Effets des composantes cognitivo-émotionnelles de contrôle des émotions et des impulsions sur le processus de craving dans un contexte de co-occurrence d'une addiction et d'un psycho-traumatisme
Auteur / Autrice : | Nadia Msyguidine |
Direction : | Catherine Blatier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie clinique et pathologique |
Date : | Inscription en doctorat le 02/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interuniversitaire de Psychologie/Personnalité, Cognition, Changement social |
Mots clés
Résumé
Résumé Introduction Cette étude doctorale porte sur l'étude du craving d'alcool à travers les liens que ce dernier entretient avec les processus émotionnels et d'impulsivité. De façon générale, elle traite de l'implication des capacités d'autocontrôle, plus spécifiquement dans un contexte de co-occcurence entre une addiction et un vécu traumatique. Le craving renvoie à un besoin irrépressible et incontrôlable, provoquant la répétition du comportement addictif. Il désigne une expérience subjective de désir intense, une urgence à consommer ou à réaliser un comportement et sa répétition alors même que la personne ne le souhaite pas (Auriacombe, 2016, Drummond et al., 2000 ; Drummond, 2001). La dérégulation émotionnelle constitue une difficulté à moduler l'intensité et la nature de la manifestation émotionnelle, à maitriser les réactions comportementales et par là même à contrôler les conséquences de ces actions (Gross, 2002 ; Gross et Muñoz, 1995 ; Gross et Thompson, 2007). La recherche scientifique portant sur la dérégulation émotionnelle a montré que ce trait de personnalité constitue un facteur de risque favorisant la répétition de la consommation (Aldao et al. 2010 ; Bonn-Miller et al., 2008 ; Cyr, 2022 ; Gandolphe et Nandrino, 2012). La réactivité émotionnelle peut être définie par la sensibilité émotionnelle, l'intensité émotionnelle et la persistance émotionnelle (Lannoy, & al., 2014) Elle implique l'existence d'un seuil déterminant le déclenchement et l'intensité (Daban & Henry, 2011). Malgré l'intérêt scientifique qu'elle représente, celle-ci n'a pas été étudiée, d'où l'intérêt de ce type de recherche. L'impulsivité sera appréhendée à travers son aspect cognitif via les dimensions d'urgence, de préméditation et de persévérance (Whiteside et Lyman, 2001). L'urgence et le manque de persévérance se définissent par un déficit du contrôle de la réponse automatique ou inadaptée dans un contexte d'émotion négative ou positive, c'est-à-dire une perturbation de la capacité d'inhibition proactive, du stimulus et de la réponse prédominante. Le manque de préméditation relève, quant à lui, d'un défaut de prise de décision. (Billieux et al., 2014 ; Billieux et Van der Linden, 2010). Ce déficit du contrôle des impulsions se traduisant par un déficit des fonctions d'inhibition et un défaut de prise de décision renvoie à un dysfonctionnement du système exécutif. Selon Bourque (2014), la recherche clinique et expérimentale a fréquemment mis en évidence des liens significativement positifs entre les dimensions d'impulsivité et le craving. A partir des années 2000, la littérature scientifique met en évidence le rôle central du craving dans la rechute. Le craving constitue alors un indicateur de pronostic (Renaud, 2020). Son étude semble, par conséquent, incontournable pour une meilleure compréhension des facteurs qui le sous-tendent et leur articulation avec les mécanismes en jeu dans les processus de contrôle des émotions et des impulsions impliqués dans la pratique addictive et la rechute. Cette étude tente d'apporter un éclairage théorique dans le but de mieux orienter les actions de prévention de la rechute Problématique Dans un premier temps, cette étude doctorale consiste à étudier en quoi le craving peut résulter d'un déficit d'autocontrôle émotionnel et des impulsions. Pour ce faire, elle étudie les liens entre les différents facteurs sous-tendant ce manque de contrôle (émotion, impulsivité) et la modulation que cette association opère sur le craving. Elle cherche à mettre en évidence les facteurs participant au renforcement ou à la fragilisation des aptitudes émotionnelles d'autocontrôle. Elle vise à comprendre comment la dysrégulation émotionnelle intégrant les processus de dérégulation et de réactivité émotionnelles, s'articule avec les fonctions d'autocontrôle déficitaires ou dysfonctionnelles. Dans un deuxième temps, cette étude s'applique à observer comment cette modulation est susceptible d'être accentuée dans un contexte de co-occurrence entre un mésusage d'alcool et un psycho-traumatisme. Les résultats permettront d'orienter les actions de prévention de la rechute. L'analyse de la relation entre l'addiction et le psycho-traumatisme permettra de mieux comprendre le rôle des différents mécanismes de contrôle des émotions et des impulsions et comment ils articulent leur action sur le craving. L'objectif est de mieux saisir comment renforcer ces aptitudes d'autocontrôle dans la gestion du craving dans un contexte émotionnel particulièrement perturbé. Objectifs Le but principal consiste à approfondir les connaissances portant sur le craving à travers l'analyse des articulations entre les déficits de contrôle des impulsions et la dysrégulation émotionnelle, dans un but d'amélioration de la gestion des usages par un meilleur auto-contrôle. Le premier objectif de cette recherche est d'évaluer les effets de l'intensité de l'impulsivité, et de la dysrégulation émotionnelle sur le craving. Secondairement, il vise à examiner si l'impulsivité est un facteur médiant le lien entre la dysrégulation émotionnelle et le craving. Le deuxième objectif est d'analyser les relations entre les deux composantes émotionnelles et d'impulsivité, et leurs effets sur le craving dans le cadre d'une co-occurrence constituée d'une addiction et d'un psycho-traumatisme. Il s'agit d'évaluer la différence et le sens de cette différence en comparant les résultats obtenus entre trois groupes : le groupe d'étude (Addiction sans co-occurrence par rapport à co-occurrence) et examiner également l'écart avec ceux du groupe contrôle. Ce dernier est composé uniquement de consommateurs ayant un usage simple sans addiction et sans psycho-traumatisme. Méthode Cette étude est réalisée via un questionnaire en ligne. Population L'échantillon est constitué de participants vivant en France de 18 à 65 ans ayant un usage d'alcool. Le critère d'inclusion porte l'existence d'un usage d'alcool.