Thèse en cours

Mise à l'échelle d'un processeur quantique bosonique pour des applications de traitement de l'information quantique

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Auteur / Autrice : Diego Ruiz
Direction : Mazyar Mirrahimi
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Physique
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de physique de l'ENS (Paris ; 2019-....)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)

Résumé

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La construction d'un processeur quantique capable d'exécuter des algorithmes quantiques utiles est une tâche extrêmement difficile. La principale difficulté réside dans le nombre de qubits nécessaires pour exécuter des algorithmes de taille utile, et donc dans les taux d'erreur extrêmement faibles requis (car l'exécution d'un long algorithme sur un matériel trop bruyant enterrerait le résultat correct de l'algorithme sous bruit). Pour atteindre des taux d'erreur suffisamment bas (typiquement, on recherche une probabilité d'erreur de 1e-10 - 1e-15 par porte quantique), il faudra très probablement utiliser la correction d'erreur quantique (QEC), car les taux d'erreur typiques des processeurs quantiques de pointe actuels se situent généralement dans la fourchette 10-2 - 10-4. Malheureusement, la mise en œuvre de la CQE s'avère difficile, car elle ne fonctionne que si la qualité du matériel quantique est supérieure à un certain seuil, qui n'a été atteint que ces deux derniers mois (voir par exemple les travaux récents de l'équipe Google Quantum). Pour simplifier la tâche de construction de codes correcteurs d'erreurs quantiques fonctionnels, une approche prometteuse consiste à utiliser des qubits bosoniques. Le paradigme de cette approche consiste à exploiter l'espace de Hilbert infini d'un oscillateur harmonique quantique pour délocaliser (dans l'espace de phase) l'information quantique codée. Comme les processus d'erreur typiques sont locaux dans l'espace de phase, les qubits bosoniques bénéficient en quelque sorte d'une couche de protection au niveau matériel, une propriété qui réduit la surcharge nécessaire aux codes de correction d'erreurs quantiques (et donc aux algorithmes quantiques utiles). Parmi les qubits bosoniques, les qubits chats reposent sur le codage de l'information quantique dans une superposition d'états cohérents. Le confinement de l'état de l'oscillateur harmonique quantique dans l'espace de code du qubit chat a été réalisé expérimentalement en utilisant deux approches différentes. La première approche, basée sur l'ingénierie des réservoirs, utilise une dissipation à deux photons. La protection par dissipation est très robuste, mais il est difficile de mettre en œuvre des portes rapides sur de tels qubits de chat stabilisés, car l'échelle de temps typique des portes est donnée par le taux (inverse) de la dissipation à deux photons artificielle, qui est généralement de l'ordre de centaines de kHz. La deuxième approche repose sur l'utilisation d'un confinement hamiltonien, en combinant un entraînement par écrasement avec la non-linéarité de Kerr. Le temps de porte typique des qubits Kerr-cat peut être beaucoup plus rapide, car il s'échelonne typiquement avec l'amplitude de la non-linéarité Kerr, dans la gamme des MHz, et l'utilisation d'impulsions super-adiabatiques. Cependant, comme ces qubits ne sont pas stabilisés par un mécanisme dissipatif, ils sont moins robustes au bruit, et certains types de bruit suppriment la suppression exponentielle des erreurs de bit-flip. Des travaux récents ont montré qu'il n'est pas simple de combiner les deux types de confinement afin de bénéficier des avantages des deux. L'objectif de cette thèse est de proposer de nouveaux types de codage pour les qubits bosoniques, afin de maintenir le niveau de robustesse des qubits chats dissipatifs tout en étant capable de réaliser des portes rapides sur ces qubits. Plus précisément, ce travail se concentrera d'abord sur l'étude du spectre hamiltonien du qubit chat de Kerr, et proposera une modification de ce confinement de Kerr afin d'éviter la fuite vers des niveaux excités élevés (HEL). Ensuite, ce travail se concentrera sur la généralisation du codage du qubit chat à des sous-espaces de dimension supérieure et étudiera comment cet espace élargi peut fournir une protection supplémentaire.