Thèse en cours

Les données additionnelles en médecine génomique : quelles conséquences pour le patient atteint d'anomalie du développement et sa famille ?

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Auteur / Autrice : Eléonore Viora-dupont
Direction : Laurence Olivier-faivre
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Médecine, cancérologie, génétique, hématologie, immunologie
Date : Inscription en doctorat le 25/01/2023
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Center of translational and molecular medicine
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)

Résumé

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Depuis une dizaine d'années, la génétique connaît un tournant dans le diagnostic des maladies rares du fait du développement du séquençage à haut débit. D'abord essentiellement déployé pour séquencer des panels de gènes, il est aujourd'hui de plus en plus utilisé pour séquencer l'exome (ensemble des parties codantes de l'ADN) et plus récemment du génome (ensemble de l'ADN). Les indications de ces deux techniques ne cessent de s'accroître notamment dans le diagnostic étiologique des anomalies du développement et notamment de la déficience intellectuelle. Permettant d'accroître les chances de trouver un diagnostic primaire, elles peuvent aussi mettre en évidence des données sans lien avec celui-ci. Ces données additionnelles (DA) sont appelées “données incidentes” (DI) lorsqu'elles sont de découverte fortuite ou “données secondaires” (DS) lorsqu'elles sont recherchées activement, parmi une liste de gènes prédéfinies à l'avance. Le rendu des résultats et les conséquences des DA font l'objet de recherches importantes notamment du fait de l'impact qu'elles peuvent avoir sur les patients, mais aussi sur leur famille. Ces recherches sont principalement menées aux États-Unis où les DA sont rendues aux patients, mais il existe peu de recherche en Europe où leur rendu est plus controversé. Ainsi, dans le but de guider la communauté scientifique et le législateur sur le sujet, la FHU-TRANSLAD (Fédération Hospitalo-Universitaire — Médecine translationnelle dans les anomalies du développement) mène depuis sept ans des études centrées sur la question des DA. Le premier programme de recherche spécifique sur le thème fut le projet FIND, dont l'objectif est d'étudier les préférences et l'impact du rendu des DS aux patients en situation réelle, avec un suivi à long terme (à 6 et 12 mois initialement avec extension à 10 ans par la suite). Il s'agit d'un projet de méthodologie mixte, alliant un volet qualitatif par entretiens et quantitatif par questionnaires. La recherche de DS a été effectuée chez 340 enfants et adultes bénéficiant d'un séquençage d'exome dans le cadre d'une anomalie du développement. Le premier volet de ma thèse est de traiter les données quantitatives issues de ce projet et de rédiger un premier article présentant ces résultats, discutés en parallèle des études qualitatives.. Cette première étude semble montrer que le rendu de DS a peu de conséquences psychologiques mais aussi de prise en charge sur les patients. Elle nous a, par ailleurs, permis d'identifier des champs qui devraient être explorés en complément : - La question du rendu d'une prédisposition génétique à une maladie à révélation tardive chez des mineurs alors que le diagnostic présymptomatique pour ces pathologies est interdit en France, - les raisons du le souhait de ne pas avoir accès aux données secondaires ont été difficiles à étudier du fait du design de l'étude, - peu de personnes présentant des DS dans des gènes dits actionnables ont été investiguées limitant ainsi nos connaissances sur le sujet. Aussi la FHU TRANSLAD propose une 2e étude sur le sujet, nommée DEFIDIAG-DS. Il s'agit d'une étude ancillaire au projet DEFIDIAG, projet pilote du Plan France Médecine Génomique 2025, sur la déficience intellectuelle. DEFIDIAG-DS est une étude nationale, comprenant 13 centres de génétique médicale en France. Elle est également basée sur une méthodologie mixte. L'analyse des DS est proposée aux parents d'enfant présentant une déficience intellectuelle, pour beaucoup en situation d'« errance diagnostique », et non aux enfants eux-mêmes, Sont interrogés des parents ayant accepté la recherche de DS et ayant reçu une DS (2 entretiens, un au rendu des résultats et l'autre un an après), mais aussi des parents n'ayant pas souhaité la recherche des DS. L'analyse des entretiens et questionnaires fera partie du volet 2 de cette thèse ; plus d'une quarantaine de parents seront interrogés et plus d'une centaine de questionnaires seront ainsi traités. Nous souhaitons publier plusieurs articles, un article sera ciblé sur les parents n'ayant pas souhaité accéder à ce type de données, et un autre sur les résultats globaux. L'objectif de notre travail est, par la confrontation des résultats de FIND et de DEFIDIAG-DS, de nous intéresser à l'impact tant psychologique qu'en termes de modification de prise en charge chez ces parents et leur famille, mais également de comprendre les réticences des parents vis-à-vis de la recherche des DS pour eux ou leur enfant. Nous nous questionnerons aussi sur l'impact qu'à le diagnostic primaire dans le choix d'avoir accès ou non au DS (pour rappel, nos études sont réalisées auprès de parents d'enfants atteints d'anomalies du développement et de déficience intellectuelle, avec parfois une « errance diagnostique » importante). Il pourra également être intéressant de confronter nos résultats avec ceux d'études réalisées auprès de populations différentes par d'autres membres de notre groupe de travail (comme l'étude Visage-Onco auprès de patients atteints de cancer).