Histoire évolutive du plus ancien gène d’enveloppe rétrovirale endogène HEMO encore codant chez l’homme, exprimé dans le placenta et les tumeurs : acquisition récente d’une interaction avec une protéase transmembranaire chez les primates
Auteur / Autrice : | Anthony Béguin |
Direction : | Odile Heidmann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du Cancer |
Date : | Soutenance le 17/12/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cancérologie, Biologie, Médecine, Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Physiologie et physiopathologie des rétrovirus endogènes et infectieux (Villejuif, Val de Marne ; 2015-....) - Physiologie et physiopathologie des rétrovirus endogènes et infectieux |
Référent : Faculté de médecine | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Uriel Hazan |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Battini, Olivier Schwartz, Nicolas Gilbert, Florence Margottin-Goguet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Luc Battini, Olivier Schwartz |
Mots clés
Résumé
Le génome humain contient environ 8% de séquences rétrovirales endogènes, vestiges d'infections des cellules de la lignée germinale par des rétrovirus infectieux exogènes chez des mammifères ancestraux. La protéine d'enveloppe rétrovirale endogène HEMO (Human Endogenous MER34 ORF), récemment identifiée au laboratoire, provient d'une intégration rétrovirale survenue il y a 100 millions d'années et a été sélectionnée pour une fonction physiologique. Le gène HEMO est exprimé dans les cellules souches, le placenta ainsi que dans un grand nombre de tumeurs. Contrairement aux enveloppes rétrovirales classiques, la protéine HEMO a perdu ses propriétés de fusion, conservées par exemple dans le cas des syncytines. Elle a acquis la propriété remarquable d'être clivée spécifiquement à la membrane de la cellule, puis libérée sous une forme soluble, dite « SHED », dans le milieu extracellulaire. En conséquence, cette forme est présente dans le sang périphérique des femmes enceintes, avec des concentrations qui augmentent tout au long de la grossesse. La protéine HEMO pourrait jouer un rôle dans la physiologie placentaire et/ou exercer une action à distance sur des organes cibles de la femme enceinte. Pour déterminer le rôle de la protéine HEMO dans l'organisme, nous avons cherché ses partenaires membranaires ou récepteurs cellulaires et pour cela, nous avons criblé une banque d'expression en utilisant une méthode innovante de fusion cellule-cellule, qui exploite les propriétés fusogéniques des glycoprotéines H et F du virus de la rougeole. Nous avons alors identifié une interaction spécifique avec une protéase transmembranaire et grâce à des approches de reconstruction de séquences ancestrales, nous avons pu suggérer que cette interaction a été acquise suite à deux mutations, apparues entre 45 et 30 millions d'années chez des ancêtres primates, et qui ont provoquée des modifications structurelles de la protéine HEMO, notamment la perte de son site de clivage à la furine. Cette récente acquisition dans son histoire évolutive pourrait être à l'origine d'une nouvelle fonction. Aussi, nous avons développé un modèle transgénique murin en introduisant le gène HEMO, perdu chez la souris, afin d'identifier l'apparition d'éventuels phénotypes. Enfin, la protéine HEMO constituant une cible thérapeutique potentielle pour traiter certains cancers, nous avons entrepris de développer un anticorps couplé à un agent cytotoxique (Antibody-Drug Conjugate, ADC), pour cibler spécifiquement les tumeurs HEMO positives.