Thèse en cours

Théories musulmanes du signe : La question du sens à travers le ‘ilm al-wad' et la Risāla ʿIṣāmiyya

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Auteur / Autrice : Nicolas Andreucci
Direction : Nejmeddine Khalfallah
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisations
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2022
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIS - Littératures, Imaginaire, Sociétés

Mots clés

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Résumé

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Si la sémantique puis la sémiotique se sont imposées au sein des sciences du langage depuis le milieu du XIXème siècle, ce n'est pas à dire pour cela que la question du signe et de son rapport avec sa signification eût été laissée de côté avant cette date. L'importance du terme 'signe' (āya en arabe) dans le discours coranique fait connaître assez que cette notion n'échappait pas à la civilisation islamique, et ce dès sa naissance. Au fil du temps, avec la composition des plus anciens dictionnaires recensant le lexique arabe des premiers siècles de l'Islam, des théories scientifiques commencent à se faire jour. Elle seront réunies plus tard comme une matière indépendante, qui prendra le nom de ʿilm al-waḍʿ (littéralement : « science de l'imposition » ou de « l'institution »). Au XIVème siècle, ʿAḍud al-dīn al-Īǧī (m. 856/1355), illustre réprésentant du courant théologique ašʿarī, entreprend de résumer les principales sciences islamiques dans plusieurs petits traités, et il ne manque pas d'en consacrer un au ʿilm al-waḍʿ. Ce dernier fera école, comme ses autres opuscules. Maintes fois commenté et discuté, l'ouvrage se répandra dans tout le monde islamique et résume de façon elliptique les grandes théories du signe linguistique de son époque. Nous retracerons dans ce travail l'évolution de ces théories, leurs constantes et leurs variables, et comment cette discipline a pris sa place dans l'économie des savoirs traditionnels de l'islam. De là, nous pourrons examiner comment elles trouvent leurs prolongements dans les domaines morphologique et syntaxique, mais aussi dans les méthodes d'interprétation des textes sacrés à travers l'exégèse (tafsīr), avec ses implications théologiques (relevant du kalām) et juridiques (liées aux « fondements du droit », uṣūl al-fiqh). Parmi les questions fondamentales que cela nous amènera à traiter, celle de l'interprétation des versets dit « ambigus » (mutašābiha), du sens littéral (ḥaqīqa) et du sens figuré (maǧāz), et de l' « inimitabilité du Coran » (iʿǧāz al-Qurʾān). Nous étudierons plus en détails le commentaire de du savant de Samarcande Ibrāhīm b. ʿArabšāh al-Isfarāyīnī, dit ʿIṣām al-dīn (m. 945/1538), épître qui constitue un commentaire de l'ouvrage pédagogique sur le sujet d'al-Īǧī évoqué plus haut. Nous procéderons ainsi à l'édition critique, la traduction et un commentaire détaillé de cet ouvrage majeur de la discipline. D'autre part, nous verrons comment ces théories recoupent, annoncent ou diffèrent des développements modernes de la linguistique, de la sémantique et de la sémiotique. Certaines problématiques de la sémiotique contemporaine sont traitées par la logique formelle traditionnelle (manṭiq), alors qu'elles ont été évacuées par la logique moderne. D'autres relèvent de plein droit du ʿilm al-waḍʿ, bien que cette dernière discipline ait un champ plus restreint que la sémiotique, puisqu'elle ne se concentre que sur la langue arabe.