Thèse en cours

Influence des polluants hérités de la Grande Guerre sur l'assemblage et le fonctionnement des polémo-écosystèmes

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Auteur / Autrice : Laure Parodi
Direction : Déborah Closset-koppStéphanie Sayen
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences Ecologiques Ecologie Historique-25DSE3
Date : Inscription en doctorat le 01/11/2022
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences, Technologie, Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EDYSAN - Unité de recherche Ecologie et Dynamique des systèmes anthropisés

Résumé

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L'héritage toxique de la Grande Guerre est une préoccupation majeure de santé publique dans le nord et l'est de la France : la lente dégradation des munitions enfouies libère des polluants chimiques qui contaminent l'eau et les sols. Le travail de thèse vise à mettre en relation le transfert des contaminants dans l'environnement avec le fonctionnement des écosystèmes forestiers et agroécosystèmes qui se sont développés sur les anciens champs de bataille. Il s'agit de mieux comprendre les phénomènes se déroulant à l'interface sol-végétation des anciens champs de bataille, en vue d'identifier des indicateurs chimiques, écologiques et écophysiologiques (potentiellement télédétectables) d'une exposition aux polluants hérités de la Grande Guerre. Ce sujet de thèse inter- et trans-disciplinaire (écologie fonctionnelle et chimie environnementale) combine des approches comparatives et corrélatives, au laboratoire et in natura (notamment dans la Somme et en Argonne). Le travail consistera, en premier lieu, à cartographier les bois et champs des anciennes zones de front et d'arrière-front de la Grande Guerre, à partir des archives disponibles. Une analyse régressive du paysage reconstituera les usages du sol avant 1914 et actuellement (cultivé vs. boisé) de manière à distinguer les polémoforêts établies sur d'anciennes forêts vs. sur d'anciens champs. Le même exercice sera répété sur les zones actuellement cultivées (agrosystèmes perturbées vs témoins). Le taux de destruction en 1914-1918 (total, partiel, nul) sera également reconstitué à partir des archives disponibles. Ces données historiques seront confirmées par télédétection de la microtopographie à l'aide d'un drone équipé d'un LiDAR. Une fois les sites identifiés, le travail consistera à caractériser le complexe sol-végétation, par le biais de relevés de végétation (méthode phytosociologique) et d'analyses physico-chimiques des sols. L'absence de certaines espèces, la surabondance d'autres, la présence de chloroses, l'altération de certaines fonctions biologiques (croissance, taille de feuilles ou autres traits d'histoire de vie) ou de variations de biomasses végétales serviront d'indicateur de perturbation et de pollution. Enfin, il s'agira de doser différents polluants dans les sols, dans l'eau du sol et dans les tissus végétaux (espèces cibles, issues des milieux forestiers et agrosystèmes) et de « mesurer » et caractériser les altérations physiologiques (respiration, photosynthèse…) des plantes liées à la présence de ces polluants, par télédetection (e.g. une signature multispectrale d'un polluant donné). Cette étude sera complétée par des expérimentations en conditions contrôlées sous serre : exposition aux mêmes polluants que ceux identifiés in natura (mêmes teneurs et ratios) des mêmes espèces que celles identifiées sur les sites, à la plate-forme de phénotypage du CRRBM à l'Université de Picardie Jules Verne à Amiens. L'objectif ultime de cette thèse sera d'identifier des indicateurs de contamination des sols et de l'eau absorbée via la réponse des plantes, qui peuvent être des altérations physiologiques potentiellement télédétectables, en vue de détecter une éventuelle « signature » multi- ou hyperspectrale de l'exposition aux polluants, ce qui ouvrirait la voie à une possible détection des zones polluées sur de vastes étendues et, in fine, à une cartographie de l'exposition animale et humaine.