Thèse en cours

Une génération d’Algérie aux Antilles ? Une socio-histoire de la jeunesse antillaise de la guerre d’Algérie à 1972.

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 02/12/2022. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Karine Mondésir
Direction : Florence WeberFrédéric Turpin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 02/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Maurice Halbwachs (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Serge Paugam
Examinateurs / Examinatrices : Florence Weber, Frédéric Turpin, Frédérique Matonti, Fred Constant, Romuald Fonkoua
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédérique Matonti, Fred Constant

Résumé

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Cette recherche s’appuie sur des données très diverses couvrant la période 1954-1972 : des entretiens, le dépouillement de 42331 registres matricules collectés par le ministère des Armées durant la guerre d’Algérie, des archives de la présidence de la République, en particulier le fonds Foccart, des archives du Sénat, des sources ministérielles et préfectorales (Fonds Debré et Fonds Bolotte), ainsi que des archives militantes privées. Les sources mettent en évidence le discours uniformisateur sur la jeunesse antillaise véhiculé au plus haut sommet de l’État affirmant que la jeunesse antillaise est un problème. Dans le contexte de la guerre d’Algérie, les responsables politiques et les hauts fonctionnaires s’inquiètent d’un risque de contagion algérienne aux Antilles et estiment que les jeunes antillais pourraient précipiter l’indépendance des Antilles. Les étudiants antillais dans l’Hexagone, influencés par le contexte international et culturel, sont en effet favorables à l’indépendance. Plus encore, l’explosion démographique que connaissent les Antilles qui donne une visibilité jamais encore égalée à la jeunesse apparaît comme la source d’une explosion sociale qui pourrait être instrumentalisée par les partisans de l’indépendance. Ce discours alarmiste pour ceux qui sont les défenseurs d’une « Très Grande France » devient un postulat qui va réorienter la politique ultramarine de l’État pour contenir d’éventuelles menées séparatistes. Notre analyse déconstruit le discours qui avance que le souffle de la guerre atteint les rivages des Antilles, en somme qu’il existerait une génération d’Algérie aux Antilles. À travers nos recherches, nous éclairons les processus sociaux, culturels et politiques qui expliquent que les Antilles restent françaises dans un contexte qui est pourtant celui des décolonisations. L’ethnographie que nous avons menée fait apparaître des fractures culturelles, sociales et raciales au sein de la jeunesse résultant de la permanence d’un ordre socio-racial hérité de l’esclavage. Cette histoire par le bas, mettant en évidence un éclatement de la jeunesse, éclaire l’improbable convergence des luttes entre une jeunesse aux mobilisations politiques et une jeunesse aux mobilisations sociales. La prise de conscience de l’acuité de la question sociale par la jeunesse estudiantine militante au tournant des années 1970 établit les bases de mobilisations interclassistes sur les thèmes sociaux et culturels se traduisant par l’émergence d’une génération transsociale.