Thèse en cours

Confiance, comportements de santé et recours aux soins : relations croisées dans les pays développés et en développement

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Auteur / Autrice : Gabin Morillon
Direction : Edmond Baranès
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : MRE - Montpellier Recherche en Economie

Mots clés

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Résumé

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La confiance joue un rôle primordial dans le recours aux soins et l'amélioration de l'état de santé de la population. La confiance des patients à l'égard des professionnels de santé est notamment essentielle à une prise en charge clinique optimale et donc à l'efficacité du système de santé. À cet égard, la littérature a déjà mis en avant des associations entre confiance dans les professionnels de santé et différentes mesures de comportements ou résultats en santé comme l'adhérence au traitement prescrit (Lee et Lin, 2009), l'acceptation vaccinale (Marlow et al., 2007) ou la satisfaction des patients (Platonova et al., 2008). Plusieurs études conduites depuis le début de la pandémie ont également montré l'importance de la confiance dans le respect des mesures de distanciation sociale et de confinement (Brodeur et al., 2021), l'utilisation d'applications numériques de traçage des contacts (Lin et al., 2021) ou la vaccination contre la COVID-19 (Szilagyi et al., 2021). L'efficacité du système de santé dépend également de la confiance des patients et de la population générale dans le système dans son ensemble, y compris dans les acteurs et institutions en charge de l'élaboration des politiques de santé ou de l'organisation et du financement du système de soins (Gille et al., 2015 ; Cope et al., 2022). Une revue de littérature récente sur le rôle de la confiance en santé a pointé le manque d'études concernant les relations de confiance entre patients/praticiens et institutions du système de santé ou entre professionnels de santé (ABIM Foundation, 2021). La recherche sur les facteurs sociaux, individuels et organisationnels à l'origine de la confiance dans le système de santé apparait également sous-développée. Ce projet de thèse s'inscrit dans la problématique générale du lien entre confiance, comportements de santé et recours aux soins et s'articule autour de plusieurs axes et contextes d'études. L'émergence de nouveaux médias, y compris médias sociaux, et l'ère de l'information instantanée contribuent à la polarisation des discours sur les questions scientifiques et médicales et à la diffusion d'informations erronées dans le domaine de la santé. Cette tendance a été confirmée dans le cadre de la pandémie de Covid-19 où la diffusion de fausses informations a été telle que le phénomène a été qualifié d'« infodémie » (Naeem et Bhatti, 2020). Bien que plusieurs études menées dans des pays à revenu élevé aient montré l'importance de la défiance envers les institutions et de la propagation de fausses croyances sur l'adoption de différents comportements de prévention face à la Covid-19 (Coroiu et al., 2020 ; Romer et Jamieson, 2020), la littérature à ce sujet reste peu abondante pour les pays à revenu faible et intermédiaire. Dans ce cadre, le premier axe de la thèse consiste à étudier les liens entre utilisation des médias (dont médias sociaux), croyances conspirationnistes et confiance dans les institutions et leur impact sur les comportements de prévention contre la Covid-19 au Burkina Faso. Cet axe repose sur les données d'une enquête transversale menée dans un échantillon représentatif de la population burkinabé en Juillet 2021. Les relations de médiation et de modération entre confiance, utilisation des médias, croyances conspirationnistes et comportements de prévention conte la Covid-19 pourront être analysées à l'aide de modèles d'équations structurelles. Alors que plusieurs études qualitatives ont mis en avant le rôle de la confiance sur le recours aux soins maternels et infantiles (Mahiti et al., 2015 ; Munabi‐Babigumira et al., 2017) dans les pays en développement, peu d'études se sont intéressées aux déterminants de la confiance des femmes enceintes dans les structures de santé prodiguant ces soins. L'objectif du second axe de la thèse, portant sur un pays à revenu faible ou intermédiaire dont le choix sera opéré pendant la thèse, est donc d'étudier les facteurs (individuels, sociaux et organisationnels) à l'origine de la confiance des femmes en âge de procréer envers les structures de santé primaire et d'analyser comment cette confiance affecte les intentions de recourir ou le recours passé aux soins pré et postnataux dans ces structures. Une enquête transversale sera réalisée auprès d'un échantillon représentatif de femmes en âge de procréer pour recueillir des données sur 1) les intentions de recours et/ou le recours passé aux soins prénataux et postnataux, 2) la confiance dans les structures de santé de premier niveau, la médecine traditionnelle et la médecine moderne et 3) les facteurs individuels (âge, niveau d'éducation, revenu, etc.), sociaux (soutien social, comportements de recours aux soins des pairs) et organisationnels (dotations en personnel et matériel des structures de soins, caractéristiques des praticiens au sein des structures) susceptibles d'influencer le niveau de confiance des femmes envers les structures de soins. Des modèles de régressions multivariées pourront être mobilisés pour étudier les facteurs associés au niveau de confiance des femmes dans les structures de santé primaire et pour mesurer l'effet de cette confiance sur le recours aux soins prénataux et postnataux. La crise de la Covid-19 a été un accélérateur de la diffusion de la e-santé, en particulier des téléconsultations, dans les pays à revenu élevé. En France, le Ministère des Solidarités et de la Santé porte depuis 2019 une stratégie nationale du numérique en santé en cinq orientations. La troisième orientation concerne le déploiement et l'usage des services numériques socles, et notamment du dispositif « Mon Espace Santé » qui inclut une messagerie sécurisée permettant de recevoir des messages et documents de la part des professionnels de santé et intègre une version améliorée du Dossier Médical Partagé pour le stockage et le partage des données de santé entre professionnels de santé. L'acceptabilité, l'appropriation et l'utilisation des outils numériques en santé ; en particulier téléconsultations, « Mon Espace Santé » et Dossier Médical Partagé ; restent des défis majeurs en France à la fois du côté des patients et des professionnels de santé (Jardé et al., 2019 ; Firn et al., 2021). Le troisième axe de la thèse s'attachera à étudier comment la confiance dans les (autres) professionnels de santé, les autorités de santé et les technologies numériques affectent le recours des patients et praticiens à ces trois outils pivots du numérique en santé en France. Une enquête, incluant potentiellement une dimension comparative internationale, sera menée auprès du grand public et de médecins volontaires pour collecter des données sur 1) l'acceptabilité, les intentions d'utilisation et l'historique d‘utilisation des outils numériques en santé ; 2) la confiance dans les (autres) professionnels de santé, les autorités de santé et les technologies numériques et 3) d'autres facteurs susceptibles d'influencer l'utilisation des outils numériques en santé comme les préoccupations relatives à la protection de la vie privée et des données personnelles, la littératie numérique ou les barrières financières à l'acquisition du matériel adéquat (Schreiweis et al., 2019). L'analyse des facteurs associés au recours aux outils de e-santé pourra être réalisée à l'aide de régressions multivariées.