« Les Miracula sancti Germani d'Heiric d'Auxerre.Établissement d'un texte latin d'après le manuscrit de Laon, traduction et notes d'une réécriture carolingienne ».
Auteur / Autrice : | Josée Daudré-Vignier |
Direction : | Anne FraÏsse |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études grecques et latines |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier Paul-Valéry |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRISES - Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales |
Mots clés
Résumé
« Les Miracula sancti Germani d'Heiric d'Auxerre. Établissement d'un texte latin d'après le manuscrit de Laon, traduction et notes d'une réécriture carolingienne ». HEIRIC OF AUXERRE'S Miracula Sancti Germani, establishment of a latin text conforming to the manuscript of Laon, translation, and notes of a Carolingian rewriting. Au IXe siècle, Heiric, moine de l'abbaye d'Auxerre, s'inspire de la Vita sancti Germani écrite par Constance de Lyon vers 480, quelques années après la mort de saint Germain en 448 : il écrit lui-même les Miracula Sancti Germani, c'est-à-dire les Miracles de saint Germain, évêque d'Auxerre de 418 à 448. Il y reprend brièvement la conversion et la vie de saint Germain, homme de haute condition, célèbre au Ve siècle pour son rôle considérable aussi bien comme religieux que comme fonctionnaire de l'empire qui se risqua à entreprendre deux voyages en Bretagne en 430 et 448, entre lesquels il se rendit à Arles pour demander au préfet des Gaules d'alléger l'impôt pesant sur les Auxerrois. Appelé à l'aide par les Armoricains révoltés contre Aetius et maltraités par les Alains, l'évêque reprit la route, cette fois pour Ravenne où se trouvait Aetius, à la cour impériale de Galla Placidia et son fils Valentinien III. Il y trouva la mort et son corps fut ramené dans son diocèse, escorté d'un imposant cortège. Saint Germain a joui d'un grand culte en France, où de multiples églises lui ont été consacrées. Il a fréquenté de nombreux autres dignitaires et de grandes figures de saints contemporains et sa vie puis son corps, après sa mort, furent entourés de miracles éclatants. L'auteur a procédé à deux réécritures de l'uvre de Constance de Lyon : l'une est une nouvelle Vita, réécrite en vers ; l'autre est le recueil de miracles en prose intitulé Miracula Sancti Germani, qui fera l'objet de mon travail. Cette uvre, qu'on date d'environ 860 à 873, comprend un résumé de la vie de l'évêque, mais aussi l'inventaire des miracles opérés par ce saint après la rédaction de la Vita de Constance, notamment lors des deux translations solennelles de ses reliques, l'une en 841 et l'autre en 859, sur l'ordre de Charles le Chauve. Né en 841 et mort vers 876, l'auteur de cette réécriture hagiographique, fut un acteur du « renouveau carolingien ». Il eut pour maître Haymon d'Auxerre et Loup de Ferrière et fut le maître de Rémi d'Auxerre qui nous a transmis l'enseignement d'Heiric sur les auteurs de l'antiquité latine. Il apprit aussi le grec. Il connut Scot Érigène, dont il adopta la philosophie. L'uvre de Constance de Lyon est connue et a fait l'objet d'une traduction. Celle d'Heiric est souvent citée mais n'a pas été traduite, sauf une partie des Miracula. D'autre part, d'après les éminents spécialistes de ces sujets que sont M.-L. Gout et D. Iogna-Prat, « le manque d'une bonne édition critique des Miracula se fait cruellement sentir et le meilleur moyen pour travailler sur ce texte est de se plonger dans le manuscrit. » Je me propose donc de consacrer ma thèse à cette uvre dont j'établirai préalablement le texte et que je traduirai, ce qui engage une comparaison avec les deux uvres, la Vita de Constance de Lyon et la Vita d'Heiric d'Auxerre. On possède un manuscrit de la seconde moitié du IXe siècle, le plus ancien, provenant de Laon et comportant à la fois les Miracula et la Vita, le codex Paris BnF latin 13757. C'est à partir de ce manuscrit et du texte de Migne dans la Patrologie Latine, que j'établirai un texte qui lui soit le plus fidèle possible. Nous pourrons préciser quelles sont les intentions d'Heiric et son rapport avec ses lecteurs. Ce recueil de miracles répond en effet à des intentions très précises de la part d'Heiric : glorification du saint fondateur de l'abbaye dont il est moine, bien sûr, mais de plus, mise en place originale du « schéma des trois ordres ». L'auteur manifeste aussi ses connaissances de grand lettré de l'époque carolingienne. Il me faut donc entreprendre d'élucider autant que possible ses références et ses emprunts théologiques, philosophiques, spirituels et politiques. Le latin d'Heiric est aussi un point intéressant à étudier : quelles sont ses caractéristiques ? Quelle est la place de cette langue sous Charles le Chauve ? Quelle est l'importance de la représentation des auteurs latins païens de l'antiquité dans une uvre hagiographique ? J'utiliserai des logiciels de comparaison de textes pour élucider d'éventuels emprunts autres que ceux faits à Constance. Je recourrai en particulier à la Library of Latin Texts des éditions Brepols en ligne ainsi qu'à la Patrologia Latina Database, publiée par Chadwick-Healey Ldt. (Cambridge) afin de détecter ces emprunts et imitations.