Thèse en cours

La Belle, le Diable et le ménestrel: Récits, motifs et figures du fantastique dans le cinéma français (1940-1960)

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Auteur / Autrice : Matthias Couquet
Direction : Marc CerisueloDiane Arnaud
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Arts
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : Université Gustave Eiffel
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Littératures, savoirs et arts (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)

Résumé

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Comme nous le rappelle l'historien du cinéma et critique Philippe d'Hugues, si le cinéma français de l'entre-deux-guerres avait « ignoré le fantastique, le surnaturel, l'au-delà », on vit soudain « déferler », à partir de 1942, « une bonne douzaine de films pleins de diableries, apparitions, fantômes et autres maléfices », « soit beaucoup plus que dans les trente années qui avaient précédé ». Vingt ans plus tard, dans une France qui n'est plus tout à fait la même, Georges Franju signe l'un des exemples les plus accomplis de l'expression d'une veine fantastique dans le cinéma français, avec Les Yeux sans visage (1960). Que s'est-il passé entretemps ? « L'Ange du bizarre » aurait-il obtenu son dû ? Le fantastique de Franju serait-il le même que celui de Carné, L'Herbier ou Cocteau ? S'agit-il d'une continuation, d'une réinvention, ou d'autre chose ? Se poser cette question équivaut à s'interroger sur la nature, l'identité même, du fantastique travaillé par le cinéma français, sur ses permanences et ses métamorphoses. Le fantastique dans le cinéma français constitue-t-il une catégorie à part entière de cette cinématographie nationale ? Son émergence n'est-elle que locale et ponctuelle ou s'agit-il au contraire d'une production continue et sans cesse renouvelée ? La présence du fantastique dans le cinéma français en exprime-t-elle une tendance propre ou n'en est-elle qu'un aspect périphérique et occasionnel ? Quelles sont les frontières de ce fantastique français ? A-t-il une esthétique particulière ? Autant d'interrogations qui guident cette étude, envisagée comme la tentative de définir et de circonscrire, non seulement un « genre » cinématographique pris dans le cadre d'un certain cinéma national dans une séquence historique donnée, mais plus encore, de définir une manière singulière, à la fois inscrite dans un héritage culturel spécifique, en dialogue permanent avec des formes extérieures et en perpétuelle évolution, d'aborder le fantastique, comme mode d'expression esthétique, poétique et narratif à part entière. Si l'analyse des « récits, motifs et figures » du cinéma fantastique français des décennies 1940 et 1950, de ses enjeux esthétiques propres et de sa « fantastiqué » spécifique, ne peut se passer de croisements avec les données socio-historiques, socio-économiques, et des questions de réception théorique et critique, c'est essentiellement sur le plan de l'imaginaire lui-même que nous nous plaçons, celui d'une histoire des formes prise sous l'angle de l'histoire culturelle d'un patrimoine particulier, d'une histoire des mentalités relatives à un domaine esthétique et poétique. Identifier et circonscrire un genre ou une tendance, celle du cinéma fantastique en France dans les décennies 1940 et 1950, avec son épaisseur esthétique et stylistique, à l'aune d'une sensibilité́ nationale en pleine métamorphose et sur un parcours historique déterminé́ en signant à la fois l'unité et la diversité : telle est ici notre ambition. Aussi, questionner l'histoire et l'identité́ du cinéma fantastique français, c'est revenir en arrière, vers l'héritage dont ce cinéma se fait le dépositaire, s'interroger sur la place du fantastique dans l'histoire culturelle française et dans la constitution particulière d'une disposition originale face à l'expressivité́ fantastique, dans la littérature, la poésie, les arts picturaux mais aussi dans la vie intellectuelle et dans les mentalités populaires. Autant de raisons pour lesquelles il nous semblait nécessaire, essentiel, de revenir avant toute autre chose aux images fondatrices, à ces mythes tenaces qui ressurgirent au plein cœur des années noires, à l'écho éternel de la Belle, du Diable, et du ménestrel, et aux traces qu'ils laissèrent dans les deux décennies consécutives.