Thèse en cours

Compréhension et circulation des « mèmes » sur Internet : économie créative et symbolique dans l'industrialisation numérique

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Auteur / Autrice : Soufyane Chafik
Direction : David Douyere
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Science de l'Information et de la communication
Date : Inscription en doctorat le 21/10/2022
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la Société : Territoires, Économie et Droit (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pratiques et ressources de l’information et des médiations (Tours)

Résumé

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La communication numérique sur les réseaux sociaux est aujourd'hui fortement marquée par les mèmes, unités de sens formées d'image, de texte subissant des variations et de sons, qui circulent de façon réitérée sinon répétitive sur les réseaux pour accompagner le sens, qualifier une position, une idée ou une intention, proposer une pause ludique. Le mème, qui s'inscrit dans le dialogisme ou l'agonistique numérique, fait aujourd'hui partie des « langages » des réseaux sociaux, et commence à être sérieusement investigué en recherche (Shifman, Wiggins ; Wagener, Jost). Protéiforme, le mème est un média remixé, élaboré dans un but comique ou de traduction d'une émotion. Le mème, recyclant des pièces de culture, met typiquement en scène des archétypes sociaux et des expériences partagées ou passibles d'investissement, et des images aisément appréhendables, inscrites culturellement (et générationnellement), situées dans le temps. Né d'un parallèle entre génétique et culture pour Richard Dawkins en 1978, le concept de mème a évolué pour désigner désormais une des formes les plus emblématiques de contenu natif en ligne et un important vecteur de sens et de plaisir numérique. En tant que forme de contenu (re)produit par les utilisateurs (user-generated content), le mème trouve place sur les « plateformes » qui en médient la circulation tout en conditionnant ses formes changeantes. Ainsi, la popularisation de Tiktok, avec son format vidéo court et son algorithme semi-opaque, invite à réexaminer l'écosystème du mème, comme la place encore plus centrale de la figure de l'auteur-créateur (content creator), qui transforme le rapport individu-collectif. L'étude ambitionne ainsi d'éclairer comment le mème se comprend et se réorganise dans une configuration culturelle, discursive et technologique nouvelle. Pour cela, l'étude propose de redéfinir le mème-Internet dans une approche linguistique, historique et médiatique. Dans un second temps, la thèse offre une analyse des processus qui permettent la compréhension d'un mème-Internet. Il s'agit ici de formaliser le fonctionnement d'opérations cognitives et affectives de lecture telles que la représentation du dispositif ou la « relatabilité », rapport d'identification aux contenus. Enfin, une attention particulière sera portée aux mécanismes de l'humour, central dans le mème mais encore sous-étudié. Il s'y agira notamment d'évaluer comment le mème, en tant que pratique du remix (Allard), constitue un prolongement des précédentes ressources d'expression, autant qu'une rupture. La recherche s'appuie sur un corpus de mèmes issus des réseaux sociaux, principalement Instagram et Twitter. Un premier corpus permettra une première vision panoramique et historique, tandis que des corpus spécialisés sont mobilisés pour mettre en lumière des phénomènes spécifiques, telle que la relatabilité dans les mèmes dits de « mise en situation ». L'étude s'oriente vers une approche qualitative et comparative, au sein de leur écosystème natif (Paveau), pour éclairer plus finement le niveau interprétatif et interactionnel. Menée en sciences de l'information et de la communication, la recherche s'inscrit dans une perspective sémio-pragmatique (Odin) et socio-sémiotique intéressée par les modalités des écritures numériques (Souchier, Gomez-Mejia). Il s'agit de comprendre les modalités de production-réception de sens partagé sur Internet. Enfin, cette thèse vise enfin à prolonger les travaux menés au sein du thème 1 de l'UR Prim Fabriques culturelles et communication, particulièrement l'étude des « Circulations numériques et savoirs situés ».