Thèse en cours

Déshumanisation des élèves de bas vs. haut statut socio-économique, et justification des inégalités sociales à l'école

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Auteur / Autrice : Coralie Botalla-Raynal
Direction : Frédérique Autin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie
Date : Inscription en doctorat le 19/09/2022
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humains en société (Poitiers ; 2022-....)

Résumé

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Les inégalités de réussite scolaire en fonction de l’origine sociale sont particulièrement persistantes, en attestent par exemple les rapports PISA successifs. Afin de contribuer à la compréhension de la persistance de ces inégalités, le projet vise à étudier comment les élèves de différents milieux sociaux sont perçus et en quoi cette perception peut contribuer à la justification des inégalités sociales à l’école. En effet, les recherches en psychologie sociale suggèrent que les inégalités ne sont pas nécessairement perçues comme injustes et ne suscitent pas toujours une condamnation ou une volonté de réparation (Jost et al., 2004). Un élément qui contribue à l’acceptation des inégalités est la déshumanisation des personnes qui en sont victimes (e.g., Esses et al., 2008). La déshumanisation correspond à la perception d’un groupe comme ne possédant pas pleinement l’essence humaine. Elle peut prendre deux formes (Haslam, 2006) : la déshumanisation animaliste lorsque le groupe est perçu comme manquant d’unicité humaine, qui renvoie à la maturité, la civilité, la rationalité ; et la déshumanisation mécaniste lorsque le groupe est perçu comme manquant de nature humaine, qui renvoie à la capacité à avoir des émotions, l’ouverture d’esprit, la chaleur et la profondeur. Une étude récente a montré que les individus de bas statut socio-économique (SSE) sont animalisés alors que les individus de haut SSE sont mécanisés (Sainz et al., 2019). De plus, la déshumanisation animaliste des individus de bas SSE est associée au fait de les blâmer pour leur situation et entraine un plus faible soutien pour des politiques soutenant les plus démunis (Sainz, Martínez, et al., 2020). Ainsi, la déshumanisation animaliste des individus de bas SSE semble justifier leur sort et réduire le soutien pour des mesures qui pourraient corriger les inégalités sociales. Le projet vise à étendre ces recherches en les transposant au milieu scolaire. Il s’agira d’examiner dans quelle mesure les élèves de milieux populaires et favorisés sont la cible de déshumanisation. Ensuite, nous étudierons en quoi l’animalisation des élèves de milieux populaires entraine une acceptation des inégalités de réussite scolaires liées à la classe sociales (e.g., perception de justice de décisions d’orientations biaisées), et une plus faible volonté de voir appliquées des mesures visant à réduire les inégalités sociales à l’école (e.g., soutien pour l’investissement dans des politiques d’éducation prioritaire).