Pour une nouvelle "culture de gouvernement". La Fondation Saint-Simon et la genèse d'un espace des think tanks en France (1982-1999)

For a new "culture of government". The Fondation Saint-Simon and the genesis of a space of think tanks in France (1982-1999)

• Auteur / Autrice : Félix Beziat
• Direction : Antonin Cohen
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Science politique
• Date : Inscription en doctorat le 29/09/2022
• Etablissement(s) : Paris 10
• Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)

Mots clés

Mots clés libres

Sociologie des élites

Réforme

Think tank

Libéralisme

Politiques publiques

Expertise

Sociology of elites

Reform

Think tank

Liberalism

Public policy

Expertise

Résumé

Créée en 1982 et auto-dissoute en 1999, la Fondation Saint-Simon est un objet à la fois central et mal identifié dans le paysage intellectuel français de la fin du XXe siècle. Se présentant elle-même comme le premier exemple de "think tank" français, son objectif est de développer les liens entre différents secteurs professionnels considérés comme complémentaires, mais cloisonnés : universitaires en sciences sociales, dirigeants de grandes entreprises, hauts fonctionnaires, journalistes, syndicalistes. Cette alliance entre élites sectorielles s'exprime dans un nouveau mode d'intervention dans la sphère publique : la "note", format habituellement réservé aux cabinets ministériels visant à attirer l'attention des gouvernants sur certaines questions de société afin de les convaincre d'appliquer des solutions pensées par des spécialistes. Extrêmement médiatisée pendant son existence, et paradoxalement très peu étudiée jusqu'à aujourd'hui, la Fondation Saint-Simon a pu être présentée par ses promoteurs comme la matrice d'une nouvelle culture de la gouvernance à gauche et par ses détracteurs comme une entreprise occulte de conversion du parti socialiste à l'économie de marché. A rebours des discours dénonciateurs ou hagiographiques, cette recherche étudie la Fondation Saint-Simon en s'appuyant sur les archives inédites de l'un de ses anciens présidents, sur des entretiens avec ses protagonistes ainsi que sur une enquête prosopographique. Elle s'interroge ainsi sur les transformations des rapports entre élites différenciées prétendant avoir voix au chapitre en ce qui concerne les politiques publiques. Elle s'intéresse également à l'importation en France de la notion de "think tank", et à son succès à partir des années 1990, comme vecteurs et symptômes d'une redéfinition durable du rôle de l'expertise publique, au sein des partis politiques comme des administrations.

Created in 1982 and self-dissolved in 1999, the Fondation Saint-Simon is an object that is both central and poorly identified in the French intellectual landscape of the late 20th century. Presenting itself as the first example of a French "think tank", its objective was to develop links between complementary but compartmentalized professional sectors: social sciences scholars, large companies top executives, senior civil servants, journalists, and trade unionists. This alliance between sectoral elites is expressed with a new mode of intervention in the public sphere: the "note". Usually restricted to ministerial cabinets, this format aims at drawing the government attention to certain social issues and to convince them to apply solutions elaborated by specialists. Extremely publicized during its existence, and yet paradoxically little studied until today, the Fondation Saint-Simon has been presented by its promoters as the matrix of a new culture of governance on the left. Conversely, its detractors depicted it as a hidden enterprise to convert the socialist party to the market economy. Moving away from the denunciatory or hagiographic discourses, this research studies the Fondation Saint-Simon by relying on the unpublished archives of one of its former presidents, on interviews with its protagonists, and on a prosopographical survey. It examines the changing relationships between differentiated elites claiming to have a voice in public policy. It looks at the "think thank" concept, its importation into France, and its success that started in the 1990s. It also explores their usage as both vector and symptom of a lasting redefinition of the role of public expertise, within political parties and the public administration.