Succès épidémiologique des pathogènes opportunistes du genre Achromobacter : étude des facteurs de virulence et de persistance
Auteur / Autrice : | Vincent Jean-pierre |
Direction : | Héléne Marchandin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | BDI-Biotechnologie, Microbiologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/11/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : HSM - Hydrosciences Montpellier |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le genre Achromobacter comprend des bacilles à Gram négatif qui sont largement distribués dans l'environnement, principalement hydrique. Ce sont également des bactéries pathogènes de l'Homme causant des infections principalement chez les patients immunodéficients et les patients atteints de mucoviscidose. Au cours de la mucoviscidose, les bactéries du genre Achromobacter ont notamment la capacité de persister de nombreuses années dans le tractus respiratoire des patients grâce au développement de nombreux traits adaptatifs ; elles sont actuellement considérées comme des pathogènes émergents chez ces patients. Au sein de ce genre bactérien, l'identification des différentes espèces requiert des méthodes spécifiques qui ne font jusqu'alors pas partie des méthodes utilisées en routine (amplification et séquençage du gène nrdA, approche de MultiLocus Sequence Typing). Si l'espèce A. xylosoxidans est décrite comme la plus fréquemment isolée en contexte clinique, les spécificités des différentes espèces au sein du genre demeurent à ce jour largement méconnues, notamment en termes d'habitat, de capacités adaptatives et de pouvoir pathogène mais aussi de contenu en facteurs de virulence et gènes de résistance aux antibiotiques malgré quelques publications récentes sur des espèces moins fréquemment identifiées (A. mucicolens ou A. insuavis par exemple). Les travaux de l'équipe PHySE sur des collections de souches d'Achromobacter d'origine clinique et environnementale ont notamment montré la diversité des processus adaptatifs des bactéries de ce genre bactérien et pour la première fois : 1) des capacités compétitives spécifiques de certaines souches d'Achromobacter envers d'autres pathogènes d'origine environnementale comme Pseudomonas aeruginosa, 2) la capacité de ces bactéries à produire des sidérophores, facteurs de virulence majeurs permettant aux bactéries de capter le fer indispensable à leur prolifération, 3) des caractéristiques, notamment la capacité à former du biofilm mature, qui diffèrent selon l'espèce et l'origine des souches d'Achromobacter (environnementale, clinique : mucoviscidose ou non). Le sujet de Doctorat proposé s'inscrit dans la poursuite de ces travaux et comprend : 1- L'investigation de caractéristiques jusqu'alors inconnues des bactéries du genre Achromobacter avec : - la caractérisation des sidérophores produits : type et diversité des sidérophores produits selon l'origine des souches : environnementale ou clinique (mucoviscidose ou autre patient). Ces caractéristiques en termes de production de sidérophores seront reliées à la sensibilité / résistance des souches au céfidérocol, un antibiotique sidérophore afin de tester l'hypothèse d'une sensibilité accrue vis-à-vis de cet antibiotique des souches fortement productrices de sidérophores. - l'étude du protéome et de l'exoprotéome de souches d'Achromobacter mais aussi étude de leur évolution lors de la primocolonisation d'un patient (passage d'un mode de vie libre dans l'environnement à la niche pulmonaire humaine, phase d'adaptation initiale) puis de la persistance (évolution au cours de plusieurs années de colonisation, mécanismes d'adaptation au long cours). - la caractérisation des capacités d'adhésion de souches d'Achromobacter d'origines diverses et l'étude de l'effet d'antibiotiques sélectionnés pour leur utilisation chez les patients sur cette phase précoce de la formation du biofilm encore appelée antibiofilmogramme. - enfin, les capacités compétitives envers d'autres microorganismes très présents dans l'environnement mais également capables d'infecter certains patients dont ceux atteints de mucoviscidose seront étudiées via l'exploration des interactions entre les bactéries du genre Achromobacter et les champignons filamenteux du genre Aspergillus. 2- Parallèlement seront conduits des travaux afin de mieux caractériser l'habitat des différentes espèces d'Achromobacter et les communautés les hébergeant dans le but de mieux connaitre les sources de contamination des patients et les déterminants de la transmission environnement-patient. Pour cela, deux axes de travail sont envisagés : - l'analyse des métadonnées associées aux séquences déposées dans différentes bases de données : à l'heure actuelle des données génétiques et/ou génomiques sont disponibles dans ces différentes bases de données pour environ 1400 souches, l'analyse de cette information non accessible via l'étude de la littérature permettra une caractérisation la plus exhaustive possible, comparativement aux données actuellement disponibles, de la diversité génétique et des sources d'isolement des bactéries du genre Achromobacter et permettra donc d'accroître les connaissances sur l'habitat des différentes espèces et leur implication chez l'homme. - afin de mieux comprendre les déterminants de la transmission environnement-patient au cours de la mucoviscidose, nous souhaiterions également considérer les bactéries du genre Achromobacter au sein des communautés bactériennes dans lesquelles elles sont détectées. Pour ce faire, des analyses métagénomiques des communautés environnementales seront conduites (environnement proche du patient, environnement hospitalier et environnement communautaire distant du patient) et comparées à la communauté microbienne présente dans les voies respiratoires du patient afin de caractériser d'éventuels réseaux de cooccurrence de microorganismes permettant l'établissement durable d'Achromobacter au sein d'une communauté et favorisant ainsi l'exposition des patients à ces bactéries pathogènes opportunistes. Les résultats de ces différentes parties du Doctorat seront reliées aux données cliniques et thérapeutiques et viendront compléter les connaissances actuelles sur les bactéries du genre Achromobacter permettant de contribuer à une meilleure compréhension de leurs avantages sélectifs à l'origine de leur émergence en pathologie humaine et particulièrement chez les patients atteints de mucoviscidose.