Thèse en cours

L'Archéologie du Visible : Anthropologisation de la description phénoménologique à l'aune des sciences cognitives

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Auteur / Autrice : Simon Tardif
Direction : Christian SommerSophie-Jan Arrien
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université Laval
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale École transdisciplinaire Lettres/Sciences
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pays germaniques Transfert culturels et Archive Husserl
établissement opérateur d'inscription : Ecole normale supérieure

Résumé

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Durant les dernières années, peut-être en particulier depuis la traduction française de Beschreibung des Menschens en 2011, on a connu de manière accrue en France et partout en Europe une réactualisation de la vieille relation problématique entre phénoménologie et anthropologie. À cet égard, la recherche récente s'est articulée autour de ce que Blumenberg et d'autres nommèrent jadis l'« interdit anthropologique », c'est-à-dire l'interdiction de réduire la conscience ou le Dasein, tels que décrits phénoménologiquement, à leurs contingences anthropologiques. Ce faisant, un corpus s'est trouvé comme réouvert, annonçant la relecture critique des tenants de cette constellation philosophique qu'on désigne encore aujourd'hui sous le terme « anthropologie philosophique ». Elle-même agencée et arrangée en fonction d'un thème directeur, la description de l'humain, cette constellation, selon les critères de classification en usage, fait habituellement référence à une myriade d'auteurs germanophones, par exemple Alsberg, Cassirer, Gehlen, Plessner, Scheler et d'autres. Plus récemment, dans les travaux notamment de Anders, Blumenberg, Jonas, Otto, Schürmann et Taylor, certains ont vu la continuation ou encore le prolongement de cette constellation, cette fois-ci articulée dans un rapport critique considérablement décalé de la phénoménologie, au confluant d'autres traditions, comme l'herméneutique, la philosophie de l'esprit, ou bien le structuralisme. Dans tous les cas, nonobstant les différences entre chacun de ces auteurs, tous prétendaient s'enfoncer sous les draps bien pliés de la description phénoménologique, employant à leur compte tout un ensemble de faits et d'enquêtes empiriques, de façon à rendre visible et surtout à anthropologiser cet « en-dessous » de la description, ce lieu des contingences anthropologiques. Pour autant, considérant la crevasse historique grandissant entre eux et nous, il convient de remarquer que leurs efforts restent bien souvent circonscrits à des positivités parfois nuancées, relativisées, ou encore dépassées depuis lors. Pour nous aujourd'hui, que voudrait dire « anthropologiser » la description phénoménologique, comment pourrait-on configurer la réactualisation de son geste critique ? À bien des égards, on trouve dans les « sciences cognitives » d'heureuses candidates, plus particulièrement dans leur spécification anthropologique et archéologique. En leur sein, c'est en effet toute la description et la définition de l'humain qu'on défriche, fort d'instruments inédits, d'une conceptualité mieux articulée, et surtout de questions et de problèmes plantés en des termes nouveaux. Réactualisant l'anthropologisation de la description phénoménologique à l'aune des sciences cognitives, notre recherche se propose de suivre ce que nous voudrions appeler la « voie cognitive » de l'anthropologisation. Par celle-ci, nous entendons examiner et analyser l'ancrage historique, matériel et cognitif à partir duquel la description phénoménologique trouverait sa condition d'existence. Plus particulièrement, notre travail consiste d'abord à problématiser les prérequis cognitifs supposés lorsque la description phénoménologique est effectuée selon les règles et les principes de la phénoménologie réflexive ou herméneutique (Husserl, Heidegger), et ensuite à considérer par ailleurs les soubassements cognitifs de ce qui est effectivement visé et contenu en celle-ci.