Thèse en cours

La revitalisation du mirandais : une utopie réalisable ? Une étude de linguistique pour le développement

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Auteur / Autrice : Juliana De araujo
Direction : Giovanni Agresti
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage - linguistique
Date : Inscription en doctorat le 22/10/2022
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : Montaigne-Humanités
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches sur la langue basque et l'expression en langue basque

Résumé

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La revitalisation d'une langue ultra-minoritaire soulève plusieurs questions idéologiques : est-ce qu'une telle action est nécessaire ? Est-ce qu'elle est juste ? Ne s'agit-il pas plutôt d'acharnement thérapeutique ? Est-elle l'affaire de scientifiques ou bien de militants ? etc. Ce qui est sûr, c'est qu'elle demande des efforts - y compris économiques - considérables, faisant consensus et durables, ce qui fait qu'elle est souvent perçue comme un horizon utopique. Pourtant, il existe des techniques d'aménagement linguistique (du statut, du corpus, de la transmission) qui ont fait eurs preuves. Par ailleurs, on connaît les conditions spécifiques qui font qu'une utopie devienne « réalisable » (Friedman 1976) — dont la prise de conscience et la participation active de la communauté linguistique en question. Il est indéniable que la revitalisation d'une langue ultra-minoritaire est un travail de rechercheaction, où l'action de et sur le terrain se nourrit et nourrit sans cesse les repères théoriques d'une « science pratique » (Léonard 2018) ou d'une « linguistique pour le développement » (Zouogbo 2022), articulation contemporaine de la sociolinguistique d'intervention qui se donne pour objectif prioritaire la revitalisation des communautés à travers leurs langue et mémoire. Afin d'évaluer les actions de revitalisation du mirandais (ou plutôt, dans les termes de la linguistique pour le développement, de la communauté linguistique mirandophone) et d'en envisager de nouvelles (touchant des domaines comme le tourisme, la culture, l'enseignement et l'économie), la thèse prendra en compte d'abord la complexité écologique de cette langue, à savoir les relations qu'elle entretient avec le territoire portugais où elle est historiquement implantée et où elle est encore pratiquée et par rapport au répertoire linguistique de ce même territoire. Un second volet de la thèse tâchera de répondre proactivement à quelques questions fondamentales : comment (re)donner une légitimité au mirandais et à la communauté qui l'utilise encore dans la vie ordinaire (normalisation linguistique) ? Faute de pouvoir la normaliser (lire : rendre son usage normal et quotidien dans un grand nombre de domaines d'usage), comment assurer la protection et la pérennité du mirandais en tant que langue minorée ? Dans quelle mesure et dans quel sens cette langue possède la capacité de s'ouvrir au monde au-delà de son aspect folklorique ?