en sciences humaines notamment dans le champ de l'éducation, de la santé, des sciences sociales et des sciences du développement. Denis Piveteau, conseiller d'état, à la demande du 1er ministre, a réalisé un rapport sur le travail social en 2022 avec les acteurs de la solidarité, les Conseils départementaux et les partenaires sociaux précisant que « choisir un métier du travail social c'est se donner le pouvoir d'agir avec les personnes que l'on accompagne pour faire advenir une société inclusive ». Le rapport porte l'attention sur le fait que « le développement du pouvoir d'agir, qualifié aussi d'empowerment ou d'autodétermination, loin d'être le dernier concept à la mode pour l'accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité, se posait en réalité en matrice globale du travail social d'accompagnement. Par construction, il conduit chaque acteur à interpeller toute la société qui l'environne ». Ces droits évoluent pour tous les publics pour une même dynamique d'émancipation des publics, comme le public des personnes en situation de handicap. Cette évolution tient son origine sur la pression des politiques internationales sur la politique française. En août 2021, le comité des droits des personnes handicapées des Nations-Unies a auditionné la France sur la mise en œuvre de la convention internationale des droits des personnes handicapées. Si l'engagement politique de la France en matière de handicap a pu être réaffirmé au cours de l'audition, les échanges entre le comité onusien et la délégation française ont permis d'affirmer la volonté de la France de poursuivre la dynamique de transformation. Pour atteindre le plein accès aux droits et la complète autonomie des personnes, la France va donc accélérer des chantiers tels que l'accessibilité universelle, la pleine participation des personnes en situation de handicap aux décisions qui les concernent ainsi que les enjeux liés à la désinstitutionalisation. Intégrer les concepts du développement du pouvoir d'agir et d'autodétermination L'ensemble de cette politique publique française ayant toujours comme fil conducteur d'être au plus près des choix de vie des personnes. Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Personnes handicapées, le 14 septembre 2022, assure de son côté avoir pour boussole « l'autodétermination » et promet que c'est la volonté des personnes en situation de handicap et leur famille qui orientera sa politique. Parvenir à une véritable société du choix est le fil rouge qui guide les actions menées par l'ensemble du Gouvernement. Cet accompagnement vers l'autodétermination des personnes est ainsi au cœur de la réforme des institutions du social et du médico-social qui a pu être présentée durant l'audition. Ce plan d'action vient fluidifier la vie professionnelle en donnant la capacité aux personnes d'évoluer dans une logique de parcours. De la naissance au grand âge, l'autonomie, le pouvoir d'agir et la pleine participation des personnes sont au cœur de la politique et de l'action publique de la France pour simplifier et améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap dans une société toujours plus inclusive. Favoriser l'autodétermination des personnes accompagnées La théorie de l'autodétermination (Deci & Ryan, 2002 ; voir Sarrazin et Trouilloud, 2006 pour une présentation de ces travaux en langue française) a été très présente ces 20 dernières années notamment dans le cadre motivationnel des élèves dans un contexte scolaire. Dans le modèle médical et social, nous retrouvons actuellement cette tendance dans les politiques publiques présentées ultérieurement. Selon cette approche, une motivation est dite « autodéterminée » quand l'activité est réalisée spontanément et par choix. La théorie de l'autodétermination (TAD) est une théorie de la motivation et de la personnalité qui s'intéresse tout particulièrement aux caractéristiques de l'environnement social favorisant l'autodétermination de l'individu. Pour les personnes en situation de handicap, plusieurs études ont démontré qu'elles ont rarement l'occasion de choisir et de décider de leur lieu de travail, de résidence et de leurs loisirs. Le soutien alors à l'autodétermination de ces personnes constitue un enjeu majeur au cœur des pratiques d'accompagnement. Si tous s'accordent sur l'importance de promouvoir ce droit en contexte inclusif, des interrogations demeurent quant aux moyens à utiliser pour contribuer effectivement à l'épanouissement personnel (Geurts, Rinaldi, Franquet, Haelewyck, 2020). La thèse vise alors, dans ce contexte, à édifier un soutien aux institutions du social, du médico-social et de la santé et modéliser une formation pour les professionnels favorisant l'autodétermination des personnes accompagnées. Une formation pour les professionnels de l'action sociale Dans le cadre des politiques libérales, la pratique du travail social est questionnée. Les Travailleurs Sociaux sont à la recherche d'une nouvelle reconnaissance, d'une nouvelle légitimité (Alix, 2020). Impactés par des logiques gestionnaires, par une politique du moindre coût et de la performance, l'activité se trouve influencée par des déterminants de plus en plus nombreux, compte tenu de la complexité des situations de travail (Goethals et Demarey, 2013). Elle conduit à un épuisement émotionnel et professionnel en raison des situations difficiles rencontrées sur leurs lieux de pratique (Collins, Coffey, & Morris, 2010). Il convient de soutenir la réflexivité des travailleurs sociaux et leur posture d'accompagnement. Pour cela il semble pertinent de les recentrer sur les fondamentaux du travail social et de répondre au mieux à la définition du travail social adoptée par le Haut conseil du 23 février 2017 : « Le travail social s'appuie sur des principes éthiques et déontologiques, sur des savoirs universitaires en sciences sociales et humaines, sur les savoirs pratiques et théoriques des professionnels du travail social et les savoirs issus de l'expérience des personnes concernées, dans un processus de co-construction(…) Il se fonde sur la relation à l'autre, dans sa singularité et le respect de sa dignité. Il vise à permettre l'accès effectif de tous à l'ensemble des droits fondamentaux et à assurer la place de chacun dans la cité (…) » Dans un but d'émancipation, d'accès à l'autonomie, de protection et de participation citoyenne, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, la transformation sociale, le développement social, la cohésion de la société. Il participe au développement du pouvoir d'agir des personnes et des groupes dans leur environnement. En cohérence avec la définition internationale du travail social (IASSW, 2014), et défini au niveau national, le travail social se décline sur les territoires dans le respect des principes généraux énoncés. Sur le territoire du département de l'Isère, nous tenterons de soutenir les Institutions en Travail social, médico-social et de la santé au niveau des plus grands employeurs et de leurs professionnels pour réaliser le développement du pouvoir d'agir des personnes, de leur autodétermination et des groupes dans leur environnement. Cette recherche tentera d'étudier également les effets de la posture des professionnels sur les personnes concernées au niveau des besoins psychologiques fondamentaux : Autonomie, Compétence et Appartenance. Méthodologie La démarche : nous constituerons plusieurs groupes de professionnels. Nous les formerons à la théorie de l'autodétermination tandis qu'un groupe sera formé à une autre approche et un dernier groupe ne bénéficiera pas de formation. Nous réaliserons également une recherche exploratoire sur les retours des participants au programme concernant leur perception de celui-ci à suivre en autonomie ce qui permettrait d'avoir une amorce de précisions concernant la faisabilité du programme en question. • Echantillon : Travailleurs sociaux (Sw) en Institution ou d'un service. • Programme suivi : formation pour les Sw pour favoriser le DPA des personnes accompagnées. • Variables : • VI : Suivi du programme • VD : Mesure de l'évolution des compétences émotionnelles (Questionnaire Profil de Compétences Émotionnelles) • VD : Mesure (Questionnaire Pouvoir d'agir) • VD: Mesure du bien-être psychologique Étape1- Entretiens semi-directifs avec Sw volontaires et Cadres • Objectifs: Recueillir des informations qualitatives /Recueillir des informations hétéro-rapportés /Recueillir des informations sur les usagers d'un point de vue extérieur concernant le pouvoir d'agir, leur sentiment de compétences, d'autonomie et d'appartenance / Recueillir des informations sur l'évolution relation SW-usagers. • Format: Entretiens semi-directifs d'environ 1 heure en duo (SW + 1 psychologue) guidés par une grille d'entretien pour l'intervieweur. Étape2-Questionnaire pouvoir d'agir et besoins psychologiques fondamentaux pour un échantillon d'usagers • Objectifs : Recueillir des informations quantitatives /Recueillir des informations en auto-administration / Recueillir un score concernant leur sentiment de pouvoir d'agir, de compétence, d'autonomie et d'appartenance à un temps T • Format :Installation d'un « stand » dans une salle où les usagers sont convoqués pour venir remplir les questionnaires par petit groupe de 4-5 afin de faciliter et veiller aux bonnes conditions de la passation des questionnaires. Étape 3 - Focus group avec quelques personnes concernées (usagers) • Objectifs : Ouvrir la parole aux usagers sur les sujets abordés dans les questionnaires / Recueillir des informations qualitatives /Profiter des dynamiques de groupes pour faire émerger des nouveaux questionnements à développer • Format : Installation dans une salle ou dans un espace tranquille pour faire émerger une discussion entre un petit groupe d'usagers. Ce temps sera porté par 1 ou 2 psychologues qui guidera(ont), lorsque nécessaire, la discussion. Bibliographie Bandura, A. (2003) Auto-efficacité : Le sentiment d'efficacité personnelle : « Self-efficacy », (trad. Jacques Lecomte), Paris, De Boeck. Beauvois, J.L. et Joule, R.V. (1981) Soumission et idéologies. Paris, PUF. Beauvois, J.L. ; Mugny, G. ; Oberle, D. (1995) La Psychologie Sociale : Relations humaines, groupe et influence sociale. Grenoble, PUG. Geurts, H. ; Rinaldi, R. ; Franquet, A. ; Haelewyck, M.C. (2020) Autodétermination et déficience intellectuelle : quels enjeux et quels défis pour les pratiques de soutien ? Toulouse, Erès. Lévi-Strauss, C. (1962) La pensée sauvage, Paris, Plon. Milgram, S. (1997) Soumission à l'autorité : un point de vue expérimental, Paris, Calmann-Lévy. Morin, E. (2000) Les 7 savoirs nécessaires à l'éducation du futur, Paris, Seuil. Morin, E. (2005) Introduction à la pensée complexe, Paris, Le Seuil. Kotsou, I., Farnier, J., Shankland, R., Mikolajczak, M., Quoidbach, J., & Leys, C. (2022). Développer les compétences émotionnelles en 8 séances. Paris : Dunod Mikolajczak, M. (2014). Les compétences émotionnelles. Paris: Dunod. Sarrazin, P., Pelletier, L., Deci, E. L. & Ryan, R. M. (2011). Nourrir une motivation autonome et des conséquences positives dans différents milieux de vie : les apports de la théorie de l'autodétermination. Dans C. Martin-Krumm, C. Tarquinio, Traité de psychologie positive (pp. 273-312). Bruxelles : De Boeck. Shankland, R., Benny, M. & Bressoud, N. (2017). Promotion de la santé mentale : les apports de la recherche en psychologie positive. La Santé en Action, 439, 17-19. Shankland, R. & Rosset, E. (2016). Review of Brief School-Based Positive Psychological Interventions: a Taster for Teachers and Educators. Educational Psychology Review, 1-30. Smith, N., Tessier, D., Tzioumakis, Y., Quested, E., Appleton, P., Sarrazin, P., … Duda, J. L. (2015). Development and validation of the multidimensional motivational climate observation system. Journal of Sport and Exercise Psychology, 37(1), 4-22. Tessier, D., Shankland, R., Imbert, B. & Muir-Pouille, A. (2017). Promouvoir la motivation et le bien-être à l'école.