Etude des troubles de la Cognition Sociale associés au Syndrome d'Apnées-hypopnées obstructives du Sommeil : approche multidisciplinaire et transnosographique
Auteur / Autrice : | Apolline Durtette |
Direction : | Fabien Gierski |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie et ergonomie |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2022 |
Etablissement(s) : | Reims |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales (Reims ; 2012-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : (C2S) - Laboratoire de psychologie Cognition Santé Socialisation |
Mots clés
Résumé
Le syndrome d'apnées-hypopnées obstructif du sommeil (SAOS) est un trouble de la respiration dont la prévalence est estimée autour de 16%, selon les données de la cohorte française Constances (Balagny et al., 2020). Associé à diverses complications somatiques (cardiovasculaire, diabète ), ce syndrome est également associé à une somnolence diurne excessive et une atteinte des fonctions cognitives : mémoire, attention et fonctions exécutives (Caporale et al., 2021). Toutefois, l'étendue de ces atteintes cognitives est encore mal identifiée. En particulier, l'étude de la cognition sociale a fait l'objet de très peu d'investigation dans ce syndrome (une seule étude à notre connaissance, Macchitella et al., 2021). La cognition sociale, réfère selon Frith (2008) à l'ensemble des processus contribuant à la perception et à la compréhension de l'environnement social ainsi qu'aux interactions sociales. La cognition sociale revêt un caractère important dans la bonne adaptation des individus à leur environnement, dans leur relations interpersonnelles et par conséquence dans leur qualité de vie (voir par exemple : Fett et al., 2011 ; Gautier et al., 2021 ; Gürsoy et al., 2021). Cette facette de la cognition apparaît particulièrement dépendante des processus exécutifs (Wade et al., 2018) et pourrait donc par conséquent être également altérée dans le SAOS. Ce projet vise donc à examiner l'intégrité de la cognition sociale chez les patients présentant un SAOS. De façon secondaire, nous étudierons également si certains troubles des fonctions exécutives déjà identifiés chez ces patients sont associés aux atteintes de la cognition sociale. A cet effet, un ensemble de patients suivis dans le service de pneumologie du CHU de Reims sera contacté pour réaliser une évaluation neuropsychologique portant sur la cognition sociale et les fonctions exécutives. Leur performance sera comparée à un groupe témoin apparié en âge, sexe et niveau d'étude. Dans la mesure où le traitement de référence dans le SAOS est la mise en place d'une ventilation par pression positive continue (PPC) nocturne. Nous effectuerons un retest des deux groupes à 3 mois afin de voir si la performance des patients souffrant d'un SAOS a été améliorée par la prise en charge. Il sera également intéressant d'objectiver les possibilités de récupération cognitive au regard de la sévérité du trouble et du degré de compliance au dispositif de PPC (% d'heures de sommeil avec le dispositif). Une seconde étude s'intéressera au SAOS comme facteur modérateur de la performance dans les tests cognitifs de patients suivis pour d'autres pathologies. En effet, il a été mis en évidence que le SAOS était particulièrement fréquent dans différentes pathologies : patients présentant un syndrome dépressif (35% ; Ishman et al., 201), obèses (77% des patients ; Sareli et al., 2011) et patients présentant un trouble d'usage de substance tel que l'alcool (odd-ratio = 2 ; Burgos-Sanchez et al, 2020). Or, les données de la littérature retrouvent de façon assez systématique des troubles de la cognition sociale chez ces patients (Bora & Berk, 2016 ; Tonelli & Siqueira Rotenberg, 2021 ; Schmid et al., 2021, respectivement). De plus, ces troubles de cognition sociale apparaissent comme des prédicteurs importants de la bonne évolution de ces pathologies (voir par exemple : Rupp et al., 2017). Ainsi, objectiver le rôle modérateur du SAOS sur les troubles cognitifs de ces patients permettra d'alerter les cliniciens et contribuera à améliorer la prise en charge de ces pathologies complexes. Le financement de ce projet permettra la mise en uvre de ces deux études et permettra au doctorant ou à la doctorante de rédiger, sous supervision, les dossiers d'autorisation de recherche clinique (dossier CPP et CNIL), d'appliquer la méthodologie envisagée auprès des patients des différents services cliniques en relation étroite avec les médecins responsables des unités et le responsable de la thèse. Les frais de fonctionnement relatifs à la mise en uvre de ces études devraient être minimes et se limiteront aux frais administratifs habituels (promotion d'étude, impression des cahiers de passation). Ces frais pourront être réduits par l'ajout d'objectifs ancillaires aux études déjà financées par les équipes (ex : protocoles IRM-SAS et OBEMO). Un partenariat avec un fabricant d'appareil de PPC et/ou d'oxymètre pourra également être envisagé. Ce travail de thèse a pour objectif de caractériser l'atteinte de la cognition sociale chez les patients présentant un syndrome d'apnées-hypopnées obstructif du sommeil (SAOS). Plus particulièrement, il s'intéressera à l'impact de ce syndrome sur deux domaines de la cognition sociale : la reconnaissance des émotions et la théorie de l'esprit. Différentes variable démographiques, cliniques et cognitives seront prises en considération telles que l'âge, le niveau d'étude, la sévérité du SAOS (index AHI et échelle de somnolence), les symptômes thymiques (anxiété, dépression), les autres capacités cognitives (efficience intellectuelle, ralentissement psychomoteur, fonctions exécutives), mais aussi les relations interpersonnelles et la qualité de vie. Une attention particulière sera portée aux fonctions exécutives et au ralentissement psychomoteur dans leurs liens avec les atteintes observées. Le traitement de référence dans le SAOS étant basé sur la mise en place d'un dispositif de ventilation par pression positive continue (PPC), une évaluation du bénéfice de ce traitement à 3 mois sur les fonctions cognitives sera réalisée. Cette évaluation permettra de déterminer si l'amélioration des atteintes de la cognition sociales s'accompagne d'une amélioration des relations interpersonnelles et de la qualité de vie. Un second volet de ce travail portera sur une analyse de transnosographique de l'impact du SAOS. Dans ce cadre, des études cliniques réalisées auprès de patients pour lesquels la prévalence du SAOS est élevée seront mises en place (patients souffrant d'obésité, patients souffrant de trouble d'usage d'alcool, patients souffrant de dépression). Ces groupes de patients seront stratifiés en deux sous-groupes selon la présence ou non d'une comorbidité de SAOS et leur performance dans les tâches de cognition sociale sera comparée. Ce volet devrait permettre de mettre en évidence le rôle modérateur du SAOS dans atteintes de la cognition sociale de ces patients. Nous faisons également l'hypothèse que les patients ayant une comorbidité de SAOS auront de plus grand troubles interpersonnels et une plus faible qualité de vie. La diffusion des résultats de ce travail permettra d'alerter les cliniciens sur les conséquences de cette comorbidité et sur l'importance du dépistage de ce trouble. Les données de la littérature suggérant que 70 % des personnes souffrant de SAOS ne sont pas diagnostiqués et donc non pris en charge.