Infection à VIH/SIDA à Madagascar : diversité génétique, résistances aux antirétroviraux et co-infections virales.
Auteur / Autrice : | Fetra Rakotomalala |
Direction : | Ahidjo Ayouba, Danielle A. Doll Rakoto |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie Santé |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 02/12/2024 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) en cotutelle avec Université d'Antananarivo |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé (Montpellier ; Ecole Doctorale ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : TransVIHMI - Recherches translationnelles sur le VIH et les Maladies Infectieuses Endémiques et Emergentes |
Equipe de recherche : Diversité génétique, Résistance, Emergence, Interface homme/faune sauvage des maladies infectieuses | |
Jury : | Président / Présidente : Yannick Simonin |
Examinateurs / Examinatrices : Ahidjo Ayouba, Danielle Aurore Doll Rakoto, Charlotte Charpentier, Rivonirina Andry Rakotoarivelo, Voahangy Rasolofo | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Charlotte Charpentier, Rivonirina Andry Rakotoarivelo |
Mots clés
Résumé
En 2023, lONUSIDA estimait à 76 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) à Madagascar. Parmi celles-ci, 100% (17 000/17 000) des PVVIH identifiées sont sous traitement antirétroviral (ARV). Parmi les personnes sous traitement, 50% ont eu accès à au moins une mesure de la charge virale ARN VIH, avec 74% dentre elles présentant un succès virologique. Sur la diversité génétique et la résistance aux médicaments, les données sur le VIH/SIDA à Madagascar sont limitées et anciennes. Cette thèse vise à mieux caractériser linfection à VIH/SIDA à Madagascar avec les objectifs spécifiques suivants : (i) analyser la diversité génétique des souches de VIH-1 ainsi que les résistances transmises aux ARV chez les PVVIH naïves de traitements, et (ii) étudier les co-infections virales, notamment VIH- coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) et VIH-arbovirus. Une analyse de la diversité génétique du VIH et de la résistance transmise du VIH aux ARV a été réalisée sur 239 souches de VIH-1 issues de PVVIH naïves de traitement, collectées entre janvier 2019 et novembre 2023. Le gène pol, incluant les gènes de la protéase, de la reverse transcriptase et de lintégrase du VIH-1, a été amplifié par PCR selon le protocole ANRS et séquencé à laide de la technique de séquençage de nouvelle génération sur la plateforme Illumina (MiSeq). Les sous-types du VIH-1 ont été identifiés par phylogénie par Maximum de vraisemblance et des analyses de recombinaison ont été effectuées pour déterminer la structure des souches séquencées. Lanalyse des résistances a été réalisée avec lalgorithme Stanford (version 9.5.1). Afin de déterminer le niveau dexposition des PVVIH malgaches au SRAS-CoV-2, nous avons effectué une analyse sérologique rétrospective sur 2888 échantillons de plasma de PVVIH malgaches, collectés entre juin 2019 et avril 2022, à laide du test de diagnostic rapide COVID-PRESTO®. Enfin, nous avons également réalisé une étude sérologique rétrospective sur six arbovirus dimportance en santé publique, incluant les virus de la dengue (sérotypes 1 - 4), Zika, West Nile, Usutu, Chikungunya et Onyong-nyong sur 1 036 échantillons de plasma collectés entre janvier 2018 et janvier 2021 en utilisant la technologie Luminex. Les résultats montrent une grande diversité génétique du VIH-1 groupe M à Madagascar, avec une prédominance des sous-types C, A1, B et CRF02_AG. Nous avons également noté une proportion élevée des formes recombinantes uniques (URF). La prévalence de mutations de résistance transmise du VIH-1 chez les PVVIH adultes naïves de traitement est faible (<5%), mais préoccupante chez les enfants de moins de 15 ans (14%), probablement liée à la transmission mère-enfant. De plus, nos résultats montrent une circulation en augmentation en fonction des différentes vagues de covid-19, allant de 21% à 60%. Nous avons également montré une co-circulation darbovirus chez les PVVIH malgaches, avec des prévalences les plus élevées pour les virus Onyong-nyong (28%), Chikungunya (26%) et West Nile (27%), variant selon la province et les saisons. Ces résultats mettent en lumière un faible taux de résistance primaire du VIH aux antirétroviraux, et une grande diversité génétique des souches circulantes de VIH-1, un taux dexposition significative du SRAS-CoV-2 et des arbovirus chez les PVVIH malgaches. Ces données sont essentielles pour améliorer la prise en charge virologique et médicale des PVVIH et orienter les politiques de lutte contre le VIH/SIDA à Madagascar.