Dimensionnement et pilotage optimal de batteries connectées au réseau moyenne tension pour l'autoconsommation industrielle et la réserve de fréquence primaire.
Auteur / Autrice : | Laurine Ferrando |
Direction : | Raphael Caire |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Génie électrique |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale électronique, électrotechnique, automatique, traitement du signal |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Génie Electrique |
Equipe de recherche : Systèmes et Réseaux électriques |
Mots clés
Résumé
Nos infrastructures d'énergie ont subi, depuis quelques années, de profondes mutations. En effet, le paysage énergétique européen a fortement été bouleversé, à la suite de l'aspiration des citoyens à un développement durable, aux objectifs chiffrés en termes de mitigation du réchauffement climatique et à l'arrivée à maturité d'un certain nombre de technologies de productions renouvelables. L'initiation de cette transition énergétique a, pris racine dans l'ouverture des marchés de l'énergie qui a dopé les investissements dans les nouveaux moyens de production et de consommation des citoyens sur les deux dernières décennies. Cela contribue à un bouleversement majeur sur plusieurs fronts à savoir la révolution dite des 4 D (Décarbonation, Décentralisation, Digitalisation et Démocratisation). Le secteur de l'électricité a été le premier et le plus profondément impacté. En effet, avec des réseaux présents quasiment partout en France et qui dépassent 1,4 million de kilomètres, cette infrastructure a été logiquement sollicitée pour collecter les gisements locaux de ressources renouvelables. D'une manière assez rapide et logique, cette dernière a présenté des limites techniques locales quant à sa capacité de transport bidirectionnel. Nos infrastructures électriques sont le fruit d'une optimisation au long cours qui a conduit à des ouvrages dimensionnés au plus juste en vue initiale d'alimenter des consommateurs terminaux dans un respect de l'accessibilité pour tous, mais aussi de l'investissement collectif et de l'efficacité énergétique. Avec l'avènement des unités de productions décentralisées réparties sur ces brins de réseau, de nouvelles contraintes techniques sont apparues localement : inversions possibles du sens des courants, saturation de la capacité de transport inverse, et avec corollaire des augmentations de tension locale voire des surcharges potentiellement destructrices et donc remettant en cause les règles de conception et gestion de ces réseaux. De plus d'une manière plus globale, l'augmentation conséquente de la part des EnR intermittentes dans le mix électrique, remet en cause les investissements et les dimensionnements dans les moyens de production centralisés, mais avec pour conséquence des incertitudes à terme sur la garantie de l'équilibre permanent de Production/Consommation essentiel à la stabilité de notre système électrique. En 2009-2010, pour limiter l'effet pervers d'aubaine financière créé par le cumul de mécanismes d'encouragement pour l'amorçage du développement des énergies renouvelables (tarif 2006 d'obligations de rachat, crédit d'impôts, et accès quasi gratuit au réseau), le législateur a mis en place un certain nombre de règles de recadrage. Parmi celles-ci, le transfert vers les investisseurs privés des coûts de renforcements ou de création des réseaux les plus impactés par les demandes de raccordement pour des installations EnR simples sans systèmes de lissage et d'écrêtage nécessitant ainsi des réseaux surdimensionnés pour absorber les variations et pointes de productions intermittentes subies et fatales. Ce changement de dogme a induit donc les notions de couplage de ces productions avec des systèmes de stockage, avec le pilotage intelligent de charges en phase avec les périodes de production, puis par effet rebond, l'apparition de notions de services réseaux, de Smartgrid et d'autoconsommations individuelles et collectives. Ainsi l'Allemagne a été la première à s'engager sur la voie de l'autoconsommation individuelle. Le principe est simple : réussir à recorréler spatialement et temporellement les sources et charges locales. L'Allemagne a depuis abandonné cette approche suite à une explosion des coûts pour la société pour se concentrer sur des primes liées au stockage. La France a néanmoins souhaité, au travers d'une réglementation hardie, explorer l'autoconsommation collective, permettant des regroupements de ressources (sources, charges pilotables et stockages) entre plusieurs entités proches géographiquement. Cette règlementation permet de revoir les stratégies de stockage individuelles pour une mutualisation/cohérence des investissements et une meilleure prise en compte des foisonnements locaux bénéfiques dans le dimensionnement global des solutions technologiques. Ce paysage énergétique s'avère donc propice à l'émergence à l'échelle locale de solutions de mutualisation de stockages, à l'instar de la production mutualisée dans les centrales villageoises. En effet, qu'il s'agisse de l'autoconsommation individuelle ou collective, la concentration des investissements dans le stockage ou son externalisation permet une diminution de la part consommation des factures et l'émergence de nouveaux services pour les clients ou pour le système. On peut, ainsi, imaginer un rôle de facilitateur d'échanges locaux d'énergie en asynchrone mais aussi la participation de ce moyen de réglage au règlement des contraintes techniques locales (régulation en puissance pour de la stabilisation de plans de tensions), un mode de secours par ilotage local en cas de défaillance du réseau ou encore à la fourniture de services systèmes à l'échelle régionale ou nationale notamment en prenant compte les effets de foisonnement. Néanmoins de nombreux verrous scientifiques, technologiques et réglementaires persistent et sont présentés plus précisément dans le plan de thèse ci-dessous. C'est ainsi que la startup Wattmen a décidé de s'associer avec le G2Elab pour créer une offre différenciante et technologiquement avancée afin de créer des niveaux de pilotages harmonisés locaux (Power Management System - PMS) et globaux (Energy Management System - EMS) en prenant donc en compte les aspects dimensionnement modulaire, pilotage et mise au point de services aux clients, collectivité et pour le gestionnaire réseau.