Habiter un territoire-laboratoire : Récits et gestuelles quotidiennes, techniques et scientifiques en Antarctique
Auteur / Autrice : | Emilie Pillon |
Direction : | Alessia De biase |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Inscription en doctorat le 23/11/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement |
Mots clés
Résumé
Situé aux confins du monde, l'Antarctique est un continent méconnu, façonné depuis sa découverte par et pour la science. Des laboratoires métropolitains jusque dans les stations de recherche se mettent en place une infrastructure au service de la production de la donnée scientifique, seule ressource légalement exploitable. Raconté comme un lieu hors-temps et hors-monde, ce territoire -laboratoire est pourtant bien soumis aux transformations de la société et du monde. « Tout à la fois lieu d'étude et objet à observer » (Grevsmühl, 2010:119), l'Antarctique constitue à la fois une « archive exceptionnelle », mais aussi une « alarme » (Langebroek, 2023) des impacts des changements climatiques qui adviennent. Plus que jamais, le continent appartient aux grands systèmes du monde : atmosphères, océans, climat. La publication en 2021 de la première Stratégie polaire nationale, mais aussi le récent rapport commandé par l'Union européenne sur la place de l'UE en Antarctique, ont remis sur la table les enjeux que constituent depuis plusieurs années le maintient d'activité de recherche. Ainsi, ce sont des générations de météorologues, de glaciologues, de paléoclimatologues, mais aussi d'astrophysicien, de biologiste, écologues, océanographes qui se succèdent sur les bases de recherches, chacun·e participant à décrire de leur perspective le fonctionnement de ce territoire. L'Antarctique permet de raconter non seulement le passé de notre planète et de notre monde, mais aussi son futur. La thèse s'interroge sur l'inscription dans le temps des pratiques savantes. En quoi le « geste de chercher » (Flusser, 2014[1999]) participe-t-il à faire de l'Antarctique un territoire-laboratoire ? Comment se déploie-t-il dans le temps, est-il transmis ? Quelle est alors la valeur de la donnée scientifique comme outil de description du territoire-laboratoire ? Quel rapport au temps se met en place dans l'attention portée par les scientifiques à cet espace ? Au travers de la collecte de récits polysémiques autour de l'Antarctique, des chercheurs·es agguéri·es jusqu'aux jeunes volontaires, et d'observations (participante) des projets de recherches, la thèse questionne les récits, les temps et les gestes « antarctique » participants à définir cette entité si lointaine et pourtant toute proche.