Thèse en cours

Diversité des représentations du métier d'enseignant de FLE. Réflexions à partir de trois pays d'Europe centrale et orientale liés à la Francophonie

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Auteur / Autrice : Mathieu Houdayer
Direction : Emmanuelle Huver
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du Langage - Linguistique
Date : Inscription en doctorat le 02/11/2022
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Dynamiques et enjeux de la DIVersité linguistique et culturelle

Résumé

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Le présent projet de recherche visera à approfondir l'histoire récente de l'enseignement-apprentissage des langues en Europe, en partant de diverses réceptions, par des acteurs de terrain, des politiques didactico-linguistiques européennes et en se centrant en particulier sur le « tournant » des années 1980-1990 au cours desquelles se solidifie l'orientation communicative et les politiques européennes actuelles. À travers les témoignages de personnes diversement situées dans le domaine des langues (enseignants, chercheurs, formateurs, auteurs de manuels, éditeurs, etc.), il s'agira de mieux comprendre ce que ce moment historique a pu changer dans le métier d'enseignant de langues, dans sa manière de l'exercer, de le percevoir, de le vivre, et ce dans différents contextes d'enseignement-apprentissage des langues, dans différentes aires géographiques, afin de contraster les réceptions. Plus particulièrement, il sera question d'explorer les enjeux mentionnés ci-dessus en se focalisant sur l'enseignement-apprentissage du français d'une part et sur la zone de l'Europe centrale et orientale d'autre part. En effet, l'intégration des pays d'Europe centrale et orientale (désormais PECO) à l'Europe est un sujet toujours d'actualité et qui revient sur le devant de la scène depuis quelques années. En outre, il joue un rôle d'effet de loupe sur les problématiques soulevées ici. La dissolution des régimes communistes à partir de 1989 a confronté les économies et les sociétés de l'ancienne « Europe de l'Est » à la mondialisation des échanges et à ce qui est communément appelé un « retour vers l'Europe », cette formule faisant ici référence au « retour » aux valeurs de l'Europe de l'Ouest (valeurs démocratiques, éducatives, économiques, etc.). Or, en réalité, les PECO n'ont jamais cessé d'être européens et se vivent même comme étant historiquement et géographiquement le cœur de l'Europe (Nowicki, 2021). Par ailleurs, l'ouverture sur cette Europe (ou la rencontre de ces deux Europes) a largement reconfiguré l'offre et la demande de langues étrangères, et notamment celles du français, ainsi que les modalités de leur enseignement-apprentissage dans les PECO. En d'autres termes, la question de « l'intégration » des PECO à l'Europe a des résurgences dans le domaine de la didactique des langues – même si cette dernière interroge peu ces phénomènes sous l'angle politique, car elle privilégie un angle d'analyse centré sur les dimensions techniques de l'enseignement (les méthodologies et outils d'enseignement et leur efficacité). Ce sujet de thèse partira, à l'inverse, de l'observation selon laquelle dans les PECO, les traditions éducatives héritées de l'enseignement des langues étrangères sous l'ère soviétique, semblent constituer, encore aujourd'hui et selon des modalités variables, un point de repère pour différentes générations d'enseignants de français de cette zone géographique. L'hypothèse de départ sera que les discours produits sur les méthodes et les pratiques privilégiées (ou désavouées) d'enseignement du français sont l'expression de formes de « rencontres » diversifiées (plus ou moins paisibles ou tourmentées) entre différentes traditions éducatives. À travers la singularité des expériences vécues des témoins ancrées dans des conceptions du monde et de l'histoire (peut-être et au moins en partie) différentes de celle de l'Europe de l'Ouest, il s'agira d'inventorier les positionnements exprimés pour mettre en évidence d'une part diverses représentations du métier d'enseignants de FLE dans cette « Autre Europe » et d'autre part, les enjeux sociolinguistiques et politiques plus larges qui se jouent dans ces situations didactiques. Pour ce faire, cette thèse se concentrera sur trois pays d'Europe centrale et orientale (la Hongrie, la Serbie, la Roumanie) appartenant anciennement au bloc soviétique et dans lesquels le français a un statut sociolinguistique contrasté. Cette étude, qui adopte une démarche qualitative, s'appuiera sur l'interprétation de deux corpus complémentaires en optant pour une démarche de type analyse qualitative de discours et en s'inspirant des principes de la comparaison herméneutique développée par G. Jucquois. Le premier comportera des ouvrages et des documents officiels en lien avec les politiques linguistiques et les traditions éducatives (programmes éducatifs, curricula, etc.) permettant de tracer une histoire des relations entre l'enseignement du français et les politiques européennes à partir des années 1990. Le second corpus sera constitué d'entretiens compréhensifs et de récits de vie réalisés avec des enseignants de FLE d'origine hongroise, serbe et roumaine travaillant dans diverses structures et appartenant à différentes générations. Grâce à ces deux corpus distincts, il conviendra de comprendre le singulier pluriel des histoires vécues par les enseignants, au regard des traditions dont ils héritent, dans des contextes mis en contraste sur les plans didactiques et sociolinguistiques.