Régulation naturelle des bioagresseurs de grandes cultures par les prédateurs généralistes
Auteur / Autrice : | Paul Bannwart |
Direction : | Sandrine Petit, Antoine Gardarin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie des populations et écologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2022 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Environnements, Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Agroécologie |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) |
Mots clés
Résumé
Le défi auquel fait face l'agriculture est de produire des biens agricoles en quantité et en qualité tout en préservant l'intégrité des écosystèmes. Les systèmes agroécologiques proposent des alternatives intéressantes car ils remettent au cur du processus de production les services écosystémiques rendus par la biodiversité cultivée et sauvage. Parmi ces services, la régulation biologique des bio-agresseurs par leur ennemis naturels (RB) constitue une piste pour réduire la dépendance de l'agriculture aux pesticides et pour faire face aux impasses techniques liées aux résistances croissantes à ces substances. Renforcer la RB nécessite de repenser les systèmes agricoles à différentes échelles, de la parcelle au paysage. Pourtant, si la thématique a reçu une attention majeure ces dernières années, les études disponibles portent souvent sur les effets d'une pratique agricole isolée (et non des systèmes), sont corrélatives (peu d'explicitation des processus écologiques sous-jacents) et généralement basées sur des mesures instantanées (pas d'information sur l'évolution temporelle). De plus, on peut émettre l'hypothèse que l'agencement spatial des systèmes de culture et des infrastructures agroécologiques (IAE) au sein d'une mosaïque agricole va influencer la distribution et les flux d'ennemis naturels, avec de possibles effets de dilution et/ou de concentration des ennemis naturels dans certains systèmes/habitats formant cette mosaïque, variables selon la période de l'année. La prise en compte des pratiques agricoles à des échelles spatiales et temporelles larges semble donc indispensable pour comprendre le fonctionnement des populations/communautés d'ennemis naturels et la RB. L'ambition de cette thèse est de combler plusieurs des manques de connaissances cités plus haut en mobilisant des dispositifs agroécologiques de long-terme. La plateforme expérimentale en agroécologie Inrae CA-SYS près de Dijon évalue sur un bloc de 120 ha différents systèmes de culture agroécologiques ; ces systèmes sont entourés d'un réseau dense d'infrastructures agroécologiques (bandes enherbées et bandes fleuries) et agencés spatialement selon un emboitement d'échelles (Petit et al., 2021). Les ennemis naturels et la RB ont été suivis annuellement depuis 2018, c'est-à-dire juste avant la mise en uvre des systèmes, ce qui permet de documenter les effets de cette transition sur une large période de plusieurs années. La thèse mobilisera également le réseau de parcelles d'agriculteurs SCARABEE établi en 2018 sur lequel sont suivis les ennemis naturels et la RB depuis 2018 sur des couples de parcelles avec ou sans bande fleurie pérenne dans un même contexte pédologique, paysager et avec le même système de culture. Plus spécifiquement, la thèse traitera des communautés de prédateurs généralistes, les carabes et les araignées, qui contribuent largement à la régulation des adventices, pucerons et limaces, des bio-agresseurs qui causent des problèmes sur l'ensemble des cultures présentes au sein de rotations diversifiées. La thèse s'orientera selon trois grands axes. Un premier axe analysera la trajectoire taxonomique et fonctionnelle des communautés de prédateurs sur la base des données déjà acquises sur le dispositif CA-SYS entre 2018 et 2022. Ces trajectoires seront mises en regard avec l'évolution de la RB et de la pression en bioagresseurs sur la même période. La dynamique sur CA-SYS sera comparée à celle de parcelles de référence locales. Un deuxième axe quantifiera l'effet des bandes fleuries dans des systèmes de culture contrastés (notamment avec et sans travail du sol) sur les carabes et les araignées, ainsi que sur la RB des adventices et des pucerons. Cet axe comportera une analyse statistique des effets interactifs entre IAE et système de culture des données déjà acquises sur CA-SYS et SCARABEE. De plus, un dispositif de pièges à émergence sera établi en 2023 sur CA-SYS afin d'identifier les systèmes qui permettent la production d'individus émergents et jouant ainsi le rôle d'habitat source pour les espèces de carabes. Le troisième axe traitera de la complémentarité entre systèmes de cultures à l'échelle de la mosaïque sur CA-SYS. Il est envisagé de mettre en place une expérimentation de marquage-capture-recapture pour cartographier les flux d'individus circulants entre les composantes des systèmes. Les connaissances acquises dans l'axe 2 (émergences) et l'axe 3 (flux) permettront de cerner le fonctionnement des populations sur la mosaïque paysagère et d'appréhender les effets de l'agencement spatial de la mosaïque par simulation.