Thèse en cours

Morphogenèse de la matière. Recherche doctorale autour des biomatériaux (cellulose bactérienne)

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Auteur / Autrice : Vivien Roussel
Direction : Axelle CadièreLucile Haute
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Arts Appliqués : Design
Date : Inscription en doctorat le 14/11/2022
Etablissement(s) : Nîmes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Risques et Société (Nîmes ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : PROJEKT (Nîmes)

Résumé

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En quoi les (bio)technologies, dans la perspective des crises écologiques et énergétiques en cours, redéfinissent notre relation à la matérialité? Notre dépendance productive et énergétique nous force à imaginer des solutions pour ce monde en crise, vacillant entre l'espoir d'un monde plus soutenable ou sa perpétuation destructrice. Depuis la nuit des temps, nous sélectionnons le vivant - le conditionnant, le recomposant, le designant, l'artificialisant... Poussés par les (bio)technologies, nous nous dirigeons vers un contrôle accru de la productivité du vivant, ouvrant sur des configurations inédites de matérialités programmées ou simulées. La supervision de ces choses “qui poussent” et “qui (se re-)produisent” nous engage dans des esthétiques relationnelles encore inconnues. La surveillance de l'activité biologique redéfinit les manières dont nous exploitons le vivant et nous pousse à repenser autant l'agencement des ressources que leurs mises en formes. De l'autre côté, le calcul optimisé de la matière par les procédés algorithmiques dessine un monde rationalisé. Ces “monitoring” de la matière nous imposent d'examiner les conditions de ces dilemmes auxquels nous faisons face par l'invention de régimes sociotechniques à travers le design, liant les êtres humains et les non-humains par des mediums machiniques. Ainsi, cette thèse désire allier le vivant et les machines par le prisme de machines-organiques productrices de “bioartéfacts” reliant la question productive à la survivance, entre parasitisme et symbiose... Je souhaite développer de réelles mythologies par des installations questionnant nos imaginaires et nos perceptions induites par les outils de mesures scientifiques et de bio ingénierie : imagerie thermique, automatismatisme, graphes, optimisation topologique ou thermique, structures auxétiques, etc. Ces moyens d'expertises et de contrôles interrogent les formes, nous font voir l'invisible ou simulent des modèles idéaux. Ces algorithmes nous permettent aussi d'anticiper la production, de concevoir sans matière ou encore d'économiser les ressources. Ces procédés technologiques fondent certainement, avec les biomatériaux, une partie des objets futurs avec lesquels nous vivrons. La relative porosité entre la fonction et la poétique de cette matière (vivante, simulée, programmée) offre des moyens d'exprimer des champs narratifs inédits. Je souhaite explorer d'originales écologies et inventer des outils en m'inspirant, par exemple, du DIYbio ou de l'Open Science. Ma pratique s'inscrit dans ces mouvements (maker) depuis plusieurs années, à la lisière des biomatériaux mixés à la fabrication digitale ou aux algorithmes teintés de chimie verte. Je me réapproprie ces outils omniprésents dans le domaine technique pour m'interroger sur leurs potentialités esthétiques et leurs statuts : en quoi bouleversent-ils profondément le statut des choses? Qu'est-ce que la bio-ingénierie, la gestion des flux ou la data font sur notre matérialité? Il s'agit pour moi de participer à l'élaboration d'une cosmotechnique (Yuk Hui), c'est-à-dire de chercher à relier et à re-contextualiser la convergence (bio)technologique de notre époque par l'esthétique et le design. Au sein du laboratoire Projekt, ces recherches doctorales s'inscriront d'une part dans l'axe Design, Politiques et Publics où elles participeront plus particulièrement de la thématique “vulnérabilité - care, vivant · es et écologie sociale” qui donne l'occasion de reconnaître « la vulnérabilité généralisée » (ou sytémique) de nos environnements et de nous-mêmes, ainsi que de réfléchir à l'interdépendance de tous les éléments (humains et non humains; vivant · es et non vivant · es) ; elle s'inscrira d'autre part dans l'axe Design,Culture & Médias où elle participera de la thématique des contres-faires qui étudie et participe à la mise en oeuvre de pratiques d'automatisation (empowerment) techniques et technologiques en considérant leurs écologies (matérielle, technique, économique et sociale).