Thèse en cours

La compétition morphologique dans la suffixation des noms d'instruments en français
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Auteur / Autrice : Yifeng Lin
Direction : Florence Villoing
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Inscription en doctorat le 21/10/2022
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire MoDyCo (Nanterre)

Mots clés

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Résumé

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La suffixation des noms d'instruments désigne la construction des noms instrumentaux à travers l'ajout de suffixes à valeur instrumentale à une base morphologique. En langue française, les 8 suffixes suivants sont souvent mobilisés afin de construire les noms d'instruments : -eur /-euse /-trice sur base verbale , -oir /-oire sur base verbale, -ier /-ière sur base nominale, -ail sur base verbale (Huot 2005; Wang 2016; Grévisse 2021). Dans notre recherche, nous nous concentrons surtout sur la concurrence dans la formation morphologique des noms d'instruments et l'interaction entre la productivité et la compétition sur les bases respectivement verbales et nominale. Cette recherche s'inscrit donc dans une perspective très contemporaine de la morphologie, qui connaît au cours des deux dernières décennies, une véritable révolution empirique, à la fois du point de vue de la collecte des données (aujourd'hui à très grande échelle) et de l'utilisation d'outils statistiques qui permettent des analyses nouvelles. La concurrence dérivationnelle a fait l'objet de nombreux travaux dans la période récente et s'est avérée bien fructueuse (Plag 1999; Uth 2010; Fradin 2019; Missud & Villoing 2020, Cartier et Huyghe 2021). Ces dernières années, les morphologues ont proposé l'approche statistique et la perspective biologique pour effectuer des recherches sur la compétition morphologique. Par exemple, Arndt Lappe (2014) s'appuie sur le modèle analogique pour analyser et prédire la concurrence des adjectifs dénominaux anglais avec les suffixes -ity et -ness pour les propriétés phonologiques et syntaxiques. Bonami et Thuilier (2019) utilisent une régression logistique multivariée appliquée à des données massives au niveau de propriétés phonologiques, morphologiques et sémantiques pour prédire la préférence de suffixe. En outre, Aronoff a développé cette dernière décennie (Lindsay and Aronoff (2013), Aronoff and Linday (2014), Aronoff (2016) et Aronoff (2019)) une perspective évolutionnariste de la compétition morphologique qui considère que la compétition entre affixes concurrents répond aux mêmes grands principes que la sélection naturelle en biologie. Les travaux récents cités nous offrent une bonne référence pour déclencher notre recherche. À travers cette thèse, nous espérons traiter la compétition de la suffixation des noms d'instrument dans le cadre théorique de la morphologie lexématique (Aronoff 1994 ; Booij 2010). Nous allons travailler sur des formes attestées et contextualisées. Les données de cette thèse seront en provenance des dictionnaires (Grand Robert de la langue française et TLF) et du corpus FrCow, actuellement le plus large et le plus récent corpus web disponible pour le français, comptabilisant 9 milliards de mots extraits du web (Schäfer & Bildhauer 2012 ; Schäfer 2015). Autrement dit, il nous faut constituer une quantité de données suffisante pour réaliser notre objectif. En s'appuyant sur les dictionnaires et le corpus massif tiré du web, nous nous servirons de méthodes statistiques à l'aide du logiciel R dans le but de préciser les contraintes et d'analyser quantitativement et qualitativement la répartition du lexique construit par ces suffixes en synchronie et en diachronie. Nous tentons également de concevoir le mode de compétition et le modèle en fonction de l'arbre décisif (pour prédire la construction des noms instrumentaux à travers l'ajout de suffixes à valeur instrumentale influencé par les contraintes linguistiques ayant une relation colinéaire), et d'interpréter les facteurs portant des influences sur les contraintes, la compétition et l'interaction entre la productivité et la compétition à l'aide de théories de Construction Morphology ou la linguistique cognitive (Booij 2010).