'Splendeurs siciliennes : les objets mobiliers de luxe dans les cours siciliennes du VIIIe au XIIIe siècle'
Auteur / Autrice : | Clémence Piquet-delabrousse |
Direction : | Anna Caiozzo |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2022 |
Etablissement(s) : | Orléans |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pouvoirs, Lettres, Normes (Orléans ; 2012-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse a pour objectif d'effectuer un état des lieux des productions de luxe des cours siciliennes entre le VIIIe et le XIIIe siècle et de reconstituer dans la mesure du possible les réseaux d'échanges autour de ce pôle central qu'est la Sicile dans la Méditerranée médiévale. À partir du IXe siècle, l'occupation aghlabide puis fatimide de la Sicile marque indéniablement la culture insulaire et soustraie la province au contrôle de l'Empire Byzantin. L'empreinte du monde islamique s'illustre notamment à travers la réappropriation de l'architecture et des regalia califales par les Normands, maîtres de l'île dès 1091. Si l'étude de la Sicile médiévale est envisagée, il est difficile de l'aborder sans mentionner l'historien arabisant italien Michele Amari. Il se consacre en effet dès le milieu du XIXe siècle à l'étude de la Sicile « arabo-musulmane », terme dorénavant discuté car renvoyant à des notions incertaines et possiblement inadéquates. La question du choix de dénomination de ces périodes de conquêtes successives sera ainsi abordée lors de cette thèse, et ne pourra être menée qu'en intense imbrication avec les deux objectifs principaux de ce travail. Le premier but, qui s'avère essentiel et se place en continuité des travaux déjà élaborés par Michele Amari mais aussi Ralph Pinder-Wilson en collaboration avec Christopher Brooke, ou encore récemment Avinoam Shalem, sera de recenser l'ensemble des objets de luxe produits ou utilisés sur le sol sicilien entre le VIIIe et le XIIIe siècle. Ce corpus sera catégorisé dans une base de données et permettra de réaliser une analyse stylistique comparative. Ainsi, l'idée sera de déterminer les divers échanges artistiques contribuant à la formation de ces objets. L'analyse comparative pourra aussi nous renseigner sur les commanditaires : une grande inégalité de technicité peut ainsi signifier l'existence de plusieurs chaines de production, une première destinée à une clientèle de luxe et une autre s'appropriant les qualités esthétiques de la première à moindre coût afin de satisfaire une classe sociale moins aisée. Il est aussi intéressant de constater que des motifs iconographiques sont privilégiés à d'autres, il sera ainsi primordial de réfléchir aux motivations des commanditaires mais aussi des artisans lors du contexte de production. Afin d'en apprendre davantage sur cette chaine de production, le deuxième objectif de cette thèse sera de localiser les ateliers de fabrication de ces objets. Si des sources écrites mentionnent l'existence d'ateliers royaux à Palerme, les archives des fouilles archéologiques de Palerme pourraient peut-être fournir de précieuses informations concernant l'urbanisation de la ville à la période médiévale. De plus, il est important de consulter les récentes traductions effectuées par Mordechai Akiva Friedman de textes provenant de la Genîza du Caire à la recherche de possibles mentions d'exportations de produits nécessaires à la production d'ivoire ou bien encore d'objets métallurgiques sur le sol sicilien. Enfin le linguiste Giovan Battista Pellegrini consacre un nombre conséquent d'études à recueillir et évaluer les arabismes siciliens utilisés à la période médiévale. Notons l'utilisation de termes comme raqm (broderie), agiamiyya (méthode persane d'incrustation de métaux) et tawshiya et tarsi' (travail de commissure et d'emboitement des métaux et des bois). Il semble fondamental d'étudier l'utilisation du vocabulaire lié à cet artisanat et la présence de ce même artisanat sur le sol sicilien.