Étude de la fusion proton-bore induite par laser
Auteur / Autrice : | Howel Larreur |
Direction : | Dimitri Batani, Luca Volpe |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Astrophysique, Plasmas, nucléaire |
Date : | Inscription en doctorat le 21/11/2022 |
Etablissement(s) : | Bordeaux en cotutelle avec Université de Salamanque |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences physiques et de l’ingénieur (Talence, Gironde ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Lasers Intenses et Applications |
Equipe de recherche : Particules Et Transport, Rayonnement Ultra-bref, matière sous conditions eXtrêmes |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
INTRODUCTION ET JUSTIFICATION DU SUJET D'ÉTUDE The sujet du travail de recherche sera l'étude de la fusion proton-bore p-11B induite par laser, et la génération de particules alpha en découlant. Bien que la fusion p-11B pourrait un jour trouver des applications dans le domaine de la production d'énergie, cette thèse se concentrera sur : i) comprendre la physique fondamentale impliquée dans la génération de particules alpha par laser ; et ii) étudier les possibilités de développement de sources alpha de haute luminosité générées par laser pour des applications médicales, physiques et technologiques. La fusion aneutronique est basée sur des réactions de fusion nucléaire, comme la réaction proton-bore p‑11B, qui libère de l'énergie sous forme de particules chargées, typiquement des protons ou des particules alpha, contrairement à la fusion nucléaire deutérium-tritium où l'énergie libérée est principalement transportée par des neutrons. La fusion aneutronique pourrait grandement réduire les problèmes associés à la gestion des neutrons, les besoins de radioprotection, la sécurité d'opérations à distance sur une installation, et faciliterait la maintenance des réacteurs tout en augmentant leur durée de vie. Cependant, les conditions requises pour obtenir la fusion aneutronique sont beaucoup plus extrêmes que celles requises pour la fusion deutérium-tritium, comme cela sera étudié sur le réacteur du projet ITER. Récemment, de nouveaux schémas de fusion p-11B ont été proposés [Hora2017, Wang2017, DeSilva2017] basés sur l'utilisation de deux lasers de classe pétawatt à amplification par dérive de fréquence [Blain2020] pour déclencher la fusion p-11B avec l'approche pitcher-catcher. Un laser ionise des atomes d'hydrogène et accélère les protons libres résultants par mécanisme de TNSA (Target Normal Sheath Acceleration) vers un plasma de bore. Un tel plasma peut finalement être confiné par un champ magnétique kilotesla créé par un second laser focalisé sur une cible dite de type condensateur-bobine [Santos2015, Fujioka2013]. Les ions 4He2+ (les particules alpha) sont produits dans le plasma de bore par les réactions de fusion nucléaire ; et pourraient être convertis en électricité sans l'étape de conversion thermique et les pertes lui étant associées. Cette méthode peut déclencher une avalanche de réactions qui peut fortement augmenter le rendement de fusion. Durant les dernières décennies, l'arrivée en masse de lasers haute puissance en Europe et à l'étranger a motivé des recherches portant sur la fusion proton-bore. De récentes expériences utilisant des pulses de lasers à amplification par dérive de fréquence [Belyaev2005, Labaune2016, Picciotto2014, Margarone2014, Giuffrida2020] ont montré une progression impressionnante du rendement de réaction. Cela pourrait rendre possible le développement de sources d'alphas de haute luminosité générées par laser ; avec de multiples applications, notamment dans le domaine médical. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL ET OBJECTIFS DE RECHERCHE PRINCIPAUX L'objectif du projet de recherche est d'avancer dans les connaissances et les performances de la fusion proton-bore induite par laser. Pour cela, une boucle entre des activités expérimentales, des prédictions théoriques et des simulations numériques va être mise en place avec l'objectif de faire des avancées cohérentes dans toutes les directions. L'étudiant participera à la plupart des campagnes expérimentales avec un effort supplémentaire de simulations numériques pour préparer les expériences et analyser les résultats. Une première tâche sera l'étude et la sélection de différentes géométries de cibles pour optimiser la fusion p‑11B en termes de rendement et de spectre énergétique ; en utilisant à la fois les résultats expérimentaux et ceux de simulations (hydrodynamiques, particle-in-cell, et Monte-Carlo). Une attention particulière sera prêtée à la conception et au test de cibles ad-hoc basées sur les différentes spécifications des lasers (e.g. durée des pulses, intensité, contraste) et/ou les objectifs scientifiques et technologiques de la manipulation. Les activités expérimentales incluront une série d'expériences sur des installations laser de haute intensité autour du monde, les plus importantes étant : L'installation petawatt à haut taux de répétition Vega, au Centro de Laseres Pulsados (CLPU) à Salamanque, en Espagne, où des manipulations sont déjà acceptées et prévues pour les deux prochaines années. Le laser kilojoule, multi-terawatt Omega EP à Rochester aux États-Unis. Le système kilojoule, multi-terawatt Gekko/LFEX à Osaka au Japon. Le laser kilojoule, terawatt PALS à Prague en Tchéquie. L'objectif de ces recherches expérimentales est d'avancer dans la connaissance de la fusion p-11B induite par laser afin de découvrir comment progresser vers son usage pour le développement de sources d'alphas de haute luminosité produites par laser. Bien-sûr, les résultats obtenus pourront aussi être utiles pour clarifier certains problèmes liés à la fusion p-11B pour la production d'énergie. Le doctorant divisera son travail entre les deux institutions directrices du doctorat commun : l'Université de Bordeaux et l'Université de Salamanque. Ceci garantira au candidat d'être plongé dans un milieu de recherche actif avec plusieurs opportunités de carrière à la suite de son doctorat. MÉTHODE La méthodologie utilisée pendant cette thèse comprendra et consistera en : Des recherches bibliographiques sur les principaux thèmes du sujet de recherche. Une période de formation (principalement la première année) en physique de l'interaction laser-plasma, en méthodes numériques et dans d'autres disciplines liées au sujet de recherche. La participation à des conférences, en lien avec le sujet de recherche, où l'étudiant présentera son travail. De plus, il devra préparer de courtes présentations concernant les expériences en cours. La participation à des Écoles liées au sujet de recherche. Là aussi, l'étudiant devra présenter son travail et les expériences en cours. Une partie importante du doctorat sera l'implication dans des activités expérimentales au CLPU ou dans d'autres installations de haute puissance en Europe et à l'étranger. L'étudiant sera suivi périodiquement à l'occasion de réunions avec ses deux superviseurs (à Bordeaux et à Salamanque, en personne ou en visioconférence). De plus, quelques fois par an, il devra préparer un séminaire sur le statut de ses activités et faire un résumé des Écoles et conférences auxquelles il a participé. RESSOURCES & MATERIEL L'étudiant aura accès : au laboratoire CLPU, son système laser Vega et, si possible, aux diagnostics du CLPU ; aux infrastructures de l'Université de Salamanque et aux cours d'interaction laser-plasma organisés en collaboration entre le CLPU et l'Université de Salamanque; aux infrastructures de l'Université de Bordeaux et aux cours d'interaction laser-plasma organisés par l'Université de Bordeaux. PROGRAMME PAR ANNÉE Le travail de l'étudiant sera organisé comme suit : Première année : formation à l'interaction laser-plasma, recherches bibliographiques liées au projet de recherche et premiers travaux d'analyses de données expérimentales. Campagnes expérimentales au CLPU et à PALS. Deuxième année : analyse des données expérimentales des premières campagnes au CLPU, à PALS et à Gekko. Troisième année : suite du travail d'analyse de données et préparation finale de la thèse de doctorat. RÉFÉRENCES [Belyaev2005] Belyaev, V., et al., Observation of neutron less fusion reactions in picosecond laser plasmas. Physical review. E, Statistical, nonlinear, and soft matter physics, 2005. 72: p. 026406. https://doi.org/10.1103/PhysRevE.72.026406 [Labaune2016] Labaune, C., et al., Laser-initiated primary and secondary nuclear reactions in Boron-Nitride. Scientific Reports, 2016. 6: p. 21202. https://www.nature.com/articles/srep21202 https://doi.org/10.1103/PhysRevX.4.031030 [Picciotto2014] Picciotto, A., et al., Boron-Proton Nuclear-Fusion Enhancement Induced in Boron-Doped Silicon Targets by Low-Contrast Pulsed Laser. Physical Review X, 2014. 4: p. 031030. https://journals.aps.org/prx/abstract/10.1103/PhysRevX.4.031030 [Margarone2014] Margarone, D., et al., Advanced scheme for high-yield laser driven nuclear reactions. Plasma Physics and Controlled Fusion, 2014. 57(1): p. 014030 https://iopscience.iop.org/article/10.1088/0741-3335/57/1/014030 [Giuffrida2020] Giuffrida, et. al. (2020). High-current stream of energetic α particles from laser-driven proton-boron fusion. PHYSICAL REVIEW E 101, 013204 https://doi.org/10.1103/PhysRevE.101.013204 [Fujioka2013] Fujioka, S., et al., Kilotesla Magnetic Field due to a Capacitor-Coil Target Driven by High Power Laser. Scientific Reports, 2013. 3: p. 1170. https://www.nature.com/articles/srep01170 [Santos2015] Santos, J.J., et al., Laser-driven platform for generation and characterization of strong quasi-static magnetic fields. New Journal of Physics, 2015. 17(8): p. 083051. https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1367-2630/17/8/083051 [Hora2017]Hora, H.; Eliezer, S.; Kirchhoff, G.J.; et al. (12 December 2017). 'Road map to clean energy using laser beam ignition of boron-hydrogen fusion'. Laser and Particle Beams. 35 (4): 730740. Bibcode:2017LPB....35..730H. doi:10.1017/S0263034617000799. [Wang2017] Brian Wang (13 December 2017). 'Breakthroughs could make commercial laser nuclear fusion through billion times improvements in yield'. NextBigFuture. [DeSilva2017] Wilson Da Silva (14 December 2017). 'Laser-boron fusion now 'leading contender' for energy'. UNSW Newsroom.