Thèse en cours

Matière Active à l'échelle nanométrique

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Auteur / Autrice : Yoann De figueiredo
Direction : Jean-Pierre Delville
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Lasers, Matière et Nanosciences
Date : Inscription en doctorat le 28/09/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences physiques et de l’ingénieur (Talence, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Ondes et Matière d'Aquitaine
Equipe de recherche : Matière molle et biophysique

Résumé

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La Matière Active est composée de briques élémentaires qui consomment de l'énergie pour interagir collectivement. Un exemple typique est donné par les organismes biologiques : les cellules convertissent de l'énergie par le biais de nanomoteurs, ce qui permet leur assemblage en structures hiérarchiques complexes [Needleman et al, Nature Reviews Materials, 2017]. D'une manière générale, comprendre comment des processus ayant lieu à faible échelle peuvent générer une action robuste à des échelles bien plus grande est une question centrale en physique et biologie. En ce sens, des travaux récents ont démontré la capacité de particules colloïdales actives de reproduire des comportements émergents analogues aux organismes vivants, comme des mouvements de foule. Cependant, les études ont été focalisées sur l'utilisation de colloïdes micrométriques [Aubret et al., Nature Physics 2018 ; Aubret et al., Curr. Op. Coll. & Int. Sci. 2017], n'ayant pas de capacité d'adaptation fonctionnelle ou morphologique, et limitant ainsi la gamme de comportements dynamiques accessibles à plus grand échelle. Dans ce contexte, le but de cette thèse est d'étudier les possibilités offertes par une réduction des briques élémentaires de matière active à l'échelle nanométrique. Plus spécifiquement, nous étudierons la dynamique hors-équilibre de nanoparticules autopropulsées (20 – 200 nm), pour la création de microstructures fonctionnelles (5 – 100 um). Le principal avantage offert par l'utilisation de nanoparticules est l'augmentation significative de la complexité par unité de volume qui peut être atteinte, avec des ensembles statistiques dans des volumes micrométriques. Du fait de leur petite taille, les nanoparticules ne sédimentent que très peu et ont ainsi le potentiel de s'auto-organiser en 3D en étant hors-équilibre. De fait, elles forment des nanomoteurs - générant des forces à petite échelle – capables de diriger collectivement des structures plus grandes [Vutukuri et al., Nature 2020], d'une manière analogue au fonctionnement des cellules biologiques. Dans ce projet nous étudierons donc la physique de la matière active à l'échelle nanométrique, à la fois aux échelles individuelle et collective, avec un intérêt particulier pour les propriétés statistiques hors-équilibre d'un tel fluide actif [Takatori et al., PRL 2014]. Il s'agit d'un projet expérimental et interdisciplinaire, impliquant des concepts de matière active, d'optofluidique, nano-optique, et physique statistique (hors-équilibre). Afin d'étudier la dynamique de nano-objets en dépit de leur faible taille, nous utiliserons la lumière pour les activer, les sonder, et les contrôler. Nous utiliserons en particulier des techniques de corrélation optique et d'analyse statistique, couplées à de l'imagerie rapide [Wang & Mallouk, ACS Nano 2021]. Le projet implique également des collaborations locales avec des acteurs de l'ICMCB pour la synthèse de nanoparticules [Bai et al., ACS Nano 2021], et du LOMA pour les aspects théoriques. Les objectifs de cette thèse sont de : i) Développer un fluide actif à l'échelle nanométrique à base de nanoparticules autopropulsées et activées par la lumière, afin d'étudier sa dynamique. ii) Implémenter des outils optiques pour contrôler et analyser la dynamique des nanoparticules sur des échelles spatiotemporelles courtes et en échantillons denses. iii) Intégrer ensuite le fluide actif dans des structures micrométriques, afin d'étudier l'effet d'efforts actifs sur la forme des structures, et inversement. D'une manière générale, ce projet résultera sur des expériences nouvelles et fondatrices en matière active, en étudiant les effets de changements de dimension – du 2D à 3D - et de réduction d'échelle, et en cherchant fondamentalement à comprendre comment des nanomoteurs artificiels peuvent coopérer pour générer une action robuste à plus grande échelle.