La différenciation et l'intercommunalité
Auteur / Autrice : | Mélissa Wais guedi |
Direction : | Clotilde Deffigier, Agnes Sauviat |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit mention Droit public |
Date : | Inscription en doctorat le 10/09/2021 |
Etablissement(s) : | Limoges |
Ecole(s) doctorale(s) : | Gouvernance des Institutions et des Organisations |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Observatoire des Mutations Institutionnelles et Juridiques |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La volonté étatique de consacrer dans la Constitution un droit la différenciation territoriale (entendu comme le droit à la différence fondé sur les particularismes locaux) est relativement récente. C'est le gouvernement d'Edouard Philippe qui a remis explicitement à l'ordre du jour ce droit à la différenciation territoriale, que le Président de la République Emmanuel Macron présente comme la possibilité de consacrer « aux collectivités » une « capacité inédite de différenciation, une faculté d'adaptation des règles aux territoires et pouvoir, le cas échéant, aboutir à des transferts aux collectivités pour une répartition plus efficace » . Ce nouveau droit à la différenciation territoriale semble, à première vue, avoir vocation à ne concerner que les seules collectivités territoriales, c'est-à-dire, aux termes de l'article 72 de la Constitution du 4 octobre 1958 « les communes, les départements, les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d'outre-mer régies par l'article 74 ». Ce nouveau droit permet au législateur de multiplier les statuts particuliers et de répartir les compétences selon des règles pouvant varier d'une collectivité territoriale ou d'une catégorie de collectivités territoriales à l'autre , afin de promouvoir la diversité territoriale. Cette promotion de la diversité territoriale par l'application d'un droit différencié engendre une forte complexification du droit de la décentralisation, faisant apparaître une mosaïque de statuts et de compétences exercées par les diverses catégories de collectivités territoriales, auxquelles il convient d'ajouter l'intercommunalité. En effet, les réformes successives portant sur l'intercommunalité ont abouti à une incontestable différenciation territoriale. Le résultat de ces réformes est connu aujourd'hui : statuts d'EPCI différents selon les territoires et les choix locaux (différenciation statutaire), répartition des compétences différentes au sein d'une même catégorie d'EPCI, différenciations par délégations de compétences (différenciation fonctionnelle) et schémas différenciés d'organisation des services Si on ajoute, depuis 2014, le caractère très hétérogène du phénomène de métropolisation (multipliant les métropoles aux statuts différenciés et accentuant la différenciation entre espaces métropolitains et espaces non métropolitains), on s'aperçoit que l'intercommunalité et la différenciation territoriale entretiennent des rapports très ambiguës. L'ambiguïté de ces rapports est par ailleurs encore plus accentuée depuis la promulgation de la dernière loi dite « engagement et proximité », le 27 décembre 2019, qui semble vouloir « conforter chaque maire dans son intercommunalité » (Titre 1er). Cette loi augmente encore le panel des choix (et donc des différences) possibles : maintenir ou scinder certains EPCI, transférer ou non des compétences, adapter la gouvernance, etc. La liberté recherchée dans le cadre de cette loi annonce sans doute et plus que jamais la mise en place d'une intercommunalité à la carte. Dès lors, l'application du principe de la différenciation territoriale à l'intercommunalité s'ajoute à la liste des anciens critères distinctifs devenus critères d'assimilation entre établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI à FP) et collectivité territoriale, aux côtés des principes de la libre administration, de la légitimité démocratique et de l'autonomie fiscale.