Causes et conséquences de la violence et de la peur de la violence en Amérique latine
Auteur / Autrice : | Mathieu Bourret soto |
Direction : | Matthieu Clement, Eric Rougier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Inscription en doctorat le 06/10/2022 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Entreprise, économie, société (Talence, Gironde ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : BSE - Bordeaux sciences économiques |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Environ deux milliards d'individus vivent dans des zones touchées par des conflits (Organisation des Nations unies, 2022). C'est dans ce contexte que plusieurs phénomènes contemporains et incontournables font surface et menacent d'exacerber ces conflits : les dérives autoritaires, le réchauffement climatique et l'exposition aux médias. Le premier peut être défini comme le basculement progressif d'un régime démocratique à une autocratie. Depuis 1994, on parle aussi de troisième vague d'autocratisation (Boese, Lindberg et Lührmann, 2021 ; Lührmann et Lindberg, 2019), avec de nombreuses conséquences sociales (Bautista et al., 2022) et économiques (Aidt et Gassebner, 2010). En Amérique latine, le Brésil et le Nicaragua font partie des dix pays avec la plus forte dédémocratisation (Maerz et al., 2020). Le réchauffement climatique, un des enjeux les plus importants de notre siècle, affecte et affectera de plus en plus violemment et fréquemment notre société (IPCC, 2022). L'Amérique du Sud a vu apparaître de nombreux conflits liés aux ressources naturelles depuis 2010, que ce soit pour l'eau, les forêts, les sols ou bien les ressources halieutiques (Santelices Spikin et Rojas Hernández, 2016 ; Sauer, 2018). Les conflits autour de la forêt Amazonienne, tout comme les conflits sociaux autour de la défense de l'environnement au Pérou en sont une parfaite illustration. Enfin, l'exposition aux médias s'est accrue au cours des dernières décennies, notamment à travers les réseaux sociaux, avec presque deux fois plus d'utilisateurs en cinq ans (2.73 milliards en 2017 pour 4.59 milliards en 2022, Statista, 2022). Les médias jouent un rôle important en affectant les croyances (Shehata et al., 2021), les conflits (Zeitzoff, 2017) ou la peur (Intravia et al., 2017). Les conflits ne sont que la partie la plus visible de la violence. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la violence comme « l'utilisation intentionnelle de la force ou de la puissance physique, qu'elle soit sous forme de menace ou réelle, contre soi-même, contre une autre personne ou contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou a de fortes chances d'entraîner une blessure, la mort, des dommages psychologiques, un mauvais développement ou une privation ». Les violences ne touchent qu'une partie de la population et sont des phénomènes palpables (mesurables en termes de victimes) ; à l'inverse, la peur de cette violence peut impacter toute une communauté, sans pour autant pouvoir physiquement l'identifier. En 1995, Ferraro définit la peur de la violence comme « une réaction émotionnelle de crainte ou d'anxiété face à un crime ou à des symboles qu'une personne associe au crime ». Cependant, il existe toute une littérature sur le paradoxe de la victimisation, qui tend à indiquer que la peur de la violence n'est pas nécessairement liée à la violence (Lindquist et Duke, 1982 ; Stafford et Galle, 1984 ; da Silva et Beato Filho, 2013). C'est la raison pour laquelle cette thèse traite séparement la violence et la peur de la violence. La thèse s'inscrit dans une démarche d'économie appliquée, tout en relevant un défi majeur : celui de l'endogénéité. Les diverses analyses quantitatives qui seront menées permettront de s'approcher au mieux de relations causales, et donc de limiter l'effet de causalité inverse. Cette thèse, principalement en économie du développement, adopte également un cadre pluri-disciplinaire en abordant notamment l'économie du crime, l'économie du changement climatique ou la sociologie. Trois sections ont été identifiées : la première vise à analyser les conséquences de long terme de la violence sur les croyances et les préférences, à travers l'analyse de régimes autocratiques et de leurs impacts socioéconomiques. La deuxième souhaite étudier l'exposition aux médias, confiance et opinions politiques au Salvado, et plus particulièrement le rôle médiateur de la peur de la violence. Enfin, le troisième axe souhaite s'atteler à la compréhension de la relation entre le réchauffement climatique, le développement économique et les conflits, pour le cas de la Colombie.