Création numérique, inclusion et empouvoirement des personnes autistes
Auteur / Autrice : | Yasmine Guittard |
Direction : | Amos Fergombé |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Arts : plastiques, spectacle, musique, esthétique, sciences et histoire de l'art |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2021 |
Etablissement(s) : | Valenciennes, Université Polytechnique Hauts-de-France |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes, Nord ; 2021-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de recherche sociétés et humanités (Valenciennes, Nord ; 2021-....) |
Résumé
Invisibilisées et marginalisées, les personnes autistes sont souvent l'objet d'un regard à la fois pathologisant et stigmatisant en raison de leurs conditions neurologiques. De nouvelles études, mais aussi la prise de parole progressive des personnes militant pour le droit et la dignité des personnes autistes ont permis la remise en question de la normalisation et de la pathologisation de l'autisme. La maîtresse de conférence Julie Dachez «plaide pour le changement social plutôt que pour la psychiatrisation des personnes [autistes]». Hugo Horiot souligne une tendance à décrédibiliser et désapproprier les personnes autistes de leurs expériences personnelles. De telles approches ont permis un autre regard, plus humain et plus inclusif, sur le TSA. Il s'agit d'envisager une société dans laquelle les personnes autistes seraient incluses dans son fonctionnement, et dans laquelle les neurodivergences seraient une preuve de la diversité neurologique de l'être humain. Les réseaux sociaux et les plateformes vidéos ont ouvert la voie à une démarche de sensibilisation, de cybermilitantisme et d'empouvoirement et la création d'uvres et de dispositifs numériques attentifs aux enjeux sociaux et inclusifs. L'apport des Humanités Numériques, lieu d'un dialogue fécond entre les arts, les sciences humaines et le digital, est ainsi porteur d'une nouvelle recherche et approche du TSA. Prenant appui sur des uvres d'art, des plateformes sociales, des narrations numériques et des dispositifs destinés à un usage dans la vie quotidienne, la thèse s'intéressera aux modalités permettant de dépasser une dimension pathologisante et stigmatisante sur le TSA. Nous prendrons appuie sur les productions d'artistes qui s'inscrivent dans l'art autistique, un mouvement regroupant les uvres de personnes autistes qui expriment et partagent leurs vécus en tant que tels. James Frye, un jeune artiste autiste, exprime ses expériences synesthètes : ses illustrations figuratives, dessinées à l'aide d'une tablette graphique et d'un ordinateur, s'inspirent non seulement de son intérêt spécifique pour le Pop Art et la Britpop, mais surtout des couleurs qu'il «entend» en écoutant de la musique. Nous nous intéresserons également à des projets collectifs, tels que Autispace. Créé par Coglab en collaboration avec des personnes concernées par le TSA, Autispace est un serious game en réalité virtuelle (VR) proposant aux joueurs «une expérience sensorielle, permettant au public de se projeter dans la peau d'un autiste». La thèse proposera une expérimentation d'objets, d'uvres et d'artefacts numériques. L'entrecroisement des sciences humaines, des arts et du digital donne lieu à la création de nouveaux dispositifs, logiciels, applications qui nous amènent à expérimenter/prendre conscience du vécu de l'autre, ou à partager notre propre expérience. Ce partage entre les personnes allistes et les personnes autistes longtemps considérées inaptes à communiquer, «dans leurs bulles» par le numérique nous conduit à interroger notre considération des personnes autistes, les paradigmes de normalisation ancrées dans l'inconscient collectif, ainsi que le champ des possibles des Humanités Numériques. Le projet de thèse vise à questionner la notion-même de soutien dans le cadre de l'empouvoirement du TSA, ainsi que sur la prise en compte des personnes autistes et leur appropriation des outils numériques. Comment l'utilisation de dispositifs numériques permet aux personnes autistes de trouver un apaisement et d'entamer ce processus d'empouvoirement, et de quelle manière la notion de neurodiversité peut s'y articuler ? Il s'agira aussi d'examiner la notion de culture autiste, ses influences dans le quotidien et l'empouvoirement des personnes autistes, et de quelle manière l'émergence de cette culture sur le web peut influencer la perception que les personnes allistes ont de l'autisme, notamment par le biais de plateformes créatives comme YouTube, TikTok ou Spotify. On s'intéressera aux dispositifs et plateformes contribuant à une dynamique inclusive, à sensibiliser le public, à favoriser une compréhension et une acceptation des personnes autistes, que cela soit dans un contexte créatif ou social, par exemple. Dans le champ de l'art contemporain, seront ainsi examinées des questions relatives à la collaboration autistes/allistes dans le contexte d'une uvre d'art sensorielle numérique, ainsi que sur le statut d'artiste handicapé et les problématiques d'exclusion auxquelles elles sont confrontées.