Thèse en cours

Développement d'un absorbeur pérovskite Inorganique sur grande surface, stable, performant et compatible avec les dispositifs tandem

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Auteur / Autrice : Lauriane Scherrer
Direction : Emmanuelle Deleporte
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Physique
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ondes et Matière
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Lumière, Matière et Interfaces
Référent : Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay

Mots clés

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Résumé

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L'augmentation de la consommation mondiale d'énergie, l'épuisement des ressources en combustibles fossiles et leurs effets négatifs sur l'environnement soulignent l'urgence de trouver des solutions alternatives pour une production d'énergie propre et durable. L'énergie solaire, facilement disponible, est l'une des approches les plus prometteuses pour surmonter la pénurie d'énergie qui se profile. Les cellules solaires capables de convertir directement la lumière en énergie électrique ont donc suscité un intérêt considérable au cours des dernières décennies. Les cellules solaires en silicium cristallin dominent indéniablement le marché photovoltaïque actuel en raison de leurs bons rendements de conversion de l'énergie, de leur stabilité à long terme et de leur coût modéré. Parmi les technologies émergentes, les cellules solaires à pérovskite (PSC) ont éveillé une grande attention ces dernières années. Les pérovskites halogénées ont des propriétés remarquables, adaptées à leur utilisation comme absorbeurs de cellules solaires et peuvent être fabriquées à l'aide de techniques à basse température utilisant des matériaux bon marché. Les rendements des PSC (25.7 %) ont récemment approché ceux du silicium cristallin, démontrant ainsi leur énorme potentiel. Plus important encore, la possibilité de fabriquer des cellules solaires tandem pérovskite/silicium hautement efficaces fait des pérovskites un potentiel « game-changer » dans la production future d'énergie à faible coût. En combinant des dispositifs en silicium cristallin avec une PSC à large bande interdite, il est possible de réduire les pertes dues à la thermalisation. Cette approche permet de repousser la limite d'efficacité théorique d'une cellule solaire à jonction unique de ~30 % à ~42 %. Bien que des résultats impressionnants aient été obtenus dans le domaine des PSC au cours de la dernière décennie, la faible stabilité à long terme et les difficultés de mise à l'échelle empêchent actuellement les PSC d'entrer sur le marché photovoltaïque. Ces cellules sont aujourd'hui majoritairement fabriquées en utilisant une méthode appelée « spin-coating». Il s'agit d'une technique de laboratoire performante et peu coûteuse à l'achat permettant un dépôt contrôlé de films minces. Cependant, ce procédé semble difficilement transférable à une production industrielle, notamment en raison de la forte perte de matière lors du procédé (taux d'utilisation matière faible, <80%) et de son incompatibilité avec des surfaces de dépôt supérieures à 400 cm². Dans l'optique d'un développement rapide de ce type de cellules il est donc nécessaire de s'intéresser à des techniques de fabrication adaptées aux grandes tailles permettant la réalisation de ce type de dispositif solaire sur des surfaces supérieures à 1 m². Depuis 2018, le dépôt de Pérovskites grande taille s'accélère, principalement par voie liquide, avec des réalisations allant jusqu'à des surfaces de 1600 cm² pour un rendement d'environ 16% par l'entreprise chinoise GCL en 2019 ou encore 17.9 % sur 800 cm2 par Panasonic en 2020. Cependant, les rendements atteints sont encore éloignés des records petites tailles et les surfaces considérées ne sont encore que des surfaces intermédiaires. Au sein de l'IPVF nous avons identifié la méthode de dépôt comprenant le dépôt d'une couche humide par slot die coating [1–3] suivi d'une étape d'extraction des solvants et de recuit, comme particulièrement intéressante Les pérovskites à halogénure de plomb constituent le matériau photo-actif des PSC. Elles présentent une formule chimique générale APbX3, où A est un cation monovalent tel que le méthylammonium (MA), le formamidinium (FA) ou le césium (Cs), et X est un anion halogénure (I, Br, Cl). En modifiant la composition en anions et en cations des pérovskites halogénée, les propriétés des matériaux peuvent être variées, ce qui permet d'optimiser le spectre d'absorption sur une large gamme. L'approche consistant à mélanger différents cations et anions permettant la formation de pérovskites complexes a été largement utilisée dans la littérature pour optimiser les propriétés des matériaux des pérovskites halogénées [4]. Cependant, les cations organiques dans la structure de la pérovskite ont été identifiés comme limitant la stabilité de la pérovskite. Ainsi les cations organiques volatiles n'ont qu'une stabilité thermique limitée et sont susceptibles de réagir à l'humidité. En revanche, les pérovskites entièrement inorganiques, comme le CsPbI3, se sont révélées beaucoup plus stables [5]. De plus, le CsPbI3 a une bande interdite d'environ 1,73 eV, ce qui est proche de l'idéal pour les applications en tandem pérovskite/silicium. Malgré de nombreux avantages évidents, les rendements de conversion obtenus avec les pérovskites inorganiques CsPbI3 restent inférieurs à ceux de leurs homologues hybrides. Ce fait est principalement lié aux difficultés de synthèse de la pérovskite CsPbI3 pure. En effet, selon les calculs du facteur de tolérance de Goldschmidt, le CsPbI3 se trouve juste à la limite de formation d'une phase pérovskite stable, en raison de la taille relativement petite des cations Cs par rapport aux cations MA ou FA. Par conséquent, la formation concomitante de phases non-pérovskites est couramment observée pendant la synthèse du CsPbI3 [6]. Des stratégies d'additifs utilisant des cations ammonium de taille moyenne tels que l'iodure de diméthylammonium ont récemment montré qu'elles amélioraient la formation de pérovskites inorganiques [7]. Ces additifs sont ajoutés dans la solution de précurseur pour la synthèse et s'évaporent complètement pendant l'étape de recuit. Cette thèse vise à optimiser le dépôt par slot die coating de la pérovskite inorganique CsPbI3 en suivant les derniers résultats de la littérature. De nouveaux additifs seront ensuite identifiés et leur influence sur la formation de CsPbI3 sera étudiée. Une caractérisation détaillée (morphologique, structurale, optique) sera effectuée sur les films fabriqués pour évaluer leur pureté et la qualité des matériaux et pour déterminer le rôle des additifs pendant la formation de la pérovskite. Les résultats de la caractérisation permettront ensuite d'optimiser davantage le protocole de synthèse des pérovskites inorganiques, en espérant atteindre des efficacités supérieures à 21% sur les dispositifs de laboratoire.