Impact du transport des émissions de l'aviation sur le climat et la qualité de l'air
Auteur / Autrice : | Nicolas Fevrier |
Direction : | Didier Hauglustaine, Nicolas Bellouin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Géosciences |
Date : | Inscription en doctorat le 01/11/2022 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de l'environnement d'Île-de-France |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement - DRF |
Equipe de recherche : Modelling the Earth Response to Multiple Anthropogenic Interactions and Dynamics (MERMAID) | |
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les avions émettent de nombreux composés qui influencent le bilan radiatif de la Terre, directement ou indirectement, et donc contribuent au changement climatique. On distingue traditionnellement la contribution du dioxyde de carbone (CO2) des contributions dites « non-CO2 », qui sont : Les cirrus induits par certaines traînées de condensation formées derrière les avions ; L'action des émissions d'oxydes d'azote (NOx) de l'aviation sur les concentrations en ozone et méthane ; Les interactions entre les aérosols de l'aviation et le rayonnement et les nuages ; Les émissions de vapeur d'eau par l'aviation dans la stratosphère. Une évaluation récente du forçage radiatif effectif de l'aviation en 2018 [Lee et al., 2021] a quantifié toutes ces contributions, sauf celle des interactions aérosols-nuages, qui ne sont pas suffisamment bien comprises et représentées dans les modèles climatiques. Le CO2 exerce un forçage relativement bien quantifié de 34.3 (intervalle de confiance a 90% : 28 à 40) mW m−2. Le non-CO2, sans les interactions aérosols-nuages, exerce un forçage potentiellement plus fort mais plus incertain de 66.6 (21 à 111) mW m−2. L'aviation a donc le triple défi de (1) se décarboner, (2) atteindre net-zéro CO2 sans augmenter les effets non-CO2, et (3) éliminer ces effets non-CO2. Ces deux derniers points impliquent une réduction de l'incertitude sur le forçage non-CO2 grâce à une meilleure compréhension des mécanismes physiques et chimiques pertinents, et une meilleure représentation de ces mécanismes dans les modèles de climat. C'est avec cet objectif que la Direction Générale de l'Aviation Civile du ministère de la Transition écologique finance le projet Climaviation (https://www.climaviation.fr) pour la période 2021-2026. Le projet est un partenariat entre la recherche climatique de l'Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) et la recherche aéronautique de l'Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales (ONERA). Ce projet de thèse s'inscrit dans le projet Climaviation. L'objectif est de mieux comprendre le transport des émissions gazeuses et particulaires de l'aviation. Ce transport est distinct de celui des sources de pollution à la surface car les émissions se font en haute altitude, autour de 10 km pour les vols intercontinentaux. Pour débroussailler le terrain, un stage de M2 a utilisé des traceurs passifs de type aérosol soluble dans le modèle de climat LMDZ pour déterminer que : - Le temps de résidence des traceurs dans l'atmosphère est sensiblement allongé si ces traceurs parviennent à pénétrer dans la stratosphère, ou sont émis directement dans la stratosphère. - Les traceurs émis aux latitudes moyennes de la haute troposphère / basse stratosphère sont entrainés dans la zone de subsidence de la circulation générale, atteignant la couche limite dans les tropiques. - Le temps de résidence des traceurs ayant atteint la couche limite est déterminé par le taux de précipitation de ces régions tropicales. Ce projet de thèse va donc se focaliser sur les échanges entre troposphère et stratosphère, et au devenir des traceurs dans la couche limite. L'outil de travail principal sera le modèle de chimie-climat LMDZ-INCA, dans sa version avec prescription des oxydants. La version a 79 niveaux verticaux sera utilisée afin de bénéficier d'une bonne résolution de la couche limite et de la haute troposphère (1 km de résolution verticale). Didier Hauglustaine est l'un des développeurs du modèle LMDZ-INCA, et pourra former l'étudiant(e) à son utilisation. La direction et l'étendue du projet dépendra des aptitudes et des intérêts scientifiques de l'étudiant(e), mais les questions scientifiques principales peuvent déjà être identifiées. En basse atmosphère, ces questions seront : - Quelles sont les régions de destination des émissions de l'aviation en fonction des couloirs aériens ? - Quel est l'impact de la partie aérosol de ces émissions sur la formation des nuages, notamment les stratocumulus tropicaux ? Quel est le forçage radiatif associé ? - Quel est l'impact des aérosols et des gaz oxydants émis par l'aviation sur la qualité de l'air des régions de destination, notamment les régions à fort potentiel d'oxydation, comme la Chine ? Ce travail, et notamment le second point, bénéficiera des simulations Large Eddy Simulation effectuées par un chercheur postdoctoral de Climaviation, sous la direction de Nicolas Bellouin, afin de comprendre comment des aérosols qui atteignent la couche limite par le haut peuvent être « réinjectés » dans les courants ascendants où se forment les nuages. En haute atmosphère, les questions seront : - Comment varient les échanges troposphère-stratosphère en fonction de l'altitude des émissions ? - Quelle est le temps de résidence de la vapeur d'eau émise par l'aviation dans la stratosphère ? Ce temps de résidence est-il affecté par la sédimentation de l'eau condensée ? Ce travail sera en lien avec les activités du projet européen MOREandLESS, qui étudie les impacts environnementaux de l'aviation hypersonique. Un chercheur postdoctoral sera en place au LSCE en 2023, sous la direction de Didier Hauglustaine. L'étudiant(e) bénéficiera également de simulations multi-modèles effectuées dans le cadre de MOREandLESS pour quantifier l'impact du modèle utilisè sur les variations des échanges troposphère-stratosphère et du temps de résidence de l'eau dans la stratosphère.