Thèse en cours

Le droit au silence dans les procédures répressives

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Auteur / Autrice : Blandine Durieu
Direction : Yvonne Muller
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé et sciences criminelles
Date : Inscription en doctorat le 21/11/2022
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Droit Pénal et de Criminologie

Résumé

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Le but de toute procédure pénale engagée est la recherche de la vérité judiciaire. Il s'agit du but même de la justice, qui tend à éviter l'erreur judiciaire. En matière judiciaire, la vérité est au cœur de chaque procédure engagée, puisque la recherche de la vérité est l'objet d'une procédure. Afin d'obtenir la vérité, la parole et la production de données semblent nécessaires afin d'obtenir des informations. C'est parce que la vérité des faits a été établie, qu'il a été démontré que le mis en cause est bien l'auteur de l'infraction reprochée, qu'il est alors juridiquement et moralement acceptable que justice soit rendue. La vérité judiciaire occupant une place si importante au sein d'une procédure, il convient de se demander la place qu'y trouve le droit au silence. Face à la recherche absolue de la vérité judiciaire, le droit au silence semble ne pas avoir sa place. Pourtant, il est érigé en droit de la défense. Le droit au silence est défendu aux niveaux constitutionnel et conventionnel. Occupant une telle place, il est indispensable de délimiter le droit au silence et le comparer aux autres notions. En tout état de cause, les frontières entre les procédures répressives tendant à s'amenuiser, le caractère pénal d'une procédure s'étend à des procédures qui, pourtant, n'étaient pas considérées à l'origine comme pénales. Partant, l'application du droit au silence encadré au sein de la procédure pénale est questionnée s'agissant des autres procédures. Il apparait qu'une procédure aboutissant à une sanction de matière pénale devrait garantir le respect du droit au silence. Néanmoins, si la jurisprudence française, dans la ligne de la jurisprudence européenne, laisse entrevoir cette extension du champ d'application du droit au silence, le législateur français ne le consacre pas à ce jour. Il convient également d'envisager les contraintes, parfois masquées, de l'application du droit au silence au sein des procédures répressives, et d'analyser les pratiques juridiques extraterritoriales pour tenter d'y palier. Le droit au silence fait partie et doit composer avec les droits de la défense. Il suffit ici de renvoyer à un droit de la défense majeur, la présomption d'innocence. Néanmoins, il est possible pour le législateur d'ériger des mécanismes de présomption de responsabilité pénale. Ainsi, garder le silence implique ici de ne pas renverser la présomption, et donc d'être reconnu responsable. Plus encore, le droit au silence concerne directement l'admissibilité des preuves récoltées et utilisées à charge. Il conviendra de préciser que l'appréciation par le juge des éléments dits lors d'auditions, et qui l'auraient peut-être été au détriment de l'exercice du droit au silence du mis en cause, permettra ou non de les utiliser à des fins de condamnation. Dès lors, comment le droit s'interpose-t-il au cœur du procès entre la recherche de la vérité et le droit du mis en cause de se taire ? De surcroît, le droit au silence ne concerne pas uniquement la parole mais également les données collectées, tant des documents écrits, que des données électroniques ou encore biologiques. Ainsi, la communication d'informations, peu important le moyen employé, est attendue des enquêteurs et du justiciable pour connaitre la vérité des faits. Ici, le droit au silence semble donc être un frein à la connaissance de la vérité puisque ne pas communiquer d'informations empêche le dévoilement de la vérité. Il convient de noter que la multiplication des procédures répressives, ainsi que la multiplication des pans procéduraux découlant des mêmes faits, bouleversent les droits de la défense, en particulier la pratique du droit au silence. La diversité des formes de répression ébranle pourtant le droit pénal et le droit répressif dans sa globalité en exposant le mis en cause à une différence de niveaux de protection de son droit au silence. Le droit au silence, pourtant considéré comme partie intégrante du procès équitable, n'est pas toujours garanti en pratique au sein d'une procédure. A partir de ce constat, l'ambition du travail de recherche qui est proposé, en partenariat avec le Cabinet LDG AVOCATS, est d'analyser l'application du droit au silence dans le cadre des procédures répressives. En effet, la pratique du droit au silence déstructure le droit pénal en s'arrogeant des frontières entre les procédures, créant un droit répressif global. Le droit au silence redessine les contours des droits de la défense au sein des procédures répressives et questionne la portée de la « matière pénale ». L'injonction de la recherche de la vérité constituant l'objet même de toute procédure en cours, qui trouve à composer avec le droit au silence, invite à repenser les frontières entre les procédures répressives et les contours du droit au silence. Se dessine alors l'objet de cette étude : observer comment la garantie du droit au silence induit un ébranlement tant des frontières entre les procédures répressives que des frontières entre les différents systèmes juridiques. L'objet de la thèse sera d'apporter une réponse à l'analyse des phénomènes de transformation du droit répressif, permettant de délimiter le droit au silence en droit répressif. Il s'agira donc de comprendre, comment le droit construit, par un jeu d'équilibriste entre recherche de la vérité judiciaire et garantie du droit au silence, les règles procédurales répressives. Après avoir décrit le contexte montrant un flottement, des incertitudes, des questions essentielles sur le droit au silence, l'objectif de la thèse sera de pouvoir préciser la notion du droit au silence de manière à apporter des réponses aux questions que l'on se pose. Il s'agira d'attribuer un sens à la diffusion de la garantie du droit au silence à l'ensemble des procédures répressives, à tous stades de la procédure. Il s'agira également de mettre en lumière des incohérences du régime juridique encadrant le droit au silence et, in fine, d'envisager un panel de propositions. Le but de la thèse est d'apporter des réponses à des questions fondamentales qui se posent aujourd'hui. La méthode retenue sera à la fois interdisciplinaire, comparée et axée sur la pratique. Seront donc convoqués dans cette étude, des techniques de droit comparé interne et une approche A cet effet, l'étude du droit au silence invitera à saisir son périmètre au sein des droits de la défense de façon globale, et le mettre en perspective avec la pratique des diverses procédures répressives et leur objet, à savoir la recherche de la vérité, et d'étudier si la vérité recherchée est la même dans toutes les procédures ou non. Par ailleurs, la force de cette recherche sera de s'inscrire dans la pratique, et cela, à partir du partenariat d'un acteur incontournable sur les questions de garantie du droit au silence au sein de procédures répressives, le Cabinet LDG AVOCATS. L'activité du Cabinet étant axée autour de contentieux en droit pénal des affaires, en droit pénal et en droit commercial, le Cabinet LDG AVOCATS constitue un formidable terrain d'investigation pour une thèse en droit pénal, et cela d'autant plus que le sujet est en phase avec les dossiers rencontrés, qui ne se cantonnent pas au droit pénal pur mais traitent de procédures répressives diverses et complexes (fiscales, comptables etc.). Partant, la première année de thèse sera essentiellement consacrée au travail de recherche bibliographique et visera à établir les critères de distinction entre la notion de droit au silence et les notions périphériques de vérité judiciaire, d'auto-incrimination, ou encore de droit au mensonge. Poursuivant les travaux de recherche, la construction du plan pourra alors permettre la rédaction pour consacrer la dernière année à la rédaction finale et à la préparation de la soutenance.