Thèse en cours

La modulation de la voie de signalisation KRAS peut-elle améliorer la réponse des cancers bronchiques à la radioimmunothérapie?

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Auteur / Autrice : Clément Quevrin
Direction : Eric Deutsch
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du Cancer
Date : Inscription en doctorat le 07/11/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cancérologie : biologie-médecine-santé (Villejuif, Val-de-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Radiothérapie Moléculaire et Innovation Thérapeutique
Equipe de recherche : The Radiotherapy, ImmunoRadAI,
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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Le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) représente la première cause de décès par cancer en France, en Europe et dans le monde. Avec moins de 20 % des patients atteints de CBNPC survivant plus de 5 ans, de nouvelles stratégies thérapeutiques doivent être développées. Les mutations oncogéniques de KRAS, une petite GTPase de la famille RAS, sont les plus fréquentes des mutations des CBNPC et pilotent de multiples processus qui favorisent le développement tumoral (4, 5). La mutation oncogénique de KRAS la plus répandue (39%) est la substitution d'une cystéine par une glycine dans le codon 12 (G12C) (6). La mutation KRAS G12C a pour conséquence l'activation constitutive de la protéine KRAS, liée au GTP. KRAS intervient dans la régulation de différentes fonctions cellulaires telle que la prolifération, la survie, la différenciation et la migration cellulaire. KRAS contrôle plusieurs cascades de signalisation, y compris la voie canonique RAF-MEK-ERK, qui contrôle la prolifération ; la voie PI3K-AKT-mTOR, qui favorise la survie cellulaire; et d'autres voies de signalisation intervenant dans la croissance tumorale, l'endocytose et l'organisation du cytosquelette (Figure 1). Les mutations de KRAS influencent aussi le microenvironnement tumoral (TME). Le TME comprend schématiquement trois compartiments: vasculaire (ex: cellules endothéliales), la matrice extracellulaire (ex: fibroblastes associés au cancer) et le système immunitaire (ex: cellules « immunosuppressive » [ex : myéloïdes, lymphocytes Treg…] et cellules avec effet immunitaire anti-tumoral [ex : lymphocytes T8 et NK]). En plus d'affecter les cellules tumorales, les mutations de KRAS favorisent l'évasion immunitaire en modulant les cellules immunitaires du TME. KRAS peut réguler à la hausse l'expression de points de contrôles immunitaires tels que PD-L1, réguler à la baisse l'expression du CMH de classe I des cellules tumorales et améliorer la sécrétion d'une variété de cytokines et chimiokines impliquées dans le recrutement de cellules immunitaires immunosuppressives (Figure 2). Ces mécanismes sont aussi impliqués dans la résistance aux traitements anticancéreux, dont la radiothérapie. Figure 1 : Voie de signalisation intracellulaire KRAS (14) Figure 2 : Influence de la voie de signalisation intracellulaire KRAS sur le TME (14) KRAS et résistance aux traitements anticancéreux La radiothérapie est un traitement standard du CBNPC, quel que soit le stade. La radiothérapie est l'un des principaux traitements standard du cancer, permettant un contrôle local de la tumeur et une guérison potentielle de la maladie à un stade précoce. Dans les cas avancés et métastatiques, la radiothérapie vise principalement à : (i) guérir les maladies localement avancées et oligométastatiques, (ii) améliorer les résultats de survie et (iii) améliorer le contrôle local à des fins palliatives. Les radiations ionisantes (RI) induisent principalement des lésions d'ADN dans le noyau et des modifications du TME. En induisant la mort cellulaire immunogène, la radiothérapie locale améliore la présentation de l'antigène au système immunitaire, modifie le phénotype immunitaire en augmentant l'expression du CMH de classe I et induit la production de cytokines / d'interféron qui facilite la migration et la fonction des lymphocytes CD8+ antitumoraux. Tous ces éléments entraînent des effets immunostimulants locaux et systémiques (1–3). Les cellules présentant une mutation oncogénique de KRAS telle que G12C sont plus résistantes aux RI que leurs homologues non mutées (10). Cette résistance est multifactorielle. Le maintien dans certaines cellules KRAS mutées d'un phénotype condensé de la chromatine mimant celui que l'on peut observer durant la mitose (Chromatine Condensée Semblable à la Mitose) caractéristique des cellules souches cancéreuses pourrait protéger physiquement l'ADN. Le maintien de ce phénotype dans des cellules KRAS mutées est dépendant de l'activation d'EGFR et d'ostéopontine qui pourraient réguler la probabilité de survenue de cassures double brin de manière épistatique (11). La résistance aux RI s'expliquerait d'autre part par une capacité accrue de réparation de l'ADN via l'augmentation de l'activité des voies de réparation de l'ADN tel que le NHEJ (jonction d'extrémités non homologues) et le BER (Réparation par Excision de Base) via une voie KRAS dépendante (10,12). Des études précliniques ont montré que l'inhibition d'EGFR, RAS, PIRK et AKT induisait une radiosensibilisation des lignées cellulaires cancéreuses (15). Le recrutement de cellules immunosuppressives dans le TME de tumeurs KRAS mutées (cf. ci-dessus) pourrait aussi contrecarrer l'effet immunitaire anti-tumoral des RI et des agents immunostimulants. L'émergence récente du blocage des points de contrôle immunitaires (principalement anti-PD(L)-1), qui peuvent inverser la suppression immunitaire induite par la tumeur et libérer de puissantes réponses immunitaires anti-tumorales a transformé le traitement du CBNPC et permet d'obtenir des réponses durables chez certains patients, en particulier après radiothérapie. Malheureusement, seul un sous-ensemble de patients répond à l'immunothérapie. Il a été montré que la radiothérapie et l'immunothérapie peuvent être synergiques dans des modèles de cancer du poumon muté KRAS. L'exploitation des effets immunitaires favorables de l'irradiation doit cependant être poussée plus loin avec de nouveaux agents ciblés.