Thèse en cours

Accélération d'électrons par interaction laser-plasma et effets biologiques des très forts débits de dose

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Auteur / Autrice : Camilla Giaccaglia
Direction : Alessandro FlaccoCharles Fouillade
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Physique
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Optique Appliquée
Equipe de recherche : APPLI

Mots clés

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Résumé

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L'accélération d'électrons par laser [1], [2] se produit dans l'onde de sillage excitée par la propagation d'une impulsion laser courte (t < 1 ps) à intensité relativiste (I > 1018 W/cm²) dans un plasma à densité sous-critique. Des champs électriques de l'ordre du GV/m sont associé à cette onde, ce qui permet le piegeage et l'accélération d'électrons à plusieurs 100s de MeV sur des longueurs millimétriques. La dynamique d'une telle source repose sur l'interaction entre l'impulsion laser très courte à intensité relativiste et la structure du gaz et puis du plasma, ce qui permet une très grande versatilité à la source en termes de charge, de durée et d'énergie. Un chemin pouvant aller jusqu'à 1 GeV a ainsi été récemment démontré. L'intérêt majeur d'application médicale des électrons accélérés par laser (LAE: laser-accelerated electrons) est dans le développement des radiothérapies avec des électrons à haute énergie (VHEE). Ces particules, à présent peu utilisés en milieu médicale, pourraient montrer une toxicité inférieure aux thérapies par photons [3] toute en se basant sur des infrastructures plus légères que celles nécessaires aux thérapies par protons. En ce qui concerne les électrons accélérées par laser, par conséquence aux très forts gradients accélérateurs et à leur structure temporelle (rayonnement ultra court, débits de dose très élevés et émission cadencée) des questions d'ordre fondamentale sont actuellement ouvertes par la chimie sous rayonnement et la radiobiologie, notamment pour l'étude des aspects fondamentaux de la toxicité des ces rayonnements sur le vivant. La structure temporelle des particules accélérées par laser, nommé « fractionnement rapide » a un effet sur cette toxicité, comme récemment démontré avec des protons [4]. Des expériences menées au début des années 2000 [5] avec un accélérateur conventionnel ont montré en effet une variabilité de la toxicité des rayonnements ionisants sur le vivant selon son profil temporel, ce qui a ouvert la voie au protocoles de radiothérapie dits « FLASH » [6]–[8], protocoles expérimentales visant la réduction des effets néfaste du rayonnement ionisants lors d'une radiothérapie, en délivrant la dose thérapeutique dans un temps très court avec un débit de dose élevé. Dans l'effet FLASH le débit de dose élevé et la réduction du temps d'irradiation en dessous de la seconde semblent jouer un rôle prépondérant, en réduisant la toxicité sur les tissus sains. Cette évidence ouvre des perspectives pour la mise au point de traitements antitumoraux de nouvelle génération, plus efficaces et moins invasifs. Cette thèse s'inscrit dans un projet transdisciplinaire entre le LOA et l'Institut Curie. Le but ultime de la thèse est réaliser un accélérateur laser-plasma pertinent pour la recherche en radiobiologie (énergie, charge, stabilité), d'explorer la toxicité biologique des VHEE en modalité de fractionnement rapide et d'en déterminer l'intérêt pour des applications médicales. Une telle évidence devra être démontrée en comparaison avec des irradiation conventionnelles et en utilisant de modèles ex-vivo qui ont montré une sensibilité aux débit de dose, notamment en condition FLASH. L'accélérateur à électron sera réalisé au LOA en collaboration avec les équipes de support technique et numérique. Trois des installations laser du laboratoire sont pertinentes et complémentaire pour la réalisation de ce projet, en termes de cadence et énergie. Les paramètres d'interaction laser-plasma, du transport et diagnostique des électrons et de caractérisation dosimétriques seront étudiées afin de déterminer les conditions les plus prometteuses. L'exploration du rôle du profil temporel du rayonnement ionisant sera menée en étroite collaboration avec l'Institut Curie par irradiation in-vitro (culture cellulaire) et de modèles ex-vivo (coupes de poumon de souris). Préparées dans le laboratoire de biologie, les coupes de poumon seront irradiés et le nombre de cellules capables de se diviser dans les premières 24 heures sera quantifié. Cette analyse des cellules en division permettra d'estimer et de comparer la toxicité de différents types de rayonnement utilisés. Nous pourrons ainsi sélectionner les paramètres des faisceaux d'électrons à très haut débit de dose permettant une meilleure épargne des tissus sains. Ce travail de thèse contribuera à la compréhension des effets biologiques de ces nouvelles modalités d'irradiation, ouvrant la porte vers de potentielles applications cliniques. [1] V. Malka, “Electron Acceleration by a Wake Field Forced by an Intense Ultrashort Laser Pulse,” Science, vol. 298, no. 5598, pp. 1596-1600, Nov. 2002, doi: 10.1126/science.1076782. [2] J. Faure et al., “A laser-plasma accelerator producing monoenergetic electron beams,'' Nature, vol. 431, no. 7008, p. 541, 2004. [3] T. Fuchs et al., “Treatment planning for laser-accelerated very-high energy electrons,'' Physics in Medicine & Biology, vol. 54, no. 11, pp. 3315-3328, 2009. [4] E. Bayart et al., “Fast dose fractionation using ultra-short laser accelerated proton pulses can increase cancer cell mortality, which relies on functional PARP1 protein,” Scientific Reports, vol. 9, no. 1, Dec. 2019, doi: 10.1038/s41598-019-46512-1. [5] V. Favaudon, Tourbez, H, Giocanti, N, Fernet, M, Deniaud-Alexandre, E, and P. Le Péchoux, C V., “Hyperfast, early cell response to ionizing radiation,” Int J Radiat Biol, vol. 76, no. 9, pp. 1233-43, Sep. 2000. [6] P. Montay-Gruel et al., “Irradiation in a flash: Unique sparing of memory in mice after whole brain irradiation with dose rates above 100 Gy/s,” Radiotherapy and Oncology, vol. 124, no. 3, pp. 365-369, Sep. 2017, doi: 10.1016/j.radonc.2017.05.003. [7] M.-C. Vozenin et al., “The Advantage of FLASH Radiotherapy Confirmed in Mini-pig and Cat-cancer Patients,'' Clinical Cancer Research, vol. 25, no. 1, pp. 35-42, Jan. 2019, doi: 10.1158/1078-0432.CCR-17-3375. [8] J. Bourhis et al., “Treatment of a first patient with FLASH-radiotherapy,'' Radiotherapy and Oncology, Jul. 2019, doi: 10.1016/j.radonc.2019.06.019.