L'art et le reste. Figures et métabolismes du déchet au cinéma
Auteur / Autrice : | Hervé Aubron |
Direction : | Hervé Joubert-laurencin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Arts du spectacle : Cinéma |
Date : | Inscription en doctorat le 24/11/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire des Arts et des Représentations |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Alors que toutes les activités humaines sont aujourd'hui interrogées sur leur empreinte environnementale, le champ culturel demeure assez exempt de ce genre de considérations, quand bien même ses productions sont loin d'être négligeables dans les flux énergivores du web. Si, bien sûr, l'écologie est désormais investie par les artistes et penseurs, cela reste encore souvent celle des autres. Cette étude ne s'attardera pas outre mesure sur cet aspect néanmoins symptomatique. Il s'agira en revanche d'analyser la manière dont le champ culturel, en s'affirmant en Occident comme une sphère autonome, a pu être solidaire d'un certain aveuglement écologique, ainsi qu'a pu le démontrer Philippe Descola lorsqu'il analyse la spécificité occidentale de la césure nature-culture. En étant promue comme une aire séparée du « reste », la culture a aussi été présentée comme une production sans restes ni déchets, matériels mais également formels les clichés, les uvres périssables, le kitsch : cette dernière notion a occupé toute une lignée littéraire et intellectuelle (Walter Benjamin, Robert Musil, Hermann Broch, Witold Gombrowicz, Thomas Bernhard, Milan Kundera ) que nous solliciterons beaucoup. Conçue comme une immaculée conception, la production culturelle a pu dès lors apparaître comme la station de recyclage ultime, un antidote à la fatalité du déchet. À l'âge de l'anthropocène (c'est-à-dire ce moment où, entre autres, la culture et la nature redeviennent indistinctes), ce fantasme ne peut se maintenir : il paraît urgent de s'interroger sur ce que la culture, l'art et la pensée peuvent faire des restes (les leurs et ceux du grand monde). Cette étude se consacrera ainsi aux figurations du déchet, avant tout au cinéma, mais pas seulement. Elle veillera, à cet égard, à ne pas se contenter de décliner une thématique, en convoquant des créateurs pour qui le déchet n'est pas simplement un motif, mais une inquiétude ou une hantise plus fondamentale. Pour figurer le rebut, il faut en effet convenir que la figuration elle-même peut être un déchet.