L'influence des relations fraternelles sur la construction identitaire des adolescents placés dans une institution.
Auteur / Autrice : | Jennifer Carrere |
Direction : | Roely-Ida Lyda Lannegrand-Willems |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 28/09/2022 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de psychologie (Bordeaux) |
Equipe de recherche : Construction des personnes en contextes |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La construction identitaire est une tâche centrale de l'adolescence (Erikson, 1972). Cette tâche peut être plus difficile à réaliser lorsque les adolescents sont amenés à vivre dans plusieurs environnements contrastés. C'est le cas de ceux qui sont confrontés à des contextes de crises familiales graves, et grandissent dans un contexte de placement familial, en institution. Soumis à de multiples références identificatoires, à un âge où ils commencent à s'ouvrir et à se construire également à l'extérieur notamment auprès de leurs pairs (Claès, 2003 ; Coslin, 2006), pouvoir effectuer une synthèse des caractéristiques de leur modèle familial, et des substituts familiaux que représentent les professionnels de l'institution, risque d'être un défi difficile à réaliser. Cornalba (2014) décrit un « choc des cultures » indépendamment de toute référence ethnique ou géographique, entre la famille biologique de l'adolescent qui produit sa propre culture, édicte ses règles, a son propre référentiel et l'institution, qui a elle aussi ses propres codes et son propre référentiel. Nous allons chercher à comprendre comment l'adolescent placé dans une institution se positionne entre ses différentes « cultures » et comment il se construit : à quel groupe se sent-il appartenir ? Sa famille d'origine ? L'institution ? Les deux ? Aucune des deux ? Parmi les influences de la famille d'origine pouvant participer à la construction identitaire de l'adolescent placé, notre attention va se porter tout particulièrement sur les frères et surs, qui ont un rôle important et sont également placés (Daure, 2021 ; 2019). Les relations fraternelles sont encore trop peu étudiées, surtout en France, alors que les structures familiales se modifient et se réorganisent depuis une trentaine d'années (Djo, 2013 ; Scelles, 2006). Le centre de gravité des fratries n'est plus nécessairement le couple parental, et la fratrie peut faire figure de ce qui fait repère pour l'enfant, lorsqu'on ne dit pas que ce groupe pallie les défaillances parentales (Scelles, 2006). Ainsi, le frère ou la sur serait progressivement perçu(e) telle une figure d'attachement significative dès l'enfance, et serait considéré(e) comme un(e) partenaire essentiel(le) dans les identifications du sujet, insuffisamment pris en compte (Edwards, Hafield, Lucey, & Mauthner, 2006 ; Ganem, 2017). L'identité du sujet se constitue avant tout dans la comparaison et la différenciation avec son entourage proche. Selon certains auteurs (Dunn & Plomin, 1990 ; Widmer, 1999), le mode de construction privilégié des membres de la fratrie entre eux est la différenciation. Il s'agit de comprendre si c'est également le cas pour les adolescents placés avec leur fratrie, qui ont chacun la particularité de se trouver à l'interface de deux environnements de vie. Se choisissent-ils davantage comme source identificatoire, point de référence du fait de l'absence de leurs parents au quotidien, et d'un investissement parfois plus complexe vis-à-vis des professionnels qui les accompagnent ? Existe-t-il des caractéristiques communes plus marquées chez les frères et surs placés ensemble ou cherchent-ils à se différencier comme dans la plupart des fratries typiques ? Quelle est la qualité de leur lien : positive ou négative ? Examiner comment se forme l'identité d'adolescents placés en institution à partir des travaux sur l'identité sociale de Zavalloni et Louis-Guérin (1984) ainsi que le rôle joué par la relation fraternelle nous donnera un éclairage précieux sur leur développement psychosocial.