Thèse en cours

Gouverner les risques : Analyse des trajectoires sociales et carcérales des mineurs à l'aune des épidémies émergentes et réémergentes

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Auteur / Autrice : Gnouma Koniono
Direction : Gilles ChantraineMohamed Moustapha Diop
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sociologie et démographie
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2022
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....) en cotutelle avec Université Generale Lansana Conté de Sonfonia/Conakry
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Lillois d'Études et de Recherches économiques et Sociologiques

Résumé

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« La santé est un parent pauvre du système carcéral ». Le Marcis (2020) reprend ici Venters (2019) en évoquant le cas des prisons africaines en début de Covid-19. Au-delà du manque de programmes de santé adaptés, ces institutions sont aussi caractérisées par des conditions d'enfermement difficiles et une surpopulation carcérale. En Guinée par exemple, le nombre de détenus en 2019, s'élève à 4 375 – soit 34 détenus pour 100 000 habitants – incluant 5% de mineurs et 3% de femmes et mineures (World Prison Brief, consulté le 22/09/2022) . Les lieux de détentions les plus touchés par la surpopulation sont les Maisons Centrales ; la Maison Centrale de Conakry (MCC) comptant plus de 1500 détenus (Barry, 2021 ; Koniono, 2022), soit 40 % de la population carcérale du pays (PRISON INSIDER, 2015). Le taux de surpopulation carcérale y avoisine les 500% (Barry, 2021 ; Koniono, 2022) comparativement à la capacité d'accueil initiale, estimée à 300 détenus. Ces conditions de détention permettent dès lors de comprendre les possibles contaminations rapides qui peuvent avoir lieu entre les détenus en cas d'épidémies. Par exemple, l'enquête de séroprévalence du SARS-CoV-2 réalisée à la Maison Centrale par Barry (2021) montre que sur 182 détenus prélevés, 99% sont atteints de la Covid-19 – alors même que, dès le début de l'épidémie de Covid-19, un centre de traitement épidémique y avait été mis en place. Ces données précisent dès lors l'impact des interactions entre le dedans et le dehors de la prison en matière de transmission des maladies, notamment des entrées et sorties des détenus, du personnel pénitentiaire et des objets en mouvement. Ces conditions de détention révèlent un abandon des institutions pénitentiaires et de leurs occupants par l'État et la société en général, permettant de comprendre ainsi l'illégitimité dont fait l'objet la population carcérale sur le continent africain (Le Marcis, 2020). Ce projet analyse la gouvernance et la circulation des risques dans le monde carcéral en Guinée, qu'il s'agisse du risque sécuritaire ou sanitaire, via l'étude des trajectoires des jeunes délinquants et détenus. Comment les détenus « font-ils » leur prison, négociant les conditions de leur enfermement selon leur inscription dans une hiérarchie et un système de valeur au sein du milieu carcéral ? Quelles sont les ressources mobilisables pour les détenus et à quel type de risque sont-ils exposés ? Comment le risque infectieux dans et en dehors de la prison est-il géré dans ces conditions ? L'enjeu est ainsi d'examiner comment les pouvoirs publics et la société en général se saisissent ou non de cette problématique, et dans quelles logiques. La question des tensions entre discours internationaux et pratiques locales fera l'objet d'une attention particulière. Pour mener ce travail, je réaliserai des ethnographies à la Maison Centrale de Conakry avec les détenus afin de comprendre leurs conditions de détention. Je vais également poursuivre ce travail hors de la prison pour décrire le retour du détenu dans sa famille et/ou la société afin d'analyser les premières interactions qu'il aura avec cette dernière. Je souhaite également reconstituer trente récits de vie auprès des détenus afin de comprendre leurs trajectoires sociales, carcérales et/ou leur parcours institutionnel. Mots clés : Gouvernement des risques, illégalismes, risques sanitaires, prisons, Guinée