Thèse en cours

Assemblage des communautés microbiennes en milieux extrêmes : une étude transcontinentale dans des zones soumises à des émanations d'hydrogène.

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Auteur / Autrice : Antoine Lafont
Direction : Anthony Ranchou-peyruseCyrille Violle
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Physio biologie
Date : Inscription en doctorat le 15/10/2021
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Exactes et leurs Applications
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences analytiques et de Physico-chimie pour l'Environnement et les Matériaux

Mots clés

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Résumé

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Les émanations d'hydrogène ont été décrites sur l'ensemble de la planète, le plus souvent en contextes géologiques intra-cratonique ou ophiolitique pour les systèmes continentaux. Elles restent pour autant étudiées principalement par les géologues, alors que les écologues bénéficieraient beaucoup de l'étude de milieux si contraints. L'écologie et l'évolution en milieux extrêmes (Merino et al. 2019) sont un front de recherche. Il est commun de considérer les extrêmes climatiques comme milieux emblématiques de ces « extrêmes », mais l'étude des milieux caractérisés par des émanations d'hydrogène pourrait s'avérer plus surprenante et prolifique. En effet, l'hydrogène peut être considéré comme une ressource qui va de fait modifier les interactions microbiennes et la composition des communautés microbiennes dans son ensemble. L'hydrogène peut être utilisé par les micro-organismes autotrophes, et est un donneur d'électron hautement énergétique, notamment lorsque cette espèce est associée à du SO42- ou du CO2. Les micro-organismes sont capables de consommer l'hydrogène via des mécanismes comme la méthanogenèse, la sulfato-réduction, l'(homo-)acétogénèse, et de le produire via la fermentation, l'oxydation anaérobie du méthane et la fixation de l'azote. Ces métabolismes peuvent être retrouvés dans de nombreux écosystèmes : terrestres ou aquatiques, de surface ou en profondeur (Ranchou-Peyruse et al., 2019). S'il devient trop abondant, il peut également devenir une contrainte physiologique pour les microorganismes. Enfin, il est impliqué dans l'ensemble des cycles biogéochimiques, notamment dans le cycle du carbone qu'il peut moduler, ce qui, en retour, modifiera, la communauté microbienne. De fait, un tel milieu fermé et extrêmement contraint représente un cas d'école unique pour l'écologie microbienne, et l'écologie des communautés plus généralement. Une étude transcontinentale permettrait de révéler des règles génériques à ces milieux. L'équipe d'accueil a identifié plusieurs sites caractéristiques de ces émanations à travers le monde. Préalablement à la thèse, un échantillonnage en Nouvelle-Calédonie a déjà été réalisé. Des sites au Brésil, en Oman, etc. ont été identifiés. Des campagnes de terrain ciblées sont prévues dans une partie de ces sites. Le.la doctorant.e participera à ces campagnes. Nous ferons également appel à des collaborateurs internationaux pour maximiser le nombre de prélèvements à travers le monde. Le.la doctorant.e aura pour rôle d'organiser ces campagnes, de collecter les échantillons et de caractériser les communautés microbiennes à partir d'approches métagénomiques, métatranscriptomiques et de PCR quantitatives. Les données obtenues seront analysées et discutées à la lumière des données physico-chimiques et des compositions en gaz présents sur les différents sites. Nous ferons appel aux concepts et méthodes de l'écologie des communautés pour révéler les règles d'assemblage qui ont façonné les communautés microbiennes observées. Des analyses de permutation sous R (« modèles nuls ») permettront de mettre en évidence les traits fonctionnels impliqués dans ces processus d'assemblage. Nous réfléchirons à un cadre mécaniste pour prendre en compte les boucles de rétroaction entre l'hydrogène, les communautés microbiennes et les cycles biogéochimiques. Les milieux extrêmes sont aujourd'hui un cas d'école pour l'écologie, comme l'a été la domestication pour l'évolution dans les travaux de Darwin. Nous chercherons à savoir si ces milieux extrêmes accueillent préférentiellement des espèces fonctionnellement rares, une question qui anime l'écologie fonctionnelle aujourd'hui (Violle et al. 2017). Selon l'intérêt du.de la doctorant.e et des premiers résultats, nous envisageons de compléter cette analyse empirique menée à l'échelle continentale par une étude expérimentale dans laquelle l'hydrogène et la composition des communautés microbiennes seraient entièrement contrôlés et suivis au cours du temps. Une telle approche permettrait à la fois de renforcer nos connaissances physiologiques et de consolider les relations causales mises en évidence par l'analyse empirique. Références : Adler, P. B., A. Fajardo, A. R. Kleinhesselink, and N. J. B. Kraft. 2013. Trait-based tests of coexistence mechanisms. Ecology Letters 16:1294–1306. Hubbell, S. P. 2001. The Unified Neutral Theory of Biodiversity and Biogeography. Princeton University Press. Magnabosco, C., Lin, L-H., Dong, H., Bomberg, M., Ghiorse, W., Stan-Lotter, H., Pedersen, K., Kieft, T.L., van Heerden, E. and Onstott, T.C. 2018. The biomass and biodiversity of the continental subsurface. Nature Geoscience 11:707-717. Merino, N., Aronson, H.S., Bojanova, D.P., Feyhl-Buska, J., Wong, M.L., Zhang, S. and Giovannelli, D. 2019. Living at the Extremes: Extremophiles and the Limits of Life in a Planetary Context. Frontiers in Microbiology. 10:780. McGill, B. J., B. Enquist, E. Weiher, and M. Westoby. 2006. Rebuilding community ecology from functional traits. Trends in Ecology & Evolution 21:178–185. Nemergut, D. R., A. Shade, and C. Violle. 2014. When, where and how does microbial community composition matter? Frontiers in Microbiology 5:497. Prosser, J.I. 2015. Dispersing misconceptions and identifying opportunities for the use of 'omics' in soil microbial ecology. Nature Microbiology Reviews 13(7):439-46.